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RELIGIONS : Les nouvelles églises arrivent

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RELIGIONS : Les nouvelles églises arrivent
La célébration de messes dans des écoles, des maisons ou d’autres centres socioculturels est un phénomène de plus en plus remarquable dans plusieurs quartiers de la banlieue de Dakar. Ces offices sont l’œuvre de dizaines de « nouvelles églises ou sectes » implantées au Sénégal et qui recrutent l’essentiel de leurs adeptes parmi la communauté africaine installée dans le pays. 

Des chants de chorale rythmés par les battements de tam-tam et soutenus par des notes de guitare, par moments, interrompus par des applaudissements fusant d’une salle de classe. Aux alentours de l’école Mor Fall de Grand Yoff, c’est dimanche. Il est 10 heures. A l’intérieur de l’établissement, la porte et les fenêtres d’une de classe, sur la dizaine que compte cette école, sont entrouvertes. A l’entrée, une femme nous interpelle : « entrez monsieur, c’est ouvert ». Des dizaines d’hommes et de femmes, accompagnés de leurs enfants, assis sur des chaises blanches disposées en trois rangées le long de deux allées, écoute religieusement. En face, debout, dos contre le tableau noir, le révérend pasteur Léon Mbu et un fidèle dirigent l’office.

Alors que le pasteur Léon Mbu dit la messe en français devant une chaire sur laquelle est allumée une grande bougie de couleur violette, l’autre, debout derrière une table couverte d’un tissu avec plusieurs dessins traduit le message en anglais. Au bout de quelques minutes de prêche, les deux sont interrompus par un long « amen ». Il en est ainsi tous les dimanches de 9 à 12 heures. 11 heures 30. C’est le moment des offrandes, de la présentation des invités.

C’est aussi l’occasion pour des fidèles de présenter leurs vœux, de solliciter des prières à l’assemblée pour la résolution de leurs problèmes. Un jeune demande la parole : « j’ai un enfant avec une sénégalaise musulmane. Elle a toujours refusé que je vienne à la messe avec notre fils. Mais, aujourd’hui elle ne s’y est pas opposée. Prier pour moi pour que cela continu » a-t-il confié. « Le seigneur t’a déjà entendu », lui rétorque la salle avant de formuler des prières pour lui, le tout dans une ambiance et un environnement conviviaux.

Entre-temps, un fidèle est envoyé acheter de la viande au marché. Cette viande sera distribuée à des fidèles à la fin des invocations. « Chaque dimanche, nous donnons des offrandes. Nous sommes des adeptes de l’église méthodiste unie de Grand Yoff, appartenant à l’église Méthodiste née en Grande Bretagne au XVIIe siècle. Elle compte 700 membres dans le quartier. Nous avons deux rites (la sainte saine et le baptême) et n’acceptons que le Christ et la bible comme repère, contrairement au catholiques qui en comptent sept et admettent la tradition du Pape » explique, tout en souriant, le pasteur L. Mbu.

A l’en croire, cette église a pour mission de façonner l’homme à l’image du Christ. « Jésus a dit : « celui qui vient à moi a la vie éternelle ». Pour cela, le croyant doit « accepter le Christ pour qu’il lui envoie son esprit saint qui lui permettra de marcher par la force de l’esprit. Et nous sommes de ceux qui vont vers Lui » soutient-il. La majorité des adeptes de cette église est originaire d’autres pays africains. Selon eux, l’appellation « secte » est le fruit de l’ignorance ne dérange pas. « Quand on ne comprend pas une chose, on la qualifie comme on veut. Même le Christianisme a été qualifié de secte », indiquent les méthodistes avec qui l’église n’est pas « une affaire de riches exclusivement. Ce culte est ouvert aussi aux pauvres. D’ailleurs, mon pays (le Congo) enregistre le plus grand nombre de d’adhésion à cette église en Afrique » souligne un fidèle.

Face à l’intolérance des populations

A l’image de cette « Eglise » présente au Sénégal depuis 1995, avec l’aide de l’Ong Ofadec, dont les méthodistes unis des Etats-unis finançaient les projets, des dizaines de « sectes » se réclamant du christianisme ont réussi à s’implanter dans notre pays au cours de ces dernières décennies. Elles ont pour nom, entre autres, l’Eglise Pentecôte, les Assemblées de Dieu, Keur Diam, Church of God, l’Eglise Baptiste Sénégalaise, l’Eglise méthodiste de Grand Yoff, l’Eglise Méthodiste Unie dont le siège est à Nord Foire et Winner’s Chapel de grand Dakar. Même si certaines d’entre elles compte des fidèles à l’intérieur du pays, Grand Yoff, un quartier de la banlieue de Dakar semble abriter le siège de l’essentiel de ces organisations religieuses.

Des maisons prises en location, des écoles ou centres socioculturels (comme CAEDAS) servent de lieux de culte pour ces « nouvelles églises », qui prient sous la direction de pasteurs (révérends pasteurs) désignés par des « entités-mères » installées pour la plupart en Occident. C’est le cas par exemple de l’église méthodiste unie qui est un produit de celle des Etats-Unis et l’église méthodiste soutenue par celle de Corée du Sud.

Cependant, dans la pratique de leur religion, ces gens font face, tous les week-ends, à l’hostilité des riverains musulmans ou chrétiens. Ces populations font pressions sur les propriétaires de maison et les directeurs d’écoles, qui finissent toujours par les expulser de ces lieux de culte au bout de quelques mois. Les attitudes de ces habitants se justifient, entre autres, par l’ignorance du message de ces organisations religieuses « nouvelles » et par le fait qu’ils craignent que ces dernières ne deviennent des refuges pour des jeunes en mal de repère. Le révérend pasteur Léon Mbu qualifie leurs détracteurs d’ « aveugles fanatiques qui ignorent leurs religions (Islam et Christianisme) et livres révélés (Coran et Bible) ».

Et ce pasteur d’expliquer l’absence de lieux de culte par, non seulement, le manque de moyens et la cherté du terrain à Dakar, mais aussi et surtout par le fait qu’une « église c’est avant tout les hommes et non les bâtiments ». L’église catholique est déjà au courant du développement de ces « nouvelles églises ». Seulement, selon l’Abbé Alphonse Seck, Vicaire Général du diocèse de Dakar et Curé de la Paroisse saint Paul de Grand Yoff, il faut approcher ces « sectes », les étudier, mener des enquêtes afin de connaître ce qu’elles proposent aux fidèles pour pouvoir se prononcer sur ce sujet. Toutefois, pour mieux aider les croyants à comprendre et à vivre pleinement leur religion, abbé Alphonse Seck invite à une révision de la base des homélies. « La base de nos homélies est fausse. Nous partons du principe que les gens connaissent, alors que la réalité est tout autre. C’est pourquoi je propose le tenue de catéchèses pour que les fidèles connaissent mieux leur religion » a-t-il suggéré.



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