Pour la prise en charge des orphelins du Joola : Les familles des victimes menacent de marcher le 2 juin

Pour exiger l'application des mesures relatives à la prise en charge des orphelins dont les parents ont perdu la vie au cours de cette catastrophe, les familles des victimes du Joola envisagent d'organiser une marche protestation le 2 juin prochain.

Les familles des victimes du naufrage du bateau Le Joola ont menacé, samedi, à Ziguinchor, d'organiser le 2 juin 2006 une marche de protestation pour exiger l'application des mesures relatives à la prise en charge des orphelins dont les parents ont perdu la vie au cours cette catastrophe. Cette menace d'une marche de protestation sera mise à exécution, ‘si rien n'est fait’ d'ici cette date pour trouver une solution à ce problème, a précisé le président Afvj, Moussa Cissokho. ‘Toutes les familles’ ainsi que ‘tous les orphelins’ prendront part à la manifestation, selon Moussa Cissokho qui s'exprimait au sortir de l'Assemblée générale de l'Afvj.

Cette rencontre a été essentiellement consacrée aux questions relatives aux manquements constatés dans la gestion du dossier de cette catastrophe maritime. La question de la prise en charge des enfants des victimes a constitué ‘la préoccupation fondamentale’ au cours de la réunion, pour laquelle plusieurs parents de victimes ont fait le déplacement, a rapporté M. Cissokho.

Revenant sur les raisons de la colère des familles, il a souligné que ‘rien n'a été fait’ depuis que ces orphelins ont été déclarés pupilles de la nation, il y a de cela ‘presque quatre ans’. ‘C'est vrai que le décret a été signé, le projet a été confié au ministère de la Solidarité. (Mais) quelques mois après, il y a eu un remaniement. Et ce ministère n'existe plus. Donc, c'est une inquiétude totale des familles, plus particulièrement des orphelins, qui sont l'avenir de demain, et qui ont tout perdu (...)’, a-t-il fait remarquer.

M. Cissokho semble d'autant plus surpris que l'Etat n'a pas, dit-il, hésité à débloquer 57 milliards de francs Cfa pour le relogement des victimes des inondations de l'hivernage 2005. ‘Vraiment, ça crée un bouillonnement, un esprit d'injustice dans la conscience des familles’, a-t-il affirmé. La gestion du dossier des pupilles de la nation n'est pas cependant seule en cause. En effet, M.Cissokho souligne que ‘rien n'a aussi été fait’ non plus au sujet de la promotion économique des familles qui n'ont pas encore eu ‘gain de cause’ pour ce qui concerne le renflouement du bateau. Il a par ailleurs déploré le fait qu'aucune des questions évoquées lors du Conseil interministériel de mai 2005 n'a encore trouvé de solution.

Devant les parents des victimes, le secrétaire général de l'Afvj, Boubacar Bâ, a, de son côté, souligné que les orphelins constituent aujourd'hui la priorité des familles des victimes, expliquant que certains d'entre eux ont même ‘abandonné leurs études’. Les représentants des familles des victimes, venues participer à l'Assemblée générale, ont largement manifesté leur soutien pour l'organisation de la marche, estimant qu'elle leur permettra d'être entendues.

En outre, les responsables de l'Association des familles des victimes du naufrage du bateau Le Joola (Afvj) seront reçus le 7 juin 2006 à Bruxelles (Belgique), par la Commission européenne, a annoncé, samedi à Ziguinchor, le secrétaire général de l'Afvj, Boubacar Bâ. Cette invitation ‘fait suite à une requête qui avait été adressée à la Commission européenne au développement et à l'aide humanitaire, au lendemain du 3e anniversaire du naufrage du bateau Le Joola’, a précisé le président de l'association, Moussa Cissokho. L'Afvj avait ‘rédigé’ cette lettre ‘en rapport avec les familles hollandaises’, a-t-il ajouté. Insistant sur le fait que ‘cette requête a eu gain de cause’, M. Cissokho a souligné que les responsables de l'Afvj se rendront dans la capitale belge, à l'invitation de Louis Michel.

La rencontre, qu'il a qualifiée ‘d'importante’, sera l'occasion de voir ‘comment l'Union européenne pourra aider le Sénégal à aller dans le sens de renflouer le bateau’, a-t-il dit. Il a ajouté que les familles des victimes ont toujours été d'accord sur le principe du renflouement. ‘En tant que familles sénégalaises, nous voulons qu'il y ait au moins un lieu de recueillement, un lieu commun de recueillement’, a-t-il affirmé. Moussa Cissokho a expliqué que la meilleure solution aujourd'hui, c'est de ‘tirer le bateau, faire une tombe commune’ et ‘l'ériger en monument, où seront inscrits les noms de toutes les victimes’. A cet égard, il a soutenu que la dispersion des sites abritant les victimes ne facilite guère la tâche des familles. ‘Je pense que le renflouement vient pour renforcer cette lutte contre le stress. Mieux, il y a des familles qui ne peuvent pas porter le deuil tant que le bateau n'est pas renfloué’. De plus, le renflouement ‘correspond aux préoccupations des familles européennes’, a-t-il fait remarquer, en ajoutant que ‘c'est un problème international’. Il faut ‘prendre en compte la préoccupation des autres familles des victimes européennes’, a affirmé Moussa Cissokho selon qui il y a ‘un consensus’ sur la question du renflouement.

Le secrétaire général de l'Afvj, Boubacar Bâ, a indiqué que les familles espèrent que la rencontre avec la Commission européenne sera l'occasion de trouver la solution à ‘beaucoup d'autres problèmes’. Ce qui selon lui pourrait pousser l'Etat du Sénégal à s'intéresser davantage au dossier. M. Bâ a cependant averti que l'Afvj ne dispose pas pour le moment des moyens pour la prise en charge de ce déplacement, même si les responsables de l'association feront ‘tout pour être présents’ au rendez-vous de Bruxelles.