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ENTRETIEN AVEC... Tony Sylva, gardien de but des Lions : « Les Burkinabè ne nous feront pas de cadeaux»

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ENTRETIEN AVEC... Tony Sylva, gardien de but des Lions : « Les Burkinabè ne nous feront pas de cadeaux»

Il fait partie de la vieille garde de la tanière. L’un des gardiens du temple. Il a participé pratiquement à tous les grands moments de la sélection nationale du Sénégal, depuis 2000. Parmi les héros du Mondial asiatique avec dans les gants une place de quart de finaliste et une finale de la Can en 2002, Tony Sylva est toujours là. Titulaire indiscutable depuis bientôt six ans, le portier Lillois reste solide à son poste. Dans cet entretien qu’il nous a accordé à quelques heures du capital Sénégal-Burkina, comptant pour la dernière journée des éliminatoires de la Can 2008, l’ancienne doublure de Fabien Barthez à l’As Monaco, est revenu sur cette importante sortie des Lions, demain samedi au stade Léopold Sédar Senghor. Une rencontre à domicile synonyme de match-piège, face à des Etalons toujours motivés face au Sénégal. Avec ses trente deux ans sonnés, l’un des piliers de l’équipe rêve d’une quatrième participation à la plus prestigieuse compétition africaine. Un voeu qui passera forcément par une victoire devant le Burkina, mais aussi avec un grand Tony Sylva dans les buts. Entretien !

Tony, comment appréhendez-vous cette dernière sortie des Lions contre le Burkina ?

C’est un match important comme tous les autres matches qu’on a eu à jouer jusque-là. Vous savez, les matches on les prépare tous de la même manière. Même si, celui de samedi a sa particularité. On sait cependant que notre destin est entre nos mains. C’est un dernier match qu’il faut bien préparer et gagner à tout prix.

Qu’est-ce qui fait la difficulté de ce match ?

On a eu auparavant des cas de figure de ce genre de rencontre. Contre le Mali (lors de la dernière journée des éliminatoires combinées Can-Mondial 2006 à Dakar), l’équipe était déjà éliminée. Malgré tout, les Maliens avaient amené tout leur effectif. La suite, on l’a connaît. On l’a gagné (3-0) avec beaucoup de difficultés. On sait que rien n’est facile. Et que les Burkinabé ne nous feront pas de cadeaux. C’est à nous de tout faire pour bien préparer ce match et avoir les trois points. Tout le monde est conscient de cela. Rien n’est acquis d’avance. Mais, je suis sûr que si tout le monde y met du sien, on s’en sortira. On a une bonne équipe avec beaucoup de qualités.

Qu’est-ce qui a été déterminant face au Mali ?

Il y avait la motivation. Tout le monde était conscient qu’il fallait gagner ce match pour espérer se qualifier. Aujourd’hui, c’est quasiment le même cas de figure. Pourquoi, on ne devrait pas s’en sortir. J’ai entendu dire que le Burkina Faso était notre « bête noire ». Je ne partage pas cet avis. C’est juste une rencontre avec ses réalités. Il faudra l’analyser sous cet angle.

N’avez-vous pas peur d’être surpris par cette modeste équipe Burkinabé ?

Non ! (ferme). Ce n’est qu’un simple match. On a déjà connu des cas de figure. C’était plus délicat et on s’en est sorti. Maintenant, sur le terrain, tout peut arriver. On sait à l’avance qu’il va falloir gagner. On tâchera de ne pas faillir à notre mission.

L’équipe Burkinabé sera composée en majorité de joueurs locaux comme à l’aller. Et qui seront motivés face à des professionnels…

Ce sont des jeunes qui seront très motivés, c’est évident. Ils auront envie de prouver leur qualité. Ce n’est pas toujours qu’on a la chance de jouer ce genre de rencontre. Ils ne nous feront pas de cadeaux, comme je l’ai dit. Ce sera le match de leur vie. A nous de montrer qu’on est chez nous. D’autant plus que le rêve de toutes les équipes, à l’heure actuelle, c’est de battre le Sénégal, chez lui. Dans ce contexte, on aura besoin de l’appui du public. Il faudra que tout le monde vienne pour nous soutenir.

Le Sénégal n’a pas perdu à Dakar depuis longtemps. Il vous arrive de songer un jour perdre à domicile ?

(Rires) On n’y pense même pas. Cela ne me traverse même pas l’esprit. On n’en parle jamais. Et que Dieu fasse que cela n’arrive pas ce samedi (éclats de rires). On sait ce qui nous attend et on a tous envie de faire un bon match, de finir en beauté.

A domicile, le gardien n’est pas très sollicité. Comment parvenez-vous à gérer ces moments de solitude ?

Souvent quand on ne marque pas, alors qu’on se crée des occasions, il arrive qu’on se pose des questions. En se disant que cela peut tourner dans le sens inverse à tout moment. Il faut rester dans le match. Une seule erreur peut changer le cours d’une rencontre. A l’extérieur, il arrive qu’on vive la même chose. Lors des deux déplacements qu’on a effectué (en Tanzanie et au Mozambique), il y a eu partout une forte mobilisation avec le déplacement du Chef de l’Etat. C’est difficile de jouer ce genre de match. Même si c’est l’équipe du Sénégal qui est en face, c’est toujours difficile. C’est vrai que les joueurs n’étaient pas présents, par contre il y avait des jeunes qui ont tout donné. On a eu deux matches nuls qui nous ont permis aujourd’hui de rester en tête. Il faut encourager ces jeunes qui sont en équipe nationale. Vous savez, ce n’est pas facile. On avait passé une quinzaine de jours ensemble. Loin de la famille, loin des amis. C’est stressant ! Malheureusement, les gens ne pensent qu’à la victoire. On oublie que les joueurs ont plus envie de décrocher les trois points.

Mais à domicile, le gardien est moins exposé.

Dans les buts, on se prépare à toutes les éventualités. Il n’y pas de match facile pour un gardien. Tu peux être sollicité à tout instant. De la même manière, tu peux passer un match tout à fait tranquille. Mais le plus important, c’est de rester dans le match.

Comment faire pour rester dans le match quand le ballon n’est jamais là ?

(Rires) En parlant aux joueurs. Il faut les motiver, les replacer, les rassurer. Qu’ils sentent qu’il y a une présence derrière eux. On est tous responsable. Chacun sait ce qu’il doit faire. Cela ne sert à rien de crier sur un joueur. Je ne l’ai jamais fait et ce n’est pas aujourd’hui que je vais le commencer. Rien que la pression du public suffit au joueur. Il ne faut pas en rajouter. Surtout pour ces jeunes qui ont envie de prouver. Ce n’est pas facile pour eux.

Il y a en un à qui vous ne pourrez pas donner des conseils, c’est Pape Malickou Diakhaté. Blessé, il sera forfait pour ce match. Sa présence va vous manquer.

C’est vrai que c’est un jeune qui a des qualités. On aurait tous souhaité qu’il soit là. Mais nul n’est indispensable dans cette équipe. C’est ce que j’ai toujours dit. Tous les joueurs qui sont là, méritent leur place. C’est normal aussi que tout le monde veuille jouer. Ce qui n’est pas possible. Malickou n’est pas là aujourd’hui. Quelqu’un d’autre prendra sa place.

En tant que gardien de but, vous arrive-t-il de chercher des informations sur les attaquants de l’équipe adverse ?

(Sur un ton ferme) Non ! Je n’ai jamais fonctionné de la sorte.

Pourquoi ?

(Rires) Je n’en ai jamais parlé, mais je vais vous raconter une anecdote : j’avais un entraîneur lorsque j’étais dans les équipes de jeunes à la Jeanne d’Arc de Dakar. Il est très connu, c’est le père «Gaucher Paye». Il est aujourd’hui à l’Institut Diambars (Centre de formation de jeunes footballeurs). Il m’a une fois dit que : «Le football, c’est rien d’autre que le ballon. N’accorde pas beaucoup d’importance au reste, et concentres-toi sur le ballon. S’il n’y avait pas le ballon, on ne serait pas là.» J’ai toujours retenu ces conseils. Je me dis toujours que ce n’est pas la personne qui est face de moi qui m’intéresse. Mon adversaire, c’est le ballon. Je suis là pour l’arrêter. Et j’ai toujours fonctionné de la sorte. Il arrive qu’on regarde les vidéos certes, mais je me dis que c’est le ballon qui nous réunit nous tous.

Vous êtes prêt à vivre votre quatrième Can ?

(Direct) Ah oui ! Tant que je suis en mesure d’apporter quelque chose à l’équipe nationale, je ne vais pas m’en priver. Une nouvelle Can, ce sera toujours un plus pour moi. Une nouvelle expérience. Ce sont des moments importants dans la carrière d’un footballeur. Vous savez, le seul plaisir que je donne à certaines personnes me pousse à poursuivre l’aventure avec la sélection nationale. Il y a des gens qui sont rassurés dès qu’ils me voient dans les buts. Ce sont des choses qu’on ne s’explique pas. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’essayer à chaque fois d’être là quand on a besoin de toi. Même s’il arrive que je traverse des moments difficiles, je réponds quand même à la sélection nationale. C’est surtout pour les gens qui comptent sur moi.

Qu’est-ce qui fait la force de Tony ?

C’est un travail de longue haleine. Tu ne peux rien obtenir sans le travail. Il y a aussi l’envie. Je suis passé par là. J’ai observé pas mal de gardiens de buts de l’équipe nationale du Sénégal. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes gardiens veulent devenir comme Tony Sylva. Cela fait plaisir.

A qui pourrait revenir demain la place de Tony Sylva ?

C’est difficile de le dire. Je ne vis pas sur place. Je ne sais comment se déroule le championnat national. Je ne vois pas les gardiens de buts. Dans quelles conditions ces jeunes-là évoluent. Je sais qu’il y a du talent. Maintenant, si on ne les aide pas, on ne trouvera de sitôt un remplaçant à Tony Sylva (rires). On me pose d’ailleurs souvent la question en Europe. Pourquoi, on ne voit pas beaucoup de gardiens africains ? Ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas bons. C’est juste les infrastructures qui posent problème.

Comment est l’ambiance entre vous et les autres gardiens de la sélection nationale ?

Il n’y a jamais de problème. Depuis que je suis là, c’est le respect qui a toujours prévalu entre nous. C’est le poste où il y a plus de respect entre les mecs. On sait qu’il n’y a qu’un seul titulaire et les autres doivent patienter. Ce n’est jamais facile. Je ne me suis jamais comporté comme étant le numéro un. On est là pour l’équipe. On joue et on gagne pour l’équipe.

Est-ce que vous êtes prêt à être sur le banc ?

(Rires). C’est l’entraîneur qui décide Mais, je pense que j’ai prouvé que je mérite d’être là où je suis actuellement. J’ai beaucoup travaillé pour mériter la place que j’occupe actuellement. Tant que j’aurais les moyens de garder les buts de l’équipe nationale, je ne m’en priverai pas.

Parlons de votre début de saison avec Lille. Comment ça se passe ? Ça va, malgré un début de championnat assez poussif avec cinq nuls. Disons que c’est une équipe jeune. Il y a eu beaucoup de départs. On produit du jeu. Malheureusement, on ne parvient pas à garder le score. C’est très difficile. On aura le temps de tout arranger avec l’entraîneur. Je reste optimiste pour la suite du championnat.

Pourquoi avez-vous choisi de rester cette année ?

J’avais donné ma parole à l’entraîneur que j’allais rester. Maintenant, ils ont voulu me faire signer un autre contrat, je n’ai pas voulu. Je vais faire la saison et voir ce que cela va donner.

Vous avez un choix de pays ou de clubs ?

C’est clair que tout footballeur rêve de découvrir autre chose. S’il y a des propositions demain, on les étudiera.

Vous souhaiteriez évoluer dans quel championnat ?

Soit l’Angleterre, l’Espagne ou l’Italie. C’est juste avoir un endroit où je pourrai faire le boulot que j’aime. J’ai trente deux ans. L’avenir nous dira où je vais atterrir.

 



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