Les locaux du Centre de développement de l’éducation physique et sportive (Cdeps) de Matam et de Ourrossogui sont assiégés par une meute de jeunes. Cela à la suite de l'annonce des autorités administratives locales, qui fait état de l'attribution de visas pour l'Espagne. Depuis quatre jours, ce sont de très longues files qui attirent l'attention. Des conditions d'attribution suscitent la réaction des responsables de la société civile.
Comme leurs aînés, les jeunes du Fouta ne rêvent que d' émigration. Cette forte ruée en est une preuve. La surprenante nouvelle a interrompu le sommeil de ces jeunes vaincus par le chômage. Au Cdeps de Matam, ils sont des milliers de jeunes à affluer chaque matin. L'essentiel pour tous les candidats, c'est de faire figurer son nom sur la liste, où seuls 45 candidats seront retenus. Un nombre insignifiant, selon Abdoulaye Mbodji, le responsable de la Coordination des jeunes de Matam (Cjm) ; «Pour toute la région, le gouvernement ne sert que 45 candidats ! C'est vraiment très insignifiant par rapport à la forte demande. D'autant que les industries promises depuis belle lurette ne viennent toujours pas, on voudrait profiter de cette chance là.». Il est dans la longue file, mais le jeune Amadou Diaw n'y croit visiblement pas : «donner des visas gratuitement comme ça, c'est tout un rêve. Mais comme on ne sait pas, il vaut mieux venir s'inscrire. De toutes les façons, le contraire ne me surprendrait pas avec ces autorités qui, à l'approche de chaque élection, tentent de nous endormir.»
Pour s'inscrire, il suffit tout simplement de remplir une fiche d'identification où la profession est mentionnée. Des fiches vendues à 200 FCFA comme des miches de pain. Selon un agent du Cdeps, cette somme représente le coût de la photocopieuse. Un projet qui suscite des grincements de dents du côté des organisations de la société civile. Ils mettent en garde contre toute manœuvre politicienne. Pour Ousmane Bâ, responsable des acteurs non étatiques, «c'est une nébuleuse cette histoire de visa d'Espagne. On irrite la jeunesse de toute la région sans que l'Etat ne donne toutes les informations. En plus, on ne connaît pas les conditions d'attribution. C'est pourquoi nous allons saisir le gouverneur sur la question, car il ne faudrait pas que la sélection soit récupérée par les responsables politiques du pouvoir.» La présélection devrait être arrêtée aujourd'hui.
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