Hassan Shehata, champion d’Afrique en titre avec les « Pharaons » d’Egypte, se drape dans sa solitude, en cette veille de demi-finales. Non celle du sélectionneur, certains soirs de défaite quand, poussé vers la sortie, il ne trouve pas d’abri face à l’orage des critiques, mais parce que, dans le trio des autres qualifiés pour les demi-finales, il ne trouve aucun de ses pairs africains. L’expertise extérieure est passée par là. La préférence nationale attendra une autre Can pour faire valoir ses états de service. Pourtant, elle avait posé ses marques en 2006 avec, en demi-finales avec des coaches égyptien, nigérian, sénégalais à la tête des « Pharaons », des « Super eagles » et des « Lions ». Deux ans après, les « sorciers blancs » sont revenus en force. Devrait-on se résigner à leur permettre de se faire la main et un Cv dans la plus prestigieuse compétition africaine de football, tout en confinant, et encore, les fils du continent dans des rôles d’assistant ? Qu’on ne nous parle pas de racisme à rebours.
L’indépendance ne guérit pas du complexe du colonisé. Il est temps d’arrêter cette tutelle technique que rien ne justifie. Un coup d’œil sur la liste des sélectionneurs ayant réussi à décrocher le titre continental montre pourtant que les coaches africains en ont remporté, souvent dans des conditions difficiles, une dizaine sur les vingt-cinq. Des cinq sacres de l’Egypte, trois ont été acquis grâce à Mourad Fahmi (1957), Mahmoud Al Gohari (1998. Il fut aussi vainqueur de la Can comme joueur en 1959), Hassan Shehata (2006). Tous les quatre titres du Ghana ont été remportés avec des nationaux, Charles Kumi Gyamfi (1963, 1965,1982) et Fred Osam Duodu (1978).
L’Afrique produit d’excellents footballeurs, des dirigeants sportifs de grande qualité siégeant dans les Fédérations sportives internationales, s’ils ne les dirigent pas. Pourquoi ses techniciens formés dans les plus grands instituts, compétents, expérimentés sont-ils laissés en rade ? Ne seraient-ils pas dignes de prendre en charge les sélections et de s’investir dans le développement du football, pour nous limiter à cette discipline, grosse utilisatrice de « sorciers blancs » ?
Au Sénégal, un seul technicien étranger, Bruno Metsu, a jusqu’ici réussi, aidé il est vrai par le talent, la fraîcheur, l’esprit conquérant et la générosité de joueurs, à bien mettre sur orbite l’équipe nationale, en Afrique et dans le reste du monde. Où sont les défenseurs d’Henri Kasperczak, sourds, lors de son recrutement, à toutes les réserves formulées sur ses capacités à coacher les « Lions » ? Il s’en est même trouvé un à lui tresser des lauriers au cours de cette Can, quelques heures avant qu’il ne jette l’éponge. Va t-on continuer à rétribuer grassement des techniciens mis dans d’excellentes conditions pour, à chaque fois, de retour de campagne constater, amers, la sécheresse des résultats ? Il urge de mettre un terme à cette offensive des « Sorciers blancs » en valorisant l’expertise nationale pour éviter un éternel recommencement.
C’est dans la durée qu’il est possible de bâtir du solide. Pas en faisant des ponts d’or à des« sorciers blancs » réincarnés en « chats noirs » du football, au Sénégal et dans certaines zones du continent
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