Faut-il mettre définitivement une croix sur Ibrahima Sonko ? En tout cas la question a fini de diviser le staff technique des Lions où, apparemment, seul le «patron» Henryk Kasperczak tient à récupérer le défenseur de Reading. Mais avec la dernière sortie de l’ancien capitaine des Espoirs, qui en passant avait fait défection sur la route de Ouagadougou lors du dernier Burkina-Sénégal (1-0), le sélectionneur national aura du mal à convaincre les autres membres de son staff.
A quel jeu joue Ibrahima Sonko ? La question résonne partout, au siège de la Fédé, dans les grand’places et sous l’arbre à palabres. Une question qui trouve toute sa pertinence suite à la dernière sortie vendredi dernier dans la presse anglaise du défenseur de Reading. «Je n’ai jamais dis que j’avais accepté de jouer pour le Sénégal. Pour l’instant, je n’ai pas de réel choix à faire, puisque seule la sélection du Sénégal m’a proposé de jouer. J’attends des nouvelles de la France pourquoi pas.»
Des propos qui ont dû faire sursauter tous ceux qui avaient lu, quelques jours avant dans Le Quotidien, un entretien dans lequel Sonko (oui, le même !) déclarait : «Je n’ai jamais dit que je vais jouer pour la France. Je n’ai pas reçu de convocation des Français. Je n’ai reçu qu’une convocation, c’est celle du Sénégal et je suis fier de l’avoir reçue.» Avant d’ajouter par rapport à un éventuel doute sur son choix de répondre à l’appel de l’Equipe nationale : «Premièrement, il n’y a pas de choix. Parce que le Sénégal est le seul pays qui m’a convoqué. Deuxièmement, je n’ai pas eu à penser à ça parce qu’il n’y a pas eu de choix. S’il y avait le choix de jouer pour la France, je l’aurais dit. Mais, je n’ai pas ce choix. Je ne pense pas à quelque chose qui n’existe pas.»
Alors pourquoi cette volte-face qui jette de l’ombre sur la personnalité du garçon et sur ses rapports avec sa parole d’homme ? A écouter ses propos, aux résonances parfois sibyllines, ses parents ne seraient pas étrangers à ses inconstances du moment : «Mes parents m’ont dit qu’ils avaient lu dans la presse que j’avais dit oui à la sélection africaine, mais je peux vous dire que c’est faux ! C’est bien que vous me donniez l’occasion de rétablir la vérité. Vous savez, je n’ai que 25 ans, et tout est possible dans le foot. La France pourrait aussi me sélectionner, qui sait…»
Pourtant toujours dans Le Quotidien, le défenseur de Reading réfutait avec force la pression venant des membres de sa famille qui n’ont pas caché leur souhait de voir leur fils évoluer sous les couleurs de la France : «Ceux qui le disent n’ont rien compris, ils oublient que je suis un homme responsable qui prend et assume entièrement ses décisions. Je n’ai besoin de personne pour me décider, je suis assez responsable pour ça», avait-il martelé dans le vif.
SEUL KASPERCZAK…
Mais avec ce nouveau jeu de yo-yo dont il semble se plaire, Sonko aura du mal à convaincre le Sénégalais lambda, lassé par cette relation «je t’aime, moi non plus» avec l’honorabilité de son maillot national. Ainsi que les membres du staff technique des Lions divisés sur la question dans de grandes largeurs. Dans l’entourage de la sélection, le sujet laisse enfler un profond désaccord au gré des louvoiements du natif de Bignona. «Seul Kasperczak s’entête à vouloir coûte que coûte enrôler à nouveau Sonko sous la bannière nationale, clame-t-on dans l’entourage des Lions. Mais il faut savoir qu’à part le sélectionneur, tout le monde au sein de la «tanière» est d’accord qu’il faut mettre une croix sur ce garçon. Il ne respecte pas sa parole, il se contredit, il snobe tout le monde et il n’a même pas de respect pour l’entraîneur qui s’est plusieurs fois déplacé pour essayer de le convaincre. Ce n’est pas sérieux, il se décrédibilise en agissant de cette manière. Et j’espère qu’avec la nouvelle donne liée aux déclarations contradictoires qu’il a servies à l’opinion à l’intervalle de trois ou deux jours, le staff technique va prendre ses responsabilités en le biffant définitivement de la liste.»
Des propos assez fermes qui viennent confirmer l’ambiance assez spéciale qui sévit dans la «tanière» concernant le cas Sonko, qui en passant, est loin d’être un élément indispensable pour l’organisation défensive des Lions. Le défenseur de Reading est puissant, physique, très dur au marquage, bagarreur, mais, présentement, il n’est pas d’une qualité supérieure aux défenseurs centraux actuels de la sélection. A l’image d’un Diatta, d’un Diawara ou d’un Diakhaté, il a encore ce déficit technique qui devrait faire de lui un arrière central complet, mais qui pourrait surtout juguler ce souci de relance qui mine le jeu des Lions. Au sein du staff des Lions aussi, on ne l’espère pas comme un messie : «On ne doute pas des qualités de Sonko, mais il ne faut pas qu’il oublie que le staff technique a plusieurs paires de défenseurs centraux qui peuvent faire l’affaire, suite à l’absence de Malickou Diakhaté. La force de l’Equipe nationale, c’est qu’elle a beaucoup de joueurs polyvalents. En prenant la décision de le pister Kasperczak fait juste son devoir d’entraîneur qui consiste à convoquer un joueur compétitif, et qui est régulier avec son club. Un point, c’est tout. Mais il y a une ligne à ne pas franchir. Toute chose à une limite. Trop, c’est trop.» Sonko n’a-t-il pas fini de franchir la ligne jaune ?
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