Après plusieurs sommations, les autorités de la République sont allées avec une main de fer pour raser les cantines aux alentours du rond- point de Colobane. Les marchands qui avaient pris possession des trottoirs ruminent encore leur peine.
« C’est ce samedi matin vers 9 heures que les pelles mécaniques sont entrées en action. Plus d’une centaine de cantines ont été détruites. Nous sommes dans une situation délicate. Que faire ? » S’interroge Modou Sylla qui détenait une cantine près de l’école Colobane. Le spectacle est désolant. Des amas de pierre et briques cassées jonchent sur le sol. Des débris de bois attirent l’attention du premier venu. De nombreuses personnes parmi lesquelles des badauds sont dans cet endroit qui est maintenant une zone vierge. Les supputations vont bon train. Les victimes se regroupent par affinités. Elles se lamentent sur leur sort.
Que leur adviendra-t-il ? Une des victimes se laisse aller à des confidences : « À la vérité, je dois vous dire qu’on devrait quitter depuis le 30 avril 2007. Mais le délai a été reporté jusqu’ au samedi 5 mai. Les pouvoirs publics nous ont proposé de verser 300.000 Fcfa et de payer 50.000 Fcfa mensuellement jusqu’ à atteindre la somme de 2 millions Fcfa pour occuper des souks dans le centre commercial de Colobane. Ce que nous trouvons cher et risqué ». Et notre interlocuteur d’ajouter : « Ils veulent nous conduire au chômage. Dans ce pays, les « goorgorlous » sont asphyxiés ».
Ce à quoi ne semble pas adhérer Diambar Faye, secrétaire général du Comité de Rénovation des Allées Cheikhna Sidaty Aïdara, présent sur les lieux qui déclare : « À chaque fois que les autorités veulent rendre le cadre de vie d’une localité plus attrayante, les acteurs de l’informel opposent leur veto. Cela ne peut plus prospérer ». Et, ajoute Youga Ndoye, un riverain : « La réalité est que ces marchands refusent la modernisation. Un centre commercial a été trouvé pour eux. Ils n’ont qu’à y loger ». Les automobilistes qui passaient par le rond-point de Colobane avaient toutes les peines du monde pour circuler. Moussa Diagne qui emprunte quotidiennement cette voie, ne cache pas sa satisfaction : « Vous voyez, la circulation est fluide.
Nous automobilistes, nous ne pouvons que remercier le Préfet de Dakar qui de main de maître a conduit l’opération de désencombrement. Dakar doit changer. Le désordre est trop frappant », se désole-t-il. Les anciens propriétaires de cantines devront à présent s’adapter à une nouvelle vie. C’est le cas de Massamba Diop : « J’ai fait plus de 20 ans dans ce marché. Je faisais travailler cinq gosses. Un rêve vient de se briser. Il va falloir rebondir ». Dans tous les cas, les autorités sont déterminées à mettre fin à l’anarchie dans la capitale. Une cohorte d’éléments du Gmi veille au grain.
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