On n’en parle quasiment pas, mais la campagne électorale est une période durant laquelle l’émission de carbone est considérable. Des véhicules utilisés aux tirages des posters, l’environnement en prend un coup. C’est fort de ce constat que l’environnementaliste et activiste climatique Fanta Camara propose des pistes de réflexion pour une compensation de cette émission de carbone. Un autre moyen pour limiter la pléthore de candidatures notée.
Empreinte carbone de l’élection présidentielle ou non-accord des processus démocratiques à la préservation de l’environnement : propositions des moyens de gagner en crédit carbone.
Deux coalitions remportent 90,07 % du scrutin. Les 17 autres se répartissent les 9,93 %. Le système électoral doit être plus résilient que ça, pour faciliter la résilience au changement climatique. Plusieurs candidats ont fait le tour du pays, émettant énormément de gaz à effet de serre, sans compter les milliers de papiers utilisés dans la production d’affiches, l’organisation des meetings, la consommation de sites Internet… pour ne pas avoir ne serait-ce que 5 % du scrutin. On tourne la page des élections, mais les impacts sur l’environnement restent intacts.
Et si, prochainement, l’empreinte carbone des candidats était limitée ? S’il existait un plafond d’empreinte carbone à ne pas dépasser, cela signifie que les campagnes de chaque candidat seraient scrutées à la loupe. Les émissions de CO2 d’une voiture essence consommant 5 l/100 km sont de 5 x 2 392/100 = 120 g de CO2/km.
Lors de la campagne présidentielle, si nous admettons que chaque candidat a utilisé 10 voitures, on aura 19 x 10 = 190 voitures. Ce qui donne 190 x 120 g de CO2/km = 22.800 g de CO2/km. La distance Dakar - Ziguinchor étant de 481,7 km, un candidat qui la parcourt avec son cortège produit 120 x 481,7 km = 57,804 g de CO2 ou 57,804 kg de CO2. Ceux qui font le tour du pays multiplient davantage l’émission en carbone.
Il y a également la production d'affiches qui est polluante. Si on considère 20 affiches de panneaux publicitaires par exemple, on note 20 x 19 = 380 panneaux publicitaires. Et on sait qu’un panneau publicitaire 4/3 génère environ 7640 kg d'émissions carbone. Ce qui donne 380 x 7 640 kg = 2 903 200 kg d’émissions carbone. Sans compter les nombreuses autres actions polluantes lors des campagnes.
Nous avons utilisé des outils pour estimer l’empreinte carbone, mais il faut qu’une compensation s'ensuive. Par exemple, émettant 20 t de CO2 durant sa campagne, un candidat finance un projet de reboisement qui va capter 30 t de carbone. On peut aussi permettre aux partis politiques qui n'ont pas gagné de réparer leurs émissions en changeant leurs protocoles de campagne et en les limitant en émissions de carbone par des solutions concrètes.
L'idée serait de gagner en crédit carbone et pour les candidats qui auront émis moins de carbone, de réduire la caution avec un barème bien défini et ceci pas seulement la campagne, mais cinq ans avant les prochaines élections. Pour les papiers, il est possible de trouver des filières de recyclage en amont et en aval du scrutin, pour que les millions de bulletins soient récupérés, une partie à partir déjà des bureaux de vote, l'autre après la date d'expiration du délai d'archivage, pour les réutiliser, plus tard, dans d'autres circonstances. Certains évoquent déjà aussi des possibilités d'usage du digital pour le vote, ce qui permettrait d'économiser des millions de papiers de bulletins.
En outre, utiliser une partie des cautions non remboursées pour soutenir des initiatives environnementales est une idée qui mérite d'être sérieusement envisagée.
L’idée de fixer une limite à l’empreinte carbone des candidats est intéressante et pourrait encourager des pratiques plus durables au sein des campagnes électorales. Cela pourrait favoriser l’adoption de technologies à faible impact carbone, comme les réunions virtuelles et les débats en ligne, ainsi que l’utilisation de supports recyclés et d’encres respectueuses de l’environnement pour le matériel de campagne.
La mise en place d’un plafond d’émissions de gaz à effet de serre pour les campagnes électorales pourrait sensibiliser davantage sur l’importance de réduire ces émissions liées aux activités politiques. De plus, cela pourrait encourager l’émergence de candidats et de partis politiques intégrant activement la durabilité environnementale dans leurs actions et leurs programmes.
En résumé, limiter l’empreinte carbone des campagnes électorales serait bénéfique non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la société dans son ensemble en promouvant des pratiques responsables et durables. C’est un aspect crucial à prendre en compte afin d’assurer que nos processus démocratiques soient en accord avec la préservation de notre planète.
Cependant, la mise en œuvre d'un tel système soulèverait des questions pratiques et éthiques. Par exemple, comment mesurer de manière juste et précise l'empreinte carbone de chaque campagne ? Et comment garantir que les règles soient appliquées équitablement à tous les candidats ? Il faudrait aussi considérer l'impact d'une telle mesure sur la liberté d'expression et le droit à une campagne électorale pleine et entière.
Dans ce cas, l’application est à étudier afin de prendre en compte tous ces aspects bien importants. Espérons bien obtenir le parfait chemin pour y arriver, car parvenir à fixer une limite d’empreinte carbone des candidats constitue un grand pas en avant dans la lutte contre le changement climatique et l’accord de la CDN au Sénégal.
Cela reste un modèle intéressant à mûrir pour amener les candidats au respect des émissions de gaz à effet de serre. Ça pourrait être un atout pour qu'aussi le prochain gouvernement mette l'accent sur la durabilité, l'atténuation des émissions de GES et des stratégies d'adaptation.
Et pourquoi pas un décret ?
4 Commentaires
Dame
En Mars, 2024 (13:41 PM)Dieynaba Ndiaye
En Mars, 2024 (18:08 PM)Le monde tourne vers ça mais malheureusement notre continent plus particulièrement notre pays le Sénégal où se passe actuellement beaucoup d'exploitation de ressources fossiles sachant qu'ils en restent beaucoup se questionne sur ce surtout mais manque à poser des actes concrètes et sérieuses.
Beaucoup de solutions peuvent être proposées pour faire face à ce sujet.
Merci Fanta d'avoir relevé ce point essentiel, espérant qu'il y ait des engagements ce qui me fera plaisir en tant que ingénieure spécialisée dans le domaine de la transition écologique.
Felicitations
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