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Sénégal | Prolifération des églises évangeliques au Sénégal : " nous sommes préoccupés "

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Sénégal | Prolifération des églises évangeliques au Sénégal : " nous sommes préoccupés "

Depuis quelques années, l’Afrique connaît la floraison d’une nouvelle vague d’églises évangéliques parfois dites révélées. Ce phénomène des religions nouvelles s’amplifie de jour en jour. Des milliers de chrétiens catholiques abandonnent leurs églises originelles et vont vers ces nouvelles confessions religieuses, soit à la quête de bonheur soit de guérison. Ce phénomène inquiète le clergé catholique du continent africain.

Au Sénégal, le constat reste le même. Plus de 200 nouvelles églises implantent leurs démembrements dans tout le pays. Le Cardinal Adrien SARR, Archevêque de Dakar, Président en exercice de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) interpellé au salon d’honneur de l’Aéroport International Bernardin GANTIN de Cotonou à l’occasion des obsèques de ce dernier, explique au micro de notre correspondant à Cotonou les méthodes qu’utilise l’église catholique sénégalaise pour faire face à cette poussée de ces nouvelles églises qui « agressent » parfois l’église universelle.

La Sentinelle : Face à la floraison des églises évangéliques au Sénégal (200) que compte faire l’église catholique pour ne pas perdre ses fidèles au profit des ces églises ?

Cardinal Théodore Adrien sarr : C’est un phénomène qui nous préoccupe et dont nous parlons souvent au niveau de la conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO).

Comment l’église catholique vit la cohabitation avec ces églises ?

Nous essayons de dire qu’il nous faut éviter ce que nous appelons le syncrétisme d’un côté, mais de l’autre aussi, faire attention, parce que peut-être, les catholiques de nos églises de l’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique tout court, cherchent quelque chose et ne le trouvent pas chez nous.

Ils vont ailleurs, donc il faut être attentif à comprendre les attentes de nos populations pour voir comment y répondre de manière à ce que les gens n’aillent pas chercher ailleurs ce qu’on peut leur offrir ici. Par exemple, nous savons que les gens sont très très préoccupés par tout ce qui est santé, guérison. Nous disons que l’Eglise aussi est aussi préoccupée par la guérison. Nous ne parlons pas seulement de nos dispensaires, mais nous avons aussi des prières de guérison. Parce que dans chaque diocèse, il doit y avoir un exorcise. Il faut donc faire attention à tout ce qu’on peut faire dans l’église, catholique pour que le gens n’aillent pas le chercher ailleurs.

Quel regard pose l’Eglise sur ce détournement de fidèles ?

Je pense qu’on ne peut pas ne pas dire que c’est dommage, qu’on exploite le sentiment des populations et qu’on aille parfois jusqu’à les tromper parce que là, on a l’impression qu’il y a vraiment une espèce d’organisation. On promet, on promet aux fidèles moyennant quoi ? Et on leur demande des offrandes qu’ils les donnent généreusement, et tout ce qui est promis n’est pas acquis. Nous disons que c’est bien dommage qu’au nom de la religion, surtout au nom de Jésus, au nom de l’évangile que, des hommes essayent de tromper d’autres hommes pour simplement les avoir avec eux et en tirer des bénéfices »

L’église catholique entretient –elle des rapports avec ces églises à l’image du dialogue islamo-chrétien ?

Nous avons créé la commission de l’œcuménisme, c’est-à-dire le dialogue avec les autres chrétiens, que ce soit au niveau de la région qu’au niveau de notre pays, mais seulement, ce qui arrive, c’est que vous avez par exemple parmi ces églises, certaines qui sont ouvertes et qui veulent le dialogue, par exemple les protestants classiques et méthodistes anglicans. Ces gens là, nous dialoguons facilement avec eux, par contre, vous avez de nouvelles églises pentecôtistes et autres, qui sont vraiment fermées et qui ne sont pas ouvertes au dialogue. Donc, nous nous tendons la main, mais si elle n’est pas acceptée, on ne peut pas aller plus loin. En tout cas, nous essayons.

Peut-on considérer le fait qu’un catholique qui laisse sa voie pour suivre ces églises comme un acte d’apostasie ?

Ah oui, c’est de l’apostasie ! Même si peut-être les gens ne sont pas conscients de ça, mais c’est l’apostasie, parce que l’apostasie, c’est quitter mon église pour aller ailleurs, que ça soit pour me faire musulman, pour me faire animiste, c’est vraiment de l’apostasie. Bon, maintenant, ce n’est pas nécessairement parce que je le dis que je condamne ces gens. Parce que parfois, certains ne sont pas conscients de ce qu’ils font. Mais c’est de l’apostasie, et si ces gens décident de revenir à l’église catholique, il faudra une cérémonie spéciale qu’on appelle l’absolution de l’apostasie.

Beaucoup considèrent ces églises comme des sectes ? Partagez-vous cet avis ?

Bon, effectivement, on peut dire que certaines églises sont de véritables sectes oui. Véritables sectes c’est-à-dire celles qui ont des caractères de la secte, et c’est pour cela qu’il faut s’en méfier, mais, nous sommes attentifs, et nous travaillons à mieux comprendre les besoins des populations pour leur éviter de tomber dans ces pièges là.

La catéchèse est en plein recul dans les diocèses, croyez-vous que cela peut pousser les fidèles à aller dans ces églises qui leur promettent des solutions pratiques ?

Je ne suis pas d’accord pour dire que la catéchèse est en recul dans les diocèses. En tout cas, nous, nous essayons d’organiser la catéchèse. Par exemple, nous avons une commission régionale de catéchèse avec des commissions nationales et, nous avons produit pas mal de livres de catéchèse pour notre région et nous continuons à les produire et nous continuons à voir comment toujours améliorer la catéchèse et les méthodes catéchétiques pour que la formation que nous donnons aux enfants et aux catéchumènes soit une formation solide qui leur permet de mieux se situer vis-à-vis de Jésus Christ et ne pas être facilement embrigadés pas n’importe qui.

Lors du pèlerinage marial de Poponguine, vous avez lancé un appel à l’aide face à la sécurité alimentaire, où en est-on ?

Dans le diocèse de Dakar en tout cas, nous sommes entrain de vivre la campagne à travers les paroisses. Nous avons depuis le 1er mai, organisé des activités dans ces paroisses pour faire ces collectes. Et s’il plait à Dieu, à la mi- juin, le fruit de ces collectes sera rassemblé au niveau du diocèse. Je ferai une célébration dans la zone rurale pour les répandre auprès de ces zones afin qu’elles puissent les répartir dans les paroisses selon les besoins exprimés.

Comment appréciez-vous la sortie du pape aux Etats-Unis quant à l’affaire des prêtres pédophiles ?

C’est évident que c’est une blessure profonde pour l’église, même une espèce d’humiliation que nous ressentons. Mais l’homme étant ce qu’il est, des faiblesses humaines sont partout. Donc, nous sommes entièrement d’accord avec le Pape pour dire qu’il faut que nous tous, nous travaillions à éviter ces dérapages qui ne font pas honneur à notre église.

L’image de l’église n’a-t-elle pas pris un coup ?

Non ! Dans nos pays, non ! Mais aux Etats-Unis oui. Aux Etats-Unis et dans d’autres pays d’Europe, l’église a pris un coup, non seulement au niveau de la renommée, au niveau de la confiance des gens, au niveau économique parce qu’il y a eu des procès avec des indemnités très très lourdes pour des églises et il y a des diocèses qui sont pratiquement ruinés à cause de cela. C’est évident que ça blesse l’église.

L’édition du pèlerinage de cette année a drainé du monde, quelles dispositions l’église compte-t-elle mettre en place pour en accueillir plus ?

Nous sommes entrain de réfléchir. Nous avons vu le nombre de pèlerins augmenter de plus en plus. L’organisation du pèlerinage devient de plus en plus compliquée. Nous avons un plan de dix ans pour accroître progressivement les structures d’accueil. Ce plan est entrain de se déployer, mais vraiment, nous sommes débordés chaque année. Mais nous continuerons à réfléchir sur l’organisation du pèlerinage, sur les infrastructures et les moyens. On se demande s’il ne faut même pas organiser deux pèlerinages par an ? Un pour les enfants, et un second pour les adultes, de manière à éviter ce surpeuplement enregistré lors des pèlerinages .

Les pèlerins se sont plaints de la fermeture du sanctuaire, qu’est-ce qui a été à l’origine de cette décision ?

Poponguine, ce n’est pas un miracle ou une apparition de la vierge qui a provoqué ce pèlerinage. C’est un vicaire apostolique français qui a dit : “Je connais en Normandie un pèlerinage qui attire beaucoup de monde et qui a même commencé à être aimé en Martinique. Et je voudrais lancer ce pèlerinage au Sénégal. ” C’est ainsi qu’il a lancé ce pèlerinage en 1888 et qui se poursuit jusqu’à présent.

Il a été constaté après la visite du défunt Pape Jean Paul II un sursaut des associations catholiques au niveau du Sénégal. Mais, cette ardeur s’est estompée au fil des années. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

Je ne sais pas ce que vous dites ! Dire qu’après la visite du Pape, les associations se sont multipliées, je ne sais pas trop. Nous avons toujours eu des mouvements d’action catholique, c’est vrai. C’est vrai qu’aujourd’hui aussi, des associations se créent qui ne sont pas à proprement parlé des mouvements d’action catholique. Mais au contraire, c’est les mouvements d’action catholique peut-être qui n’ont pas la même floraison qu’autrefois. Donc, au niveau des enfants que des jeunes, ça continue à exister. C’est au niveau des adultes qu’il y a une sorte de déclin. Mais à la place, il y a pas mal d’associations de catholiques. Elles sont un peu en recul, mais il y en a qui existent et qui travaillent toujours.

Qu’allez-vous faire pour remobiliser cette minorité afin qu’elle s’active davantage dans la vie politique, économique, sociale et culturelle du Sénégal ?

Nous avons lancé des appels depuis 1976. Nous avions fait une lettre pastorale que nous avions intitulée « L’engagement temporel des chrétiens dans le Sénégal d’aujourd’hui », et depuis ce temps, nous ne cessons de répéter périodiquement cet appel aux chrétiens pour qu’ils s’engagent dans la vie sociale afin d’être le grain de sel qui donnera une saveur à cette vie sociale. Je pense que nos appels sont de plus en plus entendus. On voit effectivement les catholiques entrer dans les différentes formations politiques du pays. Ils ne se mesurent pas encore suffisamment l’importance au niveau des députés et au niveau des ministres, mais l’engagement est là et nous souhaitons avoir bientôt de députés catholiques plus nombreux, de ministres catholiques plus nombreux .

Votre implication dans la recherche de la paix sociale est reconnue. Comptez-vous entreprendre des actions pour renouer le fil du dialogue entre le pouvoir et l’opposition au Sénégal ?

C’est à l’étude ; c’est à l’étude. J’étudie l’appel qui m’a été lancé. On verra à l’avenir. J’ai déjà lancé un appel aux politiciens à Poponguine. S’ils m’entendent et commencent à dialoguer, tant mieux. Je n’ai pas besoin d’aller loin. C’est simplement qu’ils arrivent à dialoguer parce que le dialogue, c’est vraiment une démarche humaine très valable. Quand deux ou plusieurs personnes ou groupes dialoguent, ils confrontent leurs visions, leurs idées, leurs arguments et cette confrontation peut produire un enrichissement mutuel et de synthèses qui sont plus fécondes que les pensées particulières. Le dialogue est fécond et apaise. J’ai été sollicité pour une action spécifique. On verra dans les semaines à venir .

Quels regards portez-vous sur la crise économique et sociale qui sévit au Sénégal ?

C’est une crise qui n’est pas propre au Sénégal. Elle est mondiale compte tenu du coût du baril de pétrole. Mais il y a des données qui nous échappent et qui y sont comprises. La montée des prix de première nécessité interpelle tous les gouvernants d’Afrique et du Sénégal. J’ai été heureux de voir effectivement qu’aujourd’hui, j’entends de plus en plus de voix appelées à ce que nous produisions ce que nous consommons, et aussi, que nous consommions ce que nous produisons. Dans nos pays, on a une espèce de consommation extravertie. On s’est trop habitué à consommer ce que les autres ont produit. Or, il nous faut aujourd’hui, pour arriver à nous en sortir comme le disaient beaucoup de nos gouvernants arriver, à produire ce que nous consommons, et consommer ce que nous produisons. Avec ce slogan, et s’il est effectivement appliqué, tous les pays africains vont arriver dans quelques années à l’autosuffisance alimentaire.

Quel doit être, selon vous, la priorité du régime de Me WADE ?

Ce n’est pas à moi de lui fixer les priorités. Mais je pense tout simplement qu’il faut d’abord écouter les besoins des populations et à partir de là, bâtir des politiques. Mais comme il l’a dit lui-même, le Président WADE aujourd’hui, c’est évident qu’au Sénégal, la grande priorité c’est l’autosuffisance alimentaire à atteindre pour que cette dépendance extérieure qui est très lourde financièrement, puisse diminuer et, qu’un jour, on soit délivré, afin que les ressources du pays soient à la hauteur des besoins.

Comment vivez-vous votre statut de cardinal ?

Mais j’ai toujours dit que d’un côté, je remercie Dieu, parce que je vois dans cette nomination un signe supplémentaire de manifestation de l’amour de Dieu envers ma personne. Donc cela me remplit de gratitude envers Dieu, mais aussi, conscient du devoir de répondre à cet amour de Dieu et de travailler à mieux manifester au Seigneur son amour aussi qu’aux Hommes. Si Dieu m’a confié des responsabilités supplémentaires dans l’église, c’est pour que je m’abandonne davantage à Lui et aux Hommes pour sa gloire et pour le bonheur des hommes. »

Qu’est-ce qui a changé en vous depuis votre nomination ?

Il n’y a pas jusqu’à présent à proprement parler de grand changement parce que je demeure archevêque de Dakar avec mes responsabilités. J’avais d’autres responsabilités au niveau du pays comme responsable d’une commission à la commission de l’enseignement. Et au niveau de la CERAO, j’assume la responsabilité de la présidence.

Quelles en sont les contraintes ?

C.T.A.S. : « Il y a peut-être cette année beaucoup plus de sollicitations pour célébrer les messes d’action de grâce à l’extérieur. Ça m’a pris beaucoup de temps, si bien qu’il y a des activités que je menais dans mon diocèse comme la visite pastorale dans les paroisses que je n’ai pas pu faire cette année. De même que les cérémonies de confirmation, j’en présidais une bonne dizaine chaque année. Mais cette année, je ne pourrai pratiquement pas le faire. Mais c’est parce que c’est la première année.

Peut-être que d’ici là, au niveau de Rome, il est aussi possible que le Pape me confie des responsabilités supplémentaires. Mais pour l’instant, je continue à remplir autant que je peux mes responsabilités d’Archevêque de Dakar. »



1 Commentaires

  1. Auteur

    Ibrahima Faye

    En Mars, 2012 (22:21 PM)
    Pourquoi appellez vous cela de proliferation? L'isma est entre au senegal par l'epee,alors si les propres senegalais veulent croirent en d'autre doctrines et ideologiesils sont librevive a democratie!!!

    Si vs religions sont plus fortes et si vous avez e monopol de la veriteen'ayez pas eures des eangeliques,ils sont de vrais chretiens partout dans le monde leurs temoignage est fort et veritablement defiant.

    Ce qu'ils prechent est fort.

    Dehrs les mormonsles temoins de jehova,les mustachidines wal moustachidate,les masons.

    Bienvenues au vrais chretiens qui vivent la vrae parole de Dieu sans idolatrie! Evangelique n'est as synonime de secte.
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