Loi sur la parité : La famille de Serigne Abass Sall soupçonne des non-dits

La loi sur la parité votée hier à l'Assemblée nationale soulève déjà des vagues de contestations des familles religieuses du pays. Et c'est Serigne Mansour Sall, Khalife de Serigne Abass Sall, qui est monté au créneau les heures qui ont suivi ce vote pour dénoncer le caractère intégral de cette loi.

Le Sénégal est composé à 95 % de musulmans. Suffisant pour que les chefs religieux qui se sentent écartés du débat sur la loi relative à la parité s'en offusquent. C'est ainsi que les premières heures qui ont suivi le vote à l'Assemblée nationale de cette loi ont été marquées par une rencontre d'explication entre le Khalife de Serigne Abass Sall et la presse. Selon Serigne Mansour Sall trouvé à son domicile à Liberté VI Extension, ‘il est inélégant, au Sénégal, lorsqu'on parle de questions cruciales comme le vote de la loi sur la parité, que les différentes familles religieuses musulmanes ne soient pas impliquées pour donner leur point de vue’. Le marabout en veut pour preuve que lorsqu'il s'est agi de voter le nouveau code de la famille, les marabouts qui avaient été sollicités y ont prélevé 94 points qui étaient en contradiction flagrante avec les principes de l'Islam.

‘Ce code qui a été revu n'a jamais été appliqué’, soutient le marabout qui pense que ce sont les principes de l'Islam qui marchent jusqu'à présent au Sénégal. Serigne Mansour Sall, par ailleurs, président de la commission scientifique de la Rencontre annuelle des chefs religieux, précise que ‘l'Islam a déjà tranché la question de la parité mettant l'homme et la femme à égalité à la différence des rôles qu'ils occupent et de la compétence qu'ils ont’. C'est pour cette raison que le marabout émet des doutes sur cette loi, surtout, dit-il ‘quand on nous parle de parité intégrale’. ‘Qu'est-ce que cela veut dire’, s'interroge Serigne Mansour Sall. Qui invite l'Etat à édifier l'opinion sur ce concept de ‘parité intégrale’. ‘Qu'ils prennent leur responsabilité en disant clairement aux Sénégalais ce que cache cette loi, car le problème de la parité est individuel. Si une femme a des diplômes, elle doit être à la place qu'il faut. Ce doit être la même chose pour un homme. Il n'y a jamais eu de différence entre un Sénégalais et une Sénégalaise. Et c'est faux de dire que les femmes ne sont pas considérées au même titre que les hommes. Dans quel sens, ils veulent nous imposer cette loi-là ?’, se demande le marabout.

Le Khalife de Serigne Abass Sall n'est, cependant, pas contre la parité au niveau des partis politiques, des associations de la société civile. ‘Pourquoi la parité au Sénégal où l'on a déjà des femmes ministres, directrices générales de sociétés, députés’, s'étonne Serigne Mansour Sall qui pense qu’il y a anguille sous roche. Ainsi, avant qu'il ne soit trop tard, le marabout demande à Wade de faire appel aux théologiens des familles religieuses du pays dans ce débat sur la parité, puisque, dit-il, ces derniers ne sont pas des hommes figés. Mieux, dira-t-il, ‘puisqu'on est en démocratie et que les chefs religieux drainent la majorité des populations, que le chef de l'Etat soit ouvert aux familles religieuses lorsqu'il faut parler de loi qui touche la famille’. Le marabout fait cette invite pour ce qui est de la parité en ce sens qu'il y a à craindre des chocs psychologiques dans les familles, les ménages entre hommes et femmes. Une des raisons qui font que Serigne Mansour Sall n’exclut pas d'aller en campagne contre l'application de cette parité au Sénégal. La conviction du marabout est telle qu'il croit savoir que même si la parité est passée hier à l'Assemblée nationale, celle-ci ne passe pas dans les cœurs des Sénégalais, précisément des musulmans.