C'est un défi que le ministre des Postes et Télécommunications Joseph Ndong lance à l'ex-curé de la cathédrale de Dakar, abbé Adolphe Faye. Et c'est pour demander au vicaire général de l'archidiocèse de Dakar de prouver la véracité de la profanation de la cathédrale par la police criminelle.
Wal Fadjri : Cette cathédrale où vous venez de prier a été, selon la presse du week-end, profanée en plein vendredi saint par les policiers de la Division des investigations criminelles (Dic) qui cherchaient à interpeller Jean Paul Dias. En tant que fidèle catholique, qu'est-ce que cela vous a fait ?
Joseph Ndong : Par rapport à cette question, il y a quelque part un pardon à dire, un pardon à demander. Parce que je ne peux pas croire que Léopold Diouf (directeur de la sûreté nationale) qui est un chrétien, catholique comme moi, avec qui j'ai fait les bancs du séminaire de Ngazobile, puisse envoyer ses éléments de la Dic dans la cathédrale. Ensuite, je voudrais entendre Abbé Adolphe Faye me dire qu'il a effectivement vu les éléments de la Dic dans la cathédrale. S'il ne les a pas vus personnellement, je pense qu'on l'a abusé. Nous avons tous un respect très prononcé pour l'Eglise, pour ce lieu de culte. Et en ce qui me concerne, je n'ai jamais varié non seulement sur la foi, mais aussi sur tout ce qui comporte respect de culte. Et dans ce sens, je ne saurais accepter que cette Eglise où même ceux qui ont commis les fautes les plus graves trouvent le pardon et la paix de Dieu, soit un lieu où l'on vient justement prendre quelqu'un. Ce que je sais, c'est que Jean Paul Dias nous a habitués à la manipulation. Récemment, il tenait un autre langage. Aujourd'hui, il est dans une autre position. Parce qu'il savait qu'il a reçu la convocation, il devait normalement aller répondre comme n'importe qui qui n'a rien fait. Et n'étant pas allé répondre, il est venu à l'église et les limiers sont venus le prendre. Et quand Léopold Diouf qui a envoyé ses hommes, affirme que jamais ceux-ci ne sont entrés dans la cathédrale, je dis qu'il y a un pardon à dire quelque part. Et je pose la question particulièrement à Abbé Adolphe de manière profonde. Je veux qu'il me dise que lui-même a vu les éléments de la Dic ici. Ou alors, qu'il me dise qu'il n'a pas vu et alors je ne comprends pas qu'il puisse prendre le micro devant toute cette foule présente dans l'église et parler.
Wal Fadjri : Si Abbé Adolphe n'avait pas les preuves que ces éléments de la police criminelle avaient fait irruption dans la cathédrale, il ne l'aurait pas affirmé gratuitement.
Joseph Ndong : J'ai posé une question et je veux qu'Abbé Adolphe me réponde. S'il ne me répond pas, cela me permet d'avoir l'esprit plus tranquille. Je pose une question et j'attends une réponse de sa part et non pas de la part de quelqu'un d'autre. Et je la lui pose en son intime conviction.
Wal Fadjri : Vous avez dit tantôt que Dias est un manipulateur. En quoi faisant puisque c'est un fidèle catholique qui était venu accomplir ses devoirs de croyants comme tous les autres en ce vendredi très saint ?
Joseph Ndong : Si la Dic vient me demander de déférer à une convocation et cela m'est arrivé plusieurs fois, je leur assurerai que je serai présent à cette convocation. Et si je dois venir pour faire ma dévotion parce que c'était le moment du chemin de croix, je viendrai la faire, mais pas pour chercher des applaudissements. Et je l'ai entendu dire que si abbé Adolphe a parlé, on peut lui faire confiance. Cela signifie qu'il n'a pas confiance en lui-même. Et cela est très important. Encore une fois, je repose ma question : Abbé Adolphe a-t-il personnellement reconnu les éléments de la Dic ? Les connaît-t-il ? Peut-il donner leur nom ? Peut-il dire que ce sont ceux là qui sont entrés dans l'Eglise ou alors le lui a-t-on simplement dit ?
Wal Fadjri : Mais la Dic n'est-elle pas en train d'être instrumentalisée par le pouvoir ?
Joseph Ndong : Je ne peux pas admettre qu'un Sénégalais aille affimer qu'on a détourné dans ce pays 440 milliards qui ont été planqués quelque part et que nous laissions cette personne continuer à vaquer à ses occupations le plus normalement possible. Une affirmation de cette nature est tellement grave que si je l'affirmais, je n'en dormirais pas. Parce que cela signifie ou bien qu'on a les preuves et on va jusqu'au bout, ou bien on a abusé le peuple sénégalais et, de ce fait, on lui demande pardon. C'est ce que j'attends de gens qui sont responsables.
Wal Fadjri : L'opposition a fait bloc autour de M. Dansokho parce que ses leaders pensent que 7 heures, c'est suffisant pour interroger et obtenir les éléments prouvant l'innocence ou la culpabilité de quelqu'un.
Joseph Ndong : Si on continue de m'interroger pendant cent ans, je continuerai de répondre pendant cent ans. Parce que 440 milliards dans ce pays, ce n'est pas un franc. Il faut comprendre ce que cela signifie comme vies humaines. Il y a combien de chômeurs dans ce pays ? Combien de gens ne vivent pas convenablement parce que justement nous manquons de ces moyens ?
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