La réputation des hôpitaux de Touba et Mbacké n'était déjà pas bonne, qu'elle vient de subir encore un sacré coup avec cette nouvelle affaire. Incapable de soigner un malade, le centre de santé de Mbacké le jette dans la rue.
C'est un monsieur agonisant et complètement meurtri par sa maladie que nous avons trouvé vendredi matin, entre les demeures de serigne Saliou et serigne Mbacké Madina. Le corps complètement métamorphosé par une grave enflure, qui ne lui permet que de débiter quelques mots à peine audibles. Eh bien, cet homme là a été contraint de vider les locaux du centre de santé de Mbacké, et l'ambulance immatriculée AD10941 s'est chargée de le transférer vers son nouveau lieu « d'internement », qui n'est nulle part ailleurs que la rue. Les faits se déroulent à 10 heures et 15 minutes précises. Le véhicule s'est garé quelques secondes, juste le temps que celui qui était derrière appuie sur la civière ; et le patient mal en point de s'écrouler par terre.
Mal leur en a pris, car au moment de partir, le chauffeur de l'ambulance et son accompagnant seront appréhendés par la foule qui filmait la scène, et qui commençait déjà à se masser tout au tour de la victime. Quelques échanges verbaux, la tension commence à monter d'un cran, cette foule en furie voulant "corriger" ces malheureux déménageurs de malades. Car selon elle, l'explication qui leur a été servie est peu convaincante : l'hôpital n'étant plus en mesure de s'occuper de cet hôte devenu subitement encombrant. Sur ces entrefaites, les deux "complices" démarrent en trombe, laissant derrière eux des gens qui n'en revenaient toujours pas de ce qu'ils venaient de vivre. Aussitôt, des âmes généreuses ont commencé à manipuler les touches de leurs portables pour alerter les sapeurs-pompiers. En vain. La ligne ne fonctionne pas. Finalement, c'est le district médical de Ndamatou qui répondra aux appels au secours, en dépêchant sur les lieux une ambulance. Aux dernières nouvelles, le médecin-chef de l'hôpital, le Dr Sourang nous apprend que le monsieur, la trentaine bien sonnée, a été évacué à l'hôpital Heinrich Lubke de Diourbel, puis à l'hôpital « dalal xél » de Fatick. Les coupables de ce forfait, eux, courent toujours. Jusqu'à quand ? En tout cas, des questions se posent ; à savoir, qui a donné l'ordre d'expulser ce malade, tout en sachant que la rue serait un mouroir idéal pour lui ? Que serait-il devenu si nul n'avait assisté à son « enterrement » ? La population, elle, demande à l'état de sévir avant que cette méthode ne devienne monnaie courante dans ces hôpitaux en manque d'éthique et de moralité.
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