Il est 12 heures passées. La gare routière de Dakar communément appelée Pompiers grouille de monde. Des «khassaïdes» sont audibles au milieu des cris «Touba, Touba». Des talibés mourides, pour la majorité composés de femmes, attendent avec une nervosité flagrante l’arrivée d’une voiture pour leur permettre de rallier le plus rapidement Touba. Certains, pour tuer le temps, se lancent dans de versets coraniques ou des « khassaïdes » (poèmes de Serigne Touba), d’autres choisissent de faire les cent pas. C’est une même situation d’attente qu’on a trouvée dans une des maisons d’un des khalifes mourides située à proximité de Colobane. À la seule différence que c’est déjà le silence de deuil dans cette résidence Keur Serigne Touba.
La majorité des talibés, surtout des hommes, est partie «dès que la nouvelle est tombée», confie Amdy Niang, gérant du garage. «S’il y a un manque de voiture, c’est parce que celles qui sont parties ne sont toujours pas revenues», ajoute M. Niang. Le gérant a aussi affirmé que les prix n’ont pas connu de hausse et que si ce n’était pas la flambée du prix l’essence, les chauffeurs allaient emmener les fidèles «gratis». N’empêche, les talibés sont déterminés à attendre le temps qu’il faut pour être près de Serigne Bara. «Même si on doit patienter durant des jours, je le ferai», lance la dame Aminata Ndour qui est depuis un bon bout de temps sous le chaud soleil du garage Pompiers, attendant une voiture en partance pour la ville sainte. Assise au milieu d’un groupe d’amies, sa peine est visible à travers sa mine qui laisse découvrir un regard triste, fixe et parfois larmoyant. Elle se dit prête à marcher jusqu’à Touba s’il le faut pour rendre hommage au défunt khalife général des mourides.
Même détermination chez cette Malienne du nom de Sira Mbacké, talibé de Serigne Mame Mor Mbacké. Une femme de teint clair, avec un accoutrement qui donne l’impression de quelqu’un qui s’est habillé à la hâte. Elle soutient avoir fait le trajet Bamako-Dakar pour venir présenter ses condoléances. «J’aime Touba, je viens à tous les Magal et j’ai connu Serigne Bara grâce à mon marabout. C’est pourquoi je suis venue avec mon ami et ma fille parce que mon marabout a tout fait pour moi», murmure-t-elle. Et d’ajouter : «Je dois à Serigne Bara ce dernier hommage».
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