La paresse et les retards s’y invitent
La raison de ses lamentations, il la donne avant même que la demande ne lui soit faite : «Une fois que les pluies commencent à tomber, notre travail est ralenti, les gens deviennent plus paresseux, en plus avec l’eau, les matériaux deviennent plus lourds à porter.» Dans une autre bâtisse en finition, la pluie a tout simplement reporté le début des travaux de peinture. «Les peintres devaient commencer aujourd’hui, mais ils ne sont pas venus, et même s’ils étaient là, je doute qu’ils ne pourraient commencer avec cette pluie», explique le propriétaire trouvé sur les lieux. Il justifie sa présence «par souci de vérifier l’état d’avancement car le chantier a connu un petit retard, qui risque malheureusement de s’agrandir avec la saison des pluies qui approche.» À la Gueule Tapée, Cheikh Mané, chef de chantier d’un immeuble en construction, se plaint surtout du fait que ses ouvriers trouvent très facilement le moyen de s’absenter en cette période. «Hier, ils étaient près d’une douzaine, aujourd’hui, ils sont moins de cinq ! On ne peut pas leur en vouloir puisqu’ils sont payés à la journée de travail et avec la pluie, il est difficile d’accéder en ville et malheureusement, ils habitent tous dans la banlieue. En plus, quand il pleut, chacun préfère être aux côtés de sa douce moitié en train de siroter les “trois normaux” et de profiter de la fraîcheur ambiante.» Vérité d’expert !
Des murs en proie aux fissures
En dehors de ces problèmes de personnel qui se posent avec la saison des pluies, Mané déplore aussi d’autres écueils encore plus complexes. Et le chef de chantier, entre deux réprimandes à ses ouvriers qui traînent les pieds, de s’engager dans des explications plus techniques. «Nous préférons largement travailler en “noor” (saison sèche) pendant que le soleil est au zénith, non seulement parce que nous y sommes plus en forme, mais aussi et surtout parce que les constructions sèchent plus vite et ça accélère le travail. Trouver un espace où stocker les sacs de ciment devient aussi un véritable casse-tête.» Autre aspect important pour lui, «c’est que lorsqu’il pleut, la pression aérienne est plus élevée sur la surface extérieure d’un mur», et la conséquence en est que «cela facilite les fissures du mur si le maçon n’est pas patient.» Pour pallier cette situation, la parade est toute trouvée par Cheikh Mané qui, derrière ses vingt-cinq années d’expérience qu’il aime à rappeler. «Pour éviter ces fissures pendant la saison des pluies, il faut constamment enduire du sable sur les murs qui viennent d’être achevés.» Le problème avec cette solution, c’est que «ça exige plus de dépenses, ça prend plus de temps et ça use.» Et si les maçons prenaient des congés en cette période ? Tout simplement !
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