(Correspondance) - L’après Diamacoune n’inquiète pas que les populations. Loin s’en faut. La même angoisse est notée dans les rangs du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). C’est ce qui justifie la sortie de Ansoumana Badji qui appelle au calme et à la sérénité. Dans un communiqué signé avant-hier et rendu public ce lundi, l’ex-secrétaire général du mouvement indépendantiste casamançais rappelle que son mouvement doit relever le défi. Le Mfdc, selon lui ‘doit être à la hauteur de l’héritage que l’histoire lui a légué’. Car, pour Ansoumana Badji, ‘la Casamance a ses yeux braqués sur les responsables de toutes les sensibilités confondues’. Pour conséquent, soutient-il, ‘nous devons taire les querelles byzantines, la guerre des positionnements et les tiraillements de toutes sortes’. Et cela, ‘pour assumer la cause sacrée de l’identité casamançaise’.
Il s’agit en fait, selon lui, de poursuivre l’œuvre de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor. Un héritage qui comprend surtout l’accord général de paix du 30 décembre 2004. Cet accord de paix, si l’on en croit cet ex-collaborateur du vieux prêtre qui continue de revendiquer son poste malgré son limogeage, ‘reste la plate-forme la plus viable et la plus féconde pour asseoir la paix en Casamance’. A ce titre, conseille Ansoumana Badji, ‘il doit être surveillé comme du lait sur le feu et appliqué rigoureusement par toutes les parties signataires que sont le Mfdc et l’Etat du Sénégal afin d’éradiquer la violence en Casamance’.
Sur un autre plan, il rappelle que ‘l’enclavement de la Casamance qui constitue le casse-tête numéro un du Sénégal ne peut être surmonté que par une paix véritable sans laquelle, la multiplication des infrastructures consistera à construire sur du sable mouvant’.
Cette sortie de l’ex-secrétaire général du mouvement irrédentiste casamançais intervient dans un contexte particulier malgré par la disparition du vieux prêtre indépendantiste casamançais qui a tiré sa révérence avant-hier à l’hôpital militaire du Val de Grâce à Paris en France. Une structure sanitaire où il était admis depuis le 21 novembre dernier.
Cette disparition qui pose de facto la question de la succession au sein du Mfdc est d’ailleurs la cause de l’inquiétude constatée au sein du mouvement irrédentiste casamançais. Le message de Ansoumana Badji s’inscrit dans le souci d’apaiser les esprits dans l’éventualité de la tenue d’assises au cours desquelles le successeur de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor sera désigné. Une éventualité qui donne des sueurs froides avec les chocs d’ambitions en perspectives.
Les prémices d’une confrontation entre les potentiels remplaçants de Diamacoune ont d’ailleurs été vécues dès l’hospitalisation de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor. Aujourd’hui, le Mfdc se trouve dans une position où il est obligé de prendre ses responsabilités. Réussira-t-il une transition en douceur ? C’est en tout cas le souhait de Ansoumana Badji qui a pris les devants en invitant les autres responsables du mouvement à taire leurs divergences pour honorer la mémoire du défunt. Un homme qui a été pour lui ‘un phare sur le chemin de l’émancipation, de la personnalité et de l’identité casamançaises, le gardien du temple de la casamancité’. Reste maintenant à savoir si ces responsables répondront favorablement à cet appel en acceptant de ‘tuer’ leurs intérêts personnels sur l’autel du pragmatisme, dans l’intérêt de la Casamance et des Casamançais.
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