Samuel SARR parti : Les travailleurs de la Senelec en colère

La démission de Samuel Sarr, intervenue à une heure tardive de la nuit d'avant hier, n'est pas du goût des employés de cette société. Qui, pour manifester leur mécontentement ont abandonné hier, les bureaux climatisés de leur agence pour descendre manifester leur colère.

«Samuel a été le sauveur de la Senelec. Ce qu'il a réussi, aucun autre directeur ne l'a réussi à la tête de la boîte», avance un des cadres, visiblement très remonté contre les autorités, notamment, le Premier ministre, Macky Sall, et le ministre de l'Energie et des Mines, Madické Niang. Il accuse ces derniers d'être à l'origine de la démission de leur désormais ex-Dg. Pour ce cadre qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, seules des querelles de positionnement entre ces deux autorités peuvent expliquer la démission de M. Sarr. Parce que, selon lui, la compétence de Samuel Sarr ne peut être remise en cause. «C'est un cadre très compétent qui, en un temps record a transformé la Senelec pour en faire une société de référence au Sénégal» souligne, de son côté, Salimata Dieng, présidente de l'amicale des femmes de la Senelec. Dans la foulée, le syndicaliste-maison, Ibra Fall, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l'électricité trouve que ce départ «est l'aboutissement d'une bataille entre un Dg très compétent (Samuel Sarr) et des hommes politiques qui ne visent que leurs intérêts et non celui des populations qui sont les grandes perdantes». Selon ce syndicaliste, «Samuel Sarr est le meilleur Directeur général que la Senelec ait connu». Retraçant la gestion de ce dernier, il souligne que «M. Sarr est parvenu à unir tous les travailleurs de la Senelec autour de l'essentiel en instaurant un climat social et en mettant tous les moyens nécessaires à la disposition de tous». D'ailleurs, il fait remarquer que depuis son arrivée à la tête de cette direction, aucun mouvement d'humeur des travailleurs n'a été noté dans l'entreprise. Parce qu'«il a tout mis à notre disposition», fait-il savoir. Poussant plus loin la diatribre, Ibra Fall accuse Madické Niang et Macky Sall d'avoir échoué à la tête du département de l'énergie. «Macky Sall a été ministre de l'Energie et des Mines et Madiké Niang l'est encore, mais, à cause de leur mauvaise politique de planification de l'investissement en énergie, la Senelec a connu et continue de connaître les mêmes problèmes».

Pour un autre cadre de la Senelec de la rue Vincens, ‘c'est une décision politique, maladroite et arbitraire». Avant de souligner que «les coupures d'électricité que l'on reproche à Samuel Sarr ne sont qu'un prétexte. Macky Sall et Madiké Niang ont tous des motivations inavouées. Ce qu'ils veulent c'est avoir la mainmise sur la gestion de la Senelec» accuse-t-il. Initiatrices de ce mouvement d'humeur spontané des agents de la Senelec de la rue Vincens, les femmes n'ont qu'une exigence : le retour de Samuel Sarr à la tête de leur direction.

... essuient la mauvaise humeur des clients

Les nombreux clients qui s'étaient pointés très tôt, hier matin à la porte de la Senelec de la rue Vincens pour payer leurs factures, n'ont pu supporter le fait que les agents de cette société désertent leurs lieux de travail pour manifester contre le départ de leur ex-Directeur général, Samuel Sarr. Ainsi, c'est avec des huées qu'ils ont accueilli les travailleurs-manifestants. «Vous n'avez aucun respect pour les clients que nous sommes. Samuel Sarr n'a rien fait de bon dans sa gestion», s'écrie Marcel Preira Sémédo, venu payer sa facture. Réplique de l'autre côté : «vous n'avez rien compris. Le successeur de Samuel Sarr fera pire. Parce que ce problème de coupure dont vous vous plaignez n'a rien à voir avec les compétences de l'homme» souligne un des agents. Une remarque qui sera accueillie par une bordée de huées.

En tête de la manifestation contre le départ de Samuel Sarr, les femmes faisaient face à une centaine de clients, composée en majorité de jeunes. «C'est votre statut de femme qui vous sauve. Sinon, on allait vous faire votre fête», lance un jeune client. Pour qui, «c'est Samuel Sarr, Madické Niang et Abdoulaye Wade, qui devaient être démis il y a longtemps». Dans ce méli-mélo, la police centrale arrive et intime aux agents de la Senelec l'ordre de vider la voie publique. Ainsi, pour éviter la confrontation, un des cadres de la Senelec invite ses camarades à aller se mettre devant l'agence de la rue Vincens pour poursuivre la lutte. Ce que ces derniers acceptent de faire. Mais, à peine, cherchent-ils à regagner la devanture de leur agence qu'un vieux client crie à leur endroit que : «vous n'êtes qu'une société voyou». Manches de chemises et de vestes se retroussent. Clients et agents se font face. Des insanités fusent de partout. Surtout de la bouche des femmes qui ne cessaient de caricaturer leurs adversaires du jour. Mais, plus de peur que de mal. La confrontation n'a pas, finalement, eu lieu. Le calme reviendra grâce à l'intervention de quelques sages qui se trouvaient de part et d'autre. Il est déjà 13 heures passées. Mais, les agents de la Senelec étaient encore devant leur agence. «Nous attendons nos camarades des autres agences qui vont arriver d'un moment à l'autre», informe le secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l'électricité, Ibra Fall. Qui soutient que cette crise naissante sera généralisée à partir d'aujourd'hui dans tout le pays.