VÉTUSTÉ DU PARC AUTO10.000 taxis sur 14.000 ont plus de 15 ans

Le parc de taxis de la capitale est extrêmement vieux, avec une nette prépondérance de véhicules âgés de plus de 15 ans. L’inexistence de critères sélectifs pour la délivrance de la licence de taxis accroît le visage désorganisé du secteur.

« Dis-moi quels taxis, tu as. Je te dirai quelle capitale, tu as. » Ainsi, pourrait-on caractériser le rôle stratégique du taxi dans la promotion de l’image d’une ville et, au-delà, d’un pays. Pour Dakar, la situation est peu flatteuse. Les chiffres sont de l’année 2004, mais ils n’en sont pas moins toujours d’actualité. Sur 14.121 taxis recensés dans la capitale, seuls 85 (quatre-vingt et cinq) ont moins de cinq ans. Selon les statistiques de la direction des Transports terrestres, 132 véhicules ont un âge compris entre 5 et 10 ans. Le reste est plus inquiétant. 5165 taxis ont un âge compris entre 14 et 20 ans, alors que 4647 ont plus de vingt ans d’âge. Au total, ce ne sont pas moins de 10.812 véhicules sur 14.121 qui sont âgées de plus de 15 ans. Cette vétusté du parc est un mal bien national puisque sur l’ensemble des taxis urbains en circulation au Sénégal en 2004, (19.846 unités), seuls 304 ont moins de cinq ans !

Le directeur des Transports terrestres, Babacar Seck, reconnaît, sans détour, la vieillesse du parc de taxis, il n’en admet pas moins les limites en matière de contrôle technique de ces véhicules qui doivent répondre à des normes beaucoup plus sélectives. Pour M. Seck, le fait que l’exploitation des taxis soit ouverte à tout le monde et non pas un métier limité exclusivement à certains, comme cela se passe dans beaucoup de pays, est pour beaucoup dans le piteux état du parc. « C’est le transport urbain le plus lucratif dans les autres pays. Tous les autres sont généralement subventionnés pendant que le taximan vit des recettes de son activité », ajoute le directeur des Transports terrestres.

Logiquement, tout laisse à penser que depuis 2004, ce vieillissement du parc s’est accéléré avec les effets indirects du décret de 2001, limitant l’âge des véhicules et entré en vigueur en juillet 2003 ; les importations de voitures d’occasion s’étant réduites comme peau de chagrin, pendant que les concessionnaires de la place n’ont pas l’habitude de voir les taximen taper à leur porte pour acquérir des véhicules neufs.

D’où l’idée de renouveler le parc de taxis urbains qui fait son chemin et est, quelquefois, évoquée par les autorités ; le Comité exécutif des transports urbains de Dakar, ayant même lancé un cahier des charges pour la réalisation d’un tel projet. L’implantation d’une usine de montage iranienne de la société Iran Khodro industrial group avait été avancée, il y a quelque temps. Cette entreprise, habituée à monter des véhicules de marque française dans son pays, se proposait ainsi d’installer une usine au Sénégal. Un modèle proche de la Renault 19 Chamade avait semblé ravir l’adhésion des transporteurs, « en raison de son coût qui pouvait valablement concurrencer les prix des véhicules importés de moins de cinq ans », explique Babacar Seck.

Si l’urgence de réformer le parc de taxis ne fait plus aucun doute, il reste à en déterminer les conditions financières. Les péripéties liées au renouvellement des cars rapides laissent à penser, que lorsqu’il s’agira de parler d’argent, les chauffeurs seront plus loquaces.