Son rêve était de partir en Europe. D'ailleurs, ses parents pensaient qu'il était déjà parti, alors qu'il est toujours dans un site touristique à la recherche de filles européennes avec qui s'amouracher pour obtenir le visa. Ainsi, il fera comprendre à un ressortissant de son village, vendeur de miroirs, qu'il est bien en route et compte s'envoler pour l'Eldorado. Un rêve qui est devenu une illusion aussi bien dans le film «Les Tremblements lointains» du Belge Manuel Poutte que dans la réalité. Car, après le tournage entre novembre et décembre 2006, Pape Malick Ndiaye, personnage principal du film, peine à trouver le visa pour se présenter aux différents festivals européens.
C'est l'histoire d'un sénégalais âgé de 33 ans qui comme tous les jeunes de son âge issu de familles modestes rêvent d'un voyage Vers l'eldorado. Pour y arriver, tous les moyens sont bons pour quitter la vie de misère au village. Obtenir le visa, c'est son seul objectif, et il est prêt à rester des années dans un même site touristique afin de trouver une fille blanche avec qui s'amouracher pour obtenir le sésame.
C’est cette histoire que raconte aussi le réalisateur Belge, Manuel Poutte à travers «Les Tremblements Lointains». l'ont tourner son long-métrage, le réalisateur belge s'invite dans le département de Foundiougne où le beau paysage ressemble aux belles plages brésiliennes. Une réalisation qui aurait bien pu être produite par un Africain, particulièrement un Sénégalais, tant le sujet est d'actualisé pour le Sénégal et l'Afrique.
Pour Papa Malick Ndiaye, dans le rôle de Bandiougou, qui a quitté son village natal pour rallier l'Europe, chaque occasion est bonne pour avoir une relation avec une Blanche qui peut, à l'issue d'un mariage, lui permettre d'avoir le visa. Cette chance, Bandiougou l'aura en rencontrant une jeune toubab qui lui promet le visa une fois en France. Analphabète, le jeune se fait lire ses lettres par la fille du médecin du village qui, au lieu de lui dire la vérité, lui annonce une réponse négative de la part de sa copine qui lui avait pourtant promis le visa. Ce qui n'est que mensonge. On va finalement découvrir que sa « lectrice » a menti au sujet de la lettre pour pouvoir le garder près d'elle. En effet, Marie, la fille du médecin local, avait besoin de quelqu'un pour la sortir de son rapport tendu, hyper tendu même, voire dramatique avec son père. Un jeu de pouvoir va alors s'installer entre ces personnages au milieu desquels un quatrième va être le déclencheur de toute l'action. Lui, c'est l'antiquaire, ami du médecin, qui vient chercher un fétiche dans la région qui représente la virilité chez les Dioulas. C'est le début alors des malheurs pour le jeune garçon. À ce stade, Bandiougou croit qu'il est envouté du moment qu'il est un initié et croit même que ses malheurs proviennent de son ami, un vendeur de miroirs venu du même village que lui.
De la fiction à la réalité
Derrière ses mèches de cheveux qui lui tombent au cou et un visage frêle, se cache une grande désolation. C'est comme si, les malheurs racontés dans son film «Les Tremblements Lointains» se répétaient dans la réalité. Pour 1e personnage principal du film, Pape Malick Ndiaye, titulaire d'un Brevet de technicien supérieur (Bts) en maintenance de réseau, et par ailleurs artiste chanteur de reggae, c'est une grande désolation qu'il vit depuis un moment.
En effet, Bandiougou, même dans la réalité, peine à trouver le sésame pour entrer en Europe depuis la fin du tournage. Et si la chance ne lui sourit pas cette fois, il risque même de ne pas assister à la sortie du film prévu en novembre prochain, en Belgique.
Ce refus de lui donner le visa fait croire, d'ailleurs, que le désespoir continue de le poursuivre dans la vie réelle. «Depuis la fin du tournage, je peine à trouver un visa pour les festivals européens, une fois même, on a voulu que Rama Yade fasse une intervention, mais cela n'a pas pu aboutir», explique Pape Malick
Ndiaye, les mèches de cheveux lui tombant sur le cou. Pourtant, poursuit-il, «le film traduit malheureusement la réalité que rencontrent les jeunes qui veulent voyager. À chaque fois que je dépose pour avoir le visa, on me fait savoir que mes documents sont incomplets. Ce qui est faux». Et le refus risque même de mettre un terme à sa carrière dans le cinéma, même si cela ne l'avait jamais tenté auparavant. «J'aime bien ma musique et j'avoue que le cinéma n'était pas une de mes priorités. D'ailleurs, le réalisateur a beaucoup souffert avant de me convaincre, car je ne voulais pas jouer un rôle qui ne serait pas conforme à ma religion», explique l'artiste chanteur.
Aujourd'hui, même s'il a refusé de participer à certains casting dans les festivals des pays africains, parce que conscient que l'obtention du visa lui poserait un préjudice, Bandiougou se console avec sa musique. «Et mon plus grand souhait, c'est de sortir un album, mais aussi voir le film projeté dans toutes les régions du Sénégal», affirme le maintenancier en réseau. Ce, à défaut de voir le film dans la sélection pour le Festival mondial des arts nègres prévu en décembre prochain.
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