« Je suis veuve. Mon mari était commerçant. J’ai eu avec lui dix enfants mais six d’entre eux sont décédés. Actuellement je ne suis qu’avec l’un de mes fils qui est pêcheur.
Mais du fait de la crise, on se retrouve parfois dans des situations difficiles. J’ai un mari, un « takko » mais il ne m’est d’aucun apport. Nous avons vraiment besoin d’aide », nous confie la dame qui se souvient que son père était un chauffeur mécanicien qui faisait le tour du monde.
« Mon mari est notre seul soutien mais il arrive très souvent que ses affaires ne marchent pas du tout. On est alors obligés de faire appel à la solidarité. Assurer les repas quotidiens est parfois un calvaire », ajoute Ndéye Gueye, la belle belle-fille de la vieille dame.
Non loin de là, vivent dans le même décor fait de paillotes, trois jeunes femmes orphelines. L’une d’entre elles nous introduit dans sa case. Un simple matelas posé à même le sol, des bassines remplies de vêtements qui servent d’armoire,
des nattes comme meubles sur lesquels s’assoient les visiteurs. Voici campé le décor de notre entretien avec la dame Fatou Sy.
« Je vis avec mes deux sœurs. Elles sont certes mariées mais leurs maris sont confrontés à des difficultés. L’un travaille à Dakar comme fondeur mais ne vit qu’à la tabaski. L’autre est âgé de 80 ans et ne fait rien.
Heureusement il y a les voisins qui nous viennent en aide. C’est d’ailleurs eux qui nous ont aidées dans la construction de cette case. Chacun a apporté quelque chose pour son édification » ajoute-t-elle.
En cette matinée de vendredi, seules les femmes semblent être restées dans ce taudis, les hommes sont allés à la recherche de la dépense quotidienne si problématique. Devant tant de misères les cœurs sensibles ont de la peine.
La misère au féminin
Yacine est rendue vieille par la pauvreté qui la ronge. Elle a un mari d’un âge avancé et se dit pêcheur. Les deux enfants qu’elle a eus sont décédés. Elle vit avec sa petite-fille de quatre ans que nous avons trouvée en train de jouer avec des poupées qu’elle a elle-même confectionnées avec du tissu que sa grand-mère lui trouve.
« Sa maman est la fille de ma sœur. Elle est décédée et ma sœur me l’a confiée pour qu’elle me tienne compagnie car j’ai perdu mes deux enfants. Mon métier de lavandière ne me permet pas de joindre les deux bouts car ici on ne me paie qu’entre 1000 et 1500 francs. Quand il pleut, j’ai des problèmes.
Actuellement je n’ai même pas où passer la nuit » nous confie-t-elle. Aby Ndiaye, une jeune femme, sa voisine teint aussi à faire part de son sort de célibataire à la recherche d’un homme qui puisse lui assurer le minimum.
« Moi, tout ce dont j’ai besoin c’est d’un homme qui ait pitié de moi, qui puisse me construire une chambre et m’assurer du minimum. Je ne demande pas beaucoup. Ici il n’ y a pas de groupements féminins, aucune activité dans laquelle nous pouvons nous mouvoir.
Nous avons besoin d’être aidées pour que nous puissions voler de nos propres ailes. Nous voulons bien travailler mais nous n’en avons pas les moyens. Pour faire un petit commerce, il faut de l’agent », se désole Aby qui ne cessait de répéter son souhait de trouver un bon mari qui puisse lui faire sortir de cette situation de dénuement.
Il y a quelques années, Baye Deuk n’était composé que des maisons en paille. Aujourd’hui, quelques maisons en dur à la faveur du lotissement ont quelque peu changé le décor.
Mais à côté de ces maisons, les nombreuses paillotes se dressent comme pour confirmer cette phrase de notre accompagnant « En réalité, il y a beaucoup de gens ici qui ne pourront jamais construire. »
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