Tambacounda (Sénégal) : Gros, gros coup de théâtre hier sur le peloton motos de la 29ème édition du “ Dakar ”. Du même tonneau que cette catastrophe dont on disait, dans notre édition d’hier, qu’elle était la seule à pouvoir bouleverser la hiérarchie apparemment très solide du haut de tableau. Sur l’antépénultième étape, entre Kayes au Mali et Tamba au Sénégal, le leader chez les “ deux roues, l’Espagnol Marc Coma, tenant du titre (KTM n°1) qui comptait près d’une heure d’avance sur son suivant le plus immédiat, a lourdement chuté 57 km après le début de la spéciale. S’en tirant avec un traumatisme crânien et, forcément un abandon. Celui qui était en tête de la horde des motards depuis la toute première manche en terre africaine, laissait donc la voie libre à son ex dauphin, le Français Cyril Desprès (KTM n°2) qui s’est imposé au bout de la chevauchée et en même temps emparé du commandement général. Le vainqueur de l’épreuve en 2005 semble donc bien parti pour remporté son 2ème succès. Mais, après la mésaventure de Coma, Desprès attendra certainement d’avoir franchi la ligne d’arrivée pour crier victoire.
En autos, l’Espagnol Carlos Sainz (VW n°303) s’est payé une nouvelle victoire – consolation d’étape devant le Français Stéphane Peterhansel (Mit n°302) qui conserve la tête du peloton et semble filer vers un 3ème titre en autos après ceux de 2004 et 2005. Mais, ce matin, Peterhansel ne se soit certainement pas encore sur la plus haute marche du podium. Puisqu’en 2003, c’est à cette étape de la course qu’il menait largement qu’il avait perdu le commandement. Et puis, après ce qui arrivé hier à Coma…
Encore plus confortable leader est le Hollandais Hans Stacey (Man n°501) qui, à deux petites étapes de la fin, a un écart de 3h02mn50 sur l Russe Mardeev. Et l’on peut malgré tout être sûr que l’épisode d’hier refrénera chez lui toute envie de crier victoire avant d’avaoir franchi la ligne d’arrivée.
Aujourd’hui donc, le “ Dakar ” arrive chez lui en provenance de Tamba. Et demain sur le Lac rose, il livrera ses ultimes verdicts.
Sur la piste des Sénégalais : Alioune Sarr échoue si près du but
Tamba : L’incroyable nouvelle ! A 18h49, hier, Marc Ducrocq, le directeur de course motos s’extirpe du PC Course de Tamba et assène sa sentance : “ Alioune Sarr vient d’embarquer à bord d’un camion de Total. Ce qui équivaut à prendre place dans le camion – balai. C’est de l’assistance extérieure et cela équivaut à un abandon ”. Dur à avaler ! On savait que le motard sénégalais (Yam n°153) avait passé la journée à galérer. Mais, comme il s’en était tiré la veille entre Ayoun el Atrous en Mauritanie et Kayes au Mali, on se disait bien qu’il survivrait à ces ennuis, chez lui, au Sénégal. Il semble, cependant que sa panne de la veille avait été mal réparée, le soir même au bivouac de Kayes. Pourtant, le garçon a été si charmant tout au long du parcours que chacun a voulu lui venir en aide. Afin qu’il arrive à Dakar. Et jeudi nuit, même un des ingénieurs de Yamaha s’est penché sur sa monture en piteux état pour lui redonner les moyens de repartir. Et “ Lune ” était effectivement reparti, hier matin de Kayes. Mais avec un retard qui lui aurait du lui valoir l’élimination. Il avait donc fallu négocier ferme. Et il put repartir. Tout n’avait cependant pas été fait dans les règles de l’art. Si bien qu’au bout de quelques dizaines de km, le mal est revenu ; et en pire. Son moteur cassé de la veille avait subi encore plus de dommage. Si près du but, il n’était cependant pas question pour lui de s’avouer vaincu. Alors, il a essayé de mécaniquer ; il s’est battu plus férocement que jamais. Pour, au bout du compte abdiquer face à l’ampleur des dégâts.
Rageant d’abandonner à deux jours de l’arrivée ! Chez soi en plus ! “ Lune ” croyait tenir l’affaire cette fois, après une première participation sanctionnée par un abandon l’année passée. Mais Masserigne Sèye, un des boss de la FSAM, présent hier à Tamba, a préféré, lui, insister sur “ le progrès ” fait par le seul motard sénégalais qui restait en course. “ Il y a un an il avait quitté la course tout au début. Cette fois, c’est malheureusement à la fin. C’est une progression. Mais il faut que dès lundi, Alioune se mette à préparer la prochaine édition avec des chances de la finir ”, a-t-il conseillé.
Ainsi donc, alors que le “ Dakar ” arrive à Dakar aujourd’hui, avant la manche finale de demain, les pilotes autos Erick Farges (Toy n°420) et Syndièly Wade (Nis n°408) sont les seuls concurrents sénégalais en course. Il reste à croiser les doigts afin qu’il ne leur arrive rien de fâcheux.
Sécurité : Les gendarmes de Tamba se sont directement impliqués hier dans la gestion de la sécurité du dernier bivouac du 29ème “ Dakar ”. Les effets étaient aussitôt visibles : moins de monde dans les environs immédiats. Ainsi estiment-ils réduisent les risques de vols et autres actes répréhensibles au détriment des “ Dakariens ”.
Œuvre utile : Les journalistes également se sont mis à faire dans l’humanitaire le long du circuit. Hier, à l’arrivée de la caravane à Tamba, ils se sont illustrés en offrant des habits et autres articles à des élèves de la ville. C’était à l’initiative de confrères espagnols. Gracias hombrès !
Les classements généraux
Autos
1. Stéphane Peterhansel - Jean-Paul Cottret (FRA-FRA/Mitsubishi) 43h13:22. ; 2. Luc Alphand - Gilles Picard (FRA-FRA/Mitsubishi) à 11:15. ; 3. Jean-Louis Schlesser - Arnaud Debron (FRA-FRA/Schlesser-Ford) 1h38:47. ; 4. Nasser Saleh Al Attiyah - Alain Guéhennec (QAT-FRA/BMW) 2h09:45. ; 5. Mark Miller - Ralph Pitchford (USA-RSA/Volkswagen) 2h17:47.
6. Hiroshi Masuoka - Pascal Maimon (JPN-FRA/Mitsubishi) 2h42:29. ; 7. Carlos Sousa - Andreas Schulz (POR-GER/Volkswagen) 5h20:58. ; 8. Robby Gordon - Andy Grider (USA-USA/Hummer) 7h13:18.
9. Carlos Sainz - Michel Périn (ESP-FRA/Volkswagen) 7h37:14. ; 10. Stéphane Henrard - Brigitte Bécue (BEL-BEL/Volkswagen) 8h12:28.
Motos
1. Cyril Despres (FRA/KTM) 48 h 41:00.
2. David Casteu (FRA/KTM) 35:28.
3. Chris Blais (USA/KTM) 54:52.
4. Pal Anders Ullevalseter (NOR/KTM) 1 h 30:37. ; 5. Helder Rodrigues (POR/Yamaha) 2 h 21:00.
6. Janis Vinters (LAT/KTM) 2 h 48:41.
7. Michel Marchini (FRA/Yamaha) 2 h 58:10.
8. Thierry Béthys (FRA/Honda) 3 h 12:19.
9. Jaroslav Katrinak (SVK/KTM) 3 h 26:43.
10. Henk Knuiman (NED/Honda) 4 h 26:01.
Bivouac, Chronique d’un “ Dakarien ” : Terminus !
Tambacounda : “ Plus qu’une nuit sous la tente ! ” Cette formule de soulagement, nombre de “ Dakariens ” l’ont eue à la bouche ou, à tout le moins, à l’esprit, avant-hier à Ayoun el Atrous en Mauritanie ou hier à Kayes au Mali, tôt le matin, au sortir du sac de couchage. C’était selon qu’on est simple suiveur comme l’auteur de ces lignes et l’essentiel de sa corporation de journalistes ou concurrent ou membre de l’assistance d’un team. Et pour cause, certains ont rallié Dakar et ses hôtels depuis hier, voire leur maison et leur lit propre tel ce chroniqueur du “ Dakar ”.
Pour d’autres, ce ne sera que ce soir après une dernière nuit, hier à Tambacounda, sous cet abri de fortune mais ô combien utile tout au long d’un périple comme celui qui s’achève demain sous les embruns du Lac rose. En tous cas, pour les moins nantis (ou ceux qui veulent vivre pleinement l’aventure). Car, il en est dans le peloton qui ne vivent pas toujours les rigueurs du bivouac. C’est peut-être tout à leur honneur ou à leur mérite puisque, pour pouvoir prétendre passer ses nuits à l’hôtel (là où l’on peut en trouver ou ce qui en tient lieu), il faut avoir fait ses preuves au volant ou au guidon.
Mais, pour le gros de la troupe, c’était presque tout le temps le régime assez contraignant du bivouac. Alors, la dernière nuit sous la tente, tous l’ont savourée à sa juste valeur. J’en connais même une, journaliste de son Etat, qui a … refusé une nuitée gratuite à l’hôtel, mercredi à Ayoun el Atrous juste pour ne pas retrouver le “ confort ” pour devoir, dès le lendemain, s’en priver à nouveau. “ Merci, mais, un vrai lit j’attends mon hôtel de Dakar pour y plonger à nouveau avant de savourer le mien propre à Paris ”, a-t-elle poliment répondu à celui qui lui offrait gracieusement le gîte. Cela s’appelle retarder son plaisir pour mieux le déguster.
Ce qui est sûr, c’est que tout le monde est content d’arriver, demain, au terminus. Ce tableau bien minuscule et à peine visible depuis Lisbonne, qui est cependant demeuré comme un mirage pour plus du tiers du peloton qui avait pris le départ il y a deux semaines, et qui a grossi au fil des étapes avalées pour ceux qui avaient bien négocié les pièges du parcours. Pour, en définitive, être à portée de main, à quelques tours de roue pour les concurrents. Et demain, sur les bords du Lac rose, les bienheureux, ce ne seront pas que ceux qui monteront sur le podium. Tous ceux qui ont intensément vécu ces deux semaines de compétition mais aussi de fraternisation, de souffrances et de joies, pourront se féliciter d’avoir vaincu l’adversité, se congratuler d’avoir bravé les éléments naturels et tomber dans les bras les uns des autres. Et crier à se péter les cordes vocales : “ on l’a fait ! ”
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