Il était aux environs de 16 heures quand nous arrivions sur la place de l’Obélisque où devait démarrer la marche. Mais déjà le patron de la Fgts a les lèvres séchées, la bave au coin de la bouche, le front couvert de sueur à cause de la canicule et de longues interviews. La presse nationale et internationale a répondu massivement présente à sa manifestation. C’est une occasion, à jamais, pour lui de dénoncer tout ce qui trame entre le pouvoir public, le patronat et les centrales syndicales considérées qu’il accuse d’avoir « capitulé ». Et le secrétaire général de la Fgts d’ouvrir le feu. « J’ai peur pour le mouvement syndical de mon pays. Car, je ne peux pas comprendre qu’il y ait 18 centrales syndicales qui font semblant de négocier avec les autorités patronales et gouvernementales, tout en sachant qu’il n’y aura rien de concret », fulmine-t-il. Avant de dénoncer « cette malhonnêteté ». Puisque, dit-il, « la responsabilité des centrales syndicales, c’est d’être à côté des travailleurs et des populations afin de créer un rapport de force devant permettre aux autorités gouvernementales et patronales de comprendre qu’il y a une possibilité de se parler ». C’est ainsi que Sidya Ndiaye invite les secrétaires généraux des centrales syndicales à se ressaisir afin de se mobiliser. En ce sens que, explique-t-il, « tant qu’il n’ y aura pas de rapport de force favorable, les centrales syndicales continueront à être à la merci de ceux qui nous dirigent ».
Non à la capitulation
Selon lui, en tout cas, « la Fgts n’est pas prête à la capitulation ». Et pour cause, il (Sidya Ndiaye) soutient qu’« en tout cas, notre centrale (Fgts) a commencé son plan d’action qui va se dérouler avec ou sans les autres centrales syndicales ». Puisque, précise-t-il, « nous ne pouvons pas nous enfermer dans une logique de compromission avec les autorités patronales et gouvernementales. Nous considérons que notre responsabilité est d’avoir le courage de nous battre ou de nous démettre et non de tricher avec les travailleurs en les utilisant comme des ascenseurs pour être nommé ministres, Pca, députés ou pouvoir occuper d’autres fonctions de prestige ». Par ailleurs, le gouvernement n’a pas échappé aux griffes de Sidya Ndiaye qui bat en brèche les arguments fournis pour expliquer la flambée des prix des denrées de premières nécessités. « Il est vrai qu’au plan exogène, il y a des difficultés. Mais je voudrai qu’on parle des facteurs endogènes qui sont à l’origine de la cherté de la vie au Sénégal, comme le train de vie dispendieux de l’Etat, une classe politique « comprador » qui vit des ressources nationales, avec des véhicules de luxe qui défient la morale, avec des villas insolentes bâties sur la corniche », s’indigne-t-il.
Et la marche contre la cherté de la vie démarra
L’heure à laquelle la marche devait démarrer a sonné, un élément du Groupement d’intervention mobile en fait signe aux manifestants. La procession entame son travail du jour : battre le macadam, avec des slogans hostiles au régime. « Dundu bii cherna (la vie est chère) ». « On a faim ». Ces deux bouts de phrase sont scandés tout au long du trajet des marcheurs, brassards rouges attachés qui, sur le bras, qui d’autres, sur la tête, fortement encadrés par la police. Tandis que les commerçants installés sur le boulevard De Gaulle n’ont pas voulu se faire conter l’évènement. Ainsi, ils ont amplifié le cri des manifestants, loin dans les concessions. Comme pour soutenir la cause défendue par Sidya Ndiaye et ses camarades. Et pour le même combat, les marcheurs vont rencontrer Amath Dansokho au niveau du rond point de la rue 25. « Je suis venu apporter mon soutien aux travailleurs de la Fgts pour leur combat contre la cherté de la vie », a laissé entendre le secrétaire général du Pit. Avant de marteler, « nous dénonçons la démarche suicidaire de Me Wade qui a plongé toute la Nation dans cette misère extraordinaire ». Pour Dansokho, « la marche de la Fgts est le point de départ d’un grand mouvement qui est en train de monter, une lame de fond qui mettra fin aux gaspillages de Me Wade ». AT/FC
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