MAGAL- EAU : Entre les charrettes et les camions citernes, à chacun son eau !

A Affé, bourgade située à l’entrée de Mbacké, les charrettes tirées par les ânes se mêlent subitement au décor des véhicules en attente de déposer leur flux de passagers qui affluent vers la ville sainte.

Avec force et autorité, les vendeurs ‘’d’eau douce qu’on puise dans un puits situé à deux kilomètres de la bretelle de sortie de Mbacké’’ conduisent leur attelage à destination sur les pistes se trouvant sur les bas côtés de la nationale.

Modou Faye, l’un d’eux, ne devinant pas encore notre intention de l’interroger, s’arrête à notre premier signe, pensant certainement avoir à faire avec des clients potentiels, tout en donnant des assurances quant à la qualité du liquide qu’il vend. ‘’C’est une eau pure et pas du tout salée que j’ai puisé à deux kilomètres d’ici’’, fait-il savoir.

Un fût central posé sur l’attelage, quelques bidons de ‘’20 litres’’ qui pendent de part et d’autre de l’ensemble, il jure de la qualité de son eau ‘’qui est purifiée avec un verre de thé d’eau de javel que je verse dans le fût de 200 litres’’.

Prié de dire le prix auquel il vend ses barils, le jeune qui trouve qu’on ‘’pose trop de question’’, s’en va nous plantant sur place, au motif qu’il doit y aller ‘’avant que (ses) clients n’achètent ailleurs’’.

C’est que, nous raconte Ousmane Sy, un autre vendeur et conducteur de charrette, ‘’l’eau des fûts est très prisée par les populations, même si ces derniers disposent de l’eau courante, parce que c’est une eau sans saveur et pas du tout salée’’.

A raison de 200 francs par bidon de 20 litres, soit 20 francs le litre, le jeune charretier, plus disponible puisqu’ayant déjà fait des rotations ‘’depuis l’aube vers 5 heures du matin’’, nie une ‘’augmentation du prix liée au Magal, puisqu’on applique les mêmes tarifs’’.

Autre lieu, autre décor, autre réalité. Celle plus bruyante, moins désintéressée et visiblement plus organisée des camions-citernes, plus d’une centaine qui font la queue au niveau d’un des points de collecte à Darou Tanzil.

Là, le bruit des moteurs des camions qui manœuvrent, qui pour se garer, qui pour se rapprocher du réservoir de 6000 m3 d’eau, se mêle avec celui pétaradant des motopompes juchés sur le toit de l’infrastructure en forme cylindrique.

Une escouade de volontaires conduite par Babacar Faye se plie au remplissage des camions-citernes en prenant bien soin de se prémunir des puissants jets qui ‘’peuvent déstabiliser les éléments juchés sur les camions’’.

Avec l’appuie des sapeurs-pompiers et sous la supervision de responsables du service hydraulique, les camions ‘’sont inspectés pour s’assurer que les citernes sont propres avant de se rapprocher progressivement de la tour où ils peuvent se ravitailler’’, nous explique ce talibé ‘’qui travaille avec Henan Chine’’, une entreprise de construction routière basée à Touba.

Au total, nous explique-t-il, chaque camion peut procéder à autant de rotations qu’il peut, il suffit juste qu’on centralise les demandes et une fois qu’un camion est rempli, on le dirige vers une destination précise.

A côté de ces deux modes de distribution d’eau, un troisième, moins problématique, se déroule entre sociétés commercialisant le liquide précieux mis en bouteilles. Cette fois, les arguments sont commerciaux et le client qui en trouve partout, est roi. S’il à de quoi payer bien sûr.