MARCHE ILLICITE DU MEDICAMENT AU SENEGAL: DESCRIPTION ET STRATEGIE DE LUTTE

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MARCHE ILLICITE DU MEDICAMENT AU SENEGAL: DESCRIPTION ET STRATEGIE DE LUTTE

MARCHE ILLICITE DU MEDICAMENT AU SENEGAL DESCRIPTION ET STRATEGIE DE LUTTE

1. LE CAS DE TOUBA

La ville de Touba a été fondée en 1887 par le cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul qui a été mis en exil dans ce qui était auparavant une forêt ; avec ses disciples, il a construit cette ville. La ville de Touba est de nos jours l'une des plus grandes villes du Sénégal, de par sa démographie, son activité économique surtout tertiaire. Touba enregistre la plus forte croissance démographique des agglomérations du Sénégal (3,2% annuel pour le moment avec un taux de croissance estimé à 12% pour les années 2010). Cette croissance est due aux arrivées massives de villageois des provinces historiques du Baol et du Cayor ; ces villages se vident progressivement au profit de Touba. Lors du recensement de 2002, la population s'élevait à 461 159 habitants pour une surface de 12 000 ha2. En 2010, selon les estimations officielles, Touba compterait 1 584 132 personnes.

-Les circuits de commercialisation : Les réseaux de trafic de médicaments au Sénégal ont pour nœud Touba, ville sainte de la confrérie mouride que son statut de communauté rurale autonome - l’Etat en est absent, n’y exerçant en particulier aucune des fonctions de maintien de l’ordre et de contrôle des échanges, rend favorable à la réalisation de nombreux trafics : arachides, armes, drogue, notamment. Touba joue le rôle de lieu de stockage où viennent s’approvisionner les grossistes et les détaillants de la capitale et d’une grande partie du pays.  Les médicaments entreposés à Touba ont deux provenances principales : le voisin gambien , les structures nationales d’approvisionnement et les pharmaciens du secteur privé exerçant en grossiste répartiteur ou en officine. Enclavée dans le territoire sénégalais, la Gambie est un lieu privilégié d’échanges illicites, phénomène auquel on peut trouver, dans le cas des médicaments, plusieurs types d’explication : tout d’abord, le dalasi n’étant pas convertible, la vente permet une entrée de francs CFA facilement échangeables ; de plus, l’accès au médicament est plus aisé en dehors du circuit des officines, dans ce pays de tradition coloniale britannique ; enfin, les produits vendus ne sont pas distribués par les grandes firmes pharmaceutiques multinationales, mais fabriqués par de petites entreprises anglaises et composés essentiellement d’extraits de plantes médicinales. Le rôle de la Gambie dans le trafic des médicaments est ainsi à rapprocher de celui du Ghana à l’égard du Burkina Faso, et du Nigeria vis-à-vis du Bénin.  Quant aux structures sénégalaises, il s’agit de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), centrale de distribution qui est censée fournir à bas prix des médicaments réservés au service public (hôpitaux et dispensaires) et, auparavant de la Société industrielle pharmaceutique de l’Ouest africain (SIPOA) qui vendait aux pharmaciens une vingtaine de produits, conditionnés au Sénégal et par conséquent moins coûteux. Les commandes sont passées directement à ces institutions et complices par des trafiquants de Touba.  Par exemple le volume d’aspirine (principal médicament vendu sur les marchés) écoulée par la PNA a augmenté de 50 p/cent entre 1980 et 1981, et n’a baissé à partir de 1982 que parce que les commandes n’ont pu être honorées, faute de produits disponible Le secteur privé est responsable de l’apparition des spécialités pharmaceutiques dans le marché via les grossistes distributeurs ayant à leur solde des pharmaciens d’officine véreux, il a contribué largement au développement du marché illicite des médicaments. Du faite de l’absence notoire de l’autorité de l’état, de la demande croissante en médicaments due à une démographie en nette évolution, des acteurs tirant un avantage certain du marché frauduleux du médicament au détriment des lois et règlements, du protectionnisme dont bénéficient les trafiquants et de la non application des peines prévues par des lois souvent obsolètes ou inadaptées, la lutte contre ce fléaux semble ainsi ne porter aucun fruit. En effet les instances régissant la pharmacie et le médicament pêchent à trouver des solutions. Fort de ce constat, les pharmaciens soucieux de préserver leur dignité et leur outil de travail se sont associé en regroupement afin d’apporter des ébauches de solution. Comme dans tout trafic, il y a une transaction frauduleuse d’un produit entre le fournisseur et le receleur. Dans notre cas les acteurs sont bien identifiés et malheureusement bien protégé par des failles juridiques, socioculturelles et religieuses comme précédemment démontré. D’où l’idée de d’écarter tout facteurs et élément de ce système de fraude que nous ne pourrons saisir et combattre. Il en ressort une constante non encore utilisée jusqu’ici et qui est le médicament. Le médicament au Sénégal emprunte deux circuit : le circuit du publique avec l’initiative de Bamako et le circuit privé où interviennent grossistes répartiteurs et pharmaciens d’officines. Il est évident que ces deux circuits ont en commun d’alimenter un troisième circuit parallèle qui est le marché illicite du médicament.   En revenant sur la définition du trafic nous constatons par déduction qu’à défaut d’en combattre les acteurs, il serait possible de les confondre en tarissant les sources d’approvisionnement des produits objets de la transaction frauduleuse, en l’occurrence le Médicament. Pour se faire, nous proposons de mettre en place un système de traçabilité permettant d’identifier tous les acteurs (grossistes, pharmacies du privé et du publique) intervenant dans la vie du médicament finis depuis son arrivée au Sénégal jusqu’à sa destination finale grâce à l’usage de marqueurs numériques qui pourront donner des renseignements tels des empreintes digitales. Egalement un retour à l’orthodoxie voudrait que le circuit du publique revienne de droit aux seuls pharmaciens habilités à manipuler les médicaments, d’où la révision de la politique l’I.B. pour son application unilatérale dans le privé. Enfin, une politique de mutualisation à l’échelle nationale serait un atout pour les populations souhaitant faire face aux couts des dépenses de santé.

2. Perspectives Dans un avenir proche, nous entrevoyons un circuit pharmaceutique maitrisé par l’usage de nouvelles technologies de traçabilité et d’échantillonnage du médicament permettant d’identifier les acteurs du trafic par un traitement statistique des données recueillis, un cadre juridique réformé en faveur de l’action des instances pharmaceutiques (que sont l’ordre, la DNP et le syndicat) et juridiques (cours et tribunaux) , une politique nationale de la santé en faveur des population par l’expérimentation de la mutualisation, des assises nationales de la pharmacie pour débattre de la vie des professionnels du médicament en vue d’apporter des solutions adaptées et à terme assurer l’avenir de la profession pour nous et les générations futures.

 


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Mansour - #1

Beaucoup De ThÉorie Mais La Seule Solution Qui Vaille Ce Sera De Rendre Le MÉdicament Accessible Au Plus Grand Nombre Tout Le Reste Est LittÉrature. Diminution 1 Des Taxes Par L’État 2 Du Profit Par Les Pharmaciens Ceux Qui Cherchent Des Solutions Alternatives (pharmacopÉe, MÉdicaments De La Rue)n'ont Pas Le Choix Du Fait De La RaretÉ Des Ressources Voila La VÉritÉ.

le Mardi 18 Avril, 2017 à 22:53:11RépondreAlerter

Anonyme - #2

Merci Pour Votre Théorie Mansour

le Lundi 24 Avril, 2017 à 06:55:30RépondreAlerter

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