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LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION A L’EPREUVE DE L’HIVERNAGE : Quand la pluie fait ranger les truelles

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LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION A L’EPREUVE DE L’HIVERNAGE : Quand la pluie fait ranger les truelles
L’hivernage a fini de prendre ses aises dans tout le pays. À Dakar, il pleut, depuis un certain temps, des cordes. De sorte qu’une certaine appréhension s’est installée chez la plupart des habitants de la capitale et de sa banlieue. Parmi cette frange, les maçons semblent les plus lésés. Eux qui voient leur travail dépendre, pour beaucoup, des humeurs du ciel. Et quand il ouvre ses vannes, le goût devient moins prononcé pour la construction. Et pour cause ! Les ruelles de la Médina, d’habitude si grouillantes de monde, apparaissent étrangement calmes, en cette fin de matinée du mercredi. La raison de ce vide est que la pluie a conquis, depuis les premières heures de la journée, le quartier et ses alentours. Du mieux qu’ils peuvent, les rares personnes qui affrontent la loi du ciel évitent les fines gouttes de pluie par divers subterfuges. Certains rasent les murs, d’autres préfèrent le parapluie. Mais de tous, ce sont les maçons qui remportent la palme de l’originalité. Chez eux, ce sont en effet les sacs de ciment ayant déjà servi qui jouent le rôle de bonnet “anti-pluie”. Artistiquement conçus, ces chapeaux en papier sont fièrement posés sur les têtes de ces maçons aux visages blanchâtres ternis par le ciment et le sable. Ce n’est pas par effet de mode, mais plutôt une nécessité devant la pluie qui bouleverse ainsi jusqu’à leurs habitudes élémentaires. «Nous sommes obligés de nous protéger la tête, car les gouttelettes sont réputées plus dangereuses pour la santé» se justifie Lamine Cissé, devant un tas de sable marin qu’il il est chargé de faire monter en haut de l’immeuble à trois étages, encore en chantier. Son collègue qui s’affaire à mélanger sable, eau, et ciment, avant d’acheminer la mixture à l’aide d’une brouette au deuxième étage de l’immeuble, se plaint sans cesse du début de l’hivernage.

La paresse et les retards s’y invitent

La raison de ses lamentations, il la donne avant même que la demande ne lui soit faite : «Une fois que les pluies commencent à tomber, notre travail est ralenti, les gens deviennent plus paresseux, en plus avec l’eau, les matériaux deviennent plus lourds à porter.» Dans une autre bâtisse en finition, la pluie a tout simplement reporté le début des travaux de peinture. «Les peintres devaient commencer aujourd’hui, mais ils ne sont pas venus, et même s’ils étaient là, je doute qu’ils ne pourraient commencer avec cette pluie», explique le propriétaire trouvé sur les lieux. Il justifie sa présence «par souci de vérifier l’état d’avancement car le chantier a connu un petit retard, qui risque malheureusement de s’agrandir avec la saison des pluies qui approche.» À la Gueule Tapée, Cheikh Mané, chef de chantier d’un immeuble en construction, se plaint surtout du fait que ses ouvriers trouvent très facilement le moyen de s’absenter en cette période. «Hier, ils étaient près d’une douzaine, aujourd’hui, ils sont moins de cinq ! On ne peut pas leur en vouloir puisqu’ils sont payés à la journée de travail et avec la pluie, il est difficile d’accéder en ville et malheureusement, ils habitent tous dans la banlieue. En plus, quand il pleut, chacun préfère être aux côtés de sa douce moitié en train de siroter les “trois normaux” et de profiter de la fraîcheur ambiante.» Vérité d’expert !

Des murs en proie aux fissures

En dehors de ces problèmes de personnel qui se posent avec la saison des pluies, Mané déplore aussi d’autres écueils encore plus complexes. Et le chef de chantier, entre deux réprimandes à ses ouvriers qui traînent les pieds, de s’engager dans des explications plus techniques. «Nous préférons largement travailler en “noor” (saison sèche) pendant que le soleil est au zénith, non seulement parce que nous y sommes plus en forme, mais aussi et surtout parce que les constructions sèchent plus vite et ça accélère le travail. Trouver un espace où stocker les sacs de ciment devient aussi un véritable casse-tête.» Autre aspect important pour lui, «c’est que lorsqu’il pleut, la pression aérienne est plus élevée sur la surface extérieure d’un mur», et la conséquence en est que «cela facilite les fissures du mur si le maçon n’est pas patient.» Pour pallier cette situation, la parade est toute trouvée par Cheikh Mané qui, derrière ses vingt-cinq années d’expérience qu’il aime à rappeler. «Pour éviter ces fissures pendant la saison des pluies, il faut constamment enduire du sable sur les murs qui viennent d’être achevés.» Le problème avec cette solution, c’est que «ça exige plus de dépenses, ça prend plus de temps et ça use.» Et si les maçons prenaient des congés en cette période ? Tout simplement !



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