Le soleil ne s’est pas encore tout à fait levé que Maman Sophie, la
cinquantaine, est déjà au chevet de ses plants, dans son jardin situé à
Lyndiane, à l’entrée de la commune de Ziguinchor, en venant d’Oussouye.
A
l’image de Maman Sophie (non affectueux), de nombreuses femmes, chefs
de familles ne parviennent à entretenir leurs progénitures que grâce aux
retombées du maraîchage, dans une région dont le fort potentiel
économique se trouve plombé depuis de nombreuses années par
l’insécurité.
La crise Casamance, née en 1983 d’une rébellion
armée conduite par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance
(MFDC), a fait que cette région autrefois appelée «le grenier du Sénégal
» ne décolle plus. Ou presque plus.
Même situés en ville, des
quartiers comme Lyndiane n’échappent pas tout à fait à la relative
insécurité qui règne de façon générale dans cette région du sud du pays.
Comme d’habitude, les jets d’eau de Maman Sophie réveillent tôt le
matin, Lyndiane et son monde. Comme tous les jours, brave la fraîcheur
matinale du fleuve Casamance, pour s’occuper de ses plantes. Dans son
jardin, la salade arrivée presque en maturation, le gombo, le bissap et
les choux suscitent l’admiration du visiteur. «C’est grâce à mon jardin
que j’entretiens mon foyer composé de cinq bouts de Dieu», explique
Maman, le foulard bien noué, mais qui laisse encore échapper quelques
cheveux blancs.
«A l’occasion de ma première campagne de salade
(qui dure une période de 3 mois au maximum), j’avais eu 75.000 FCFA,
sans compter les autres variétés comme le gombo et les choux»,
précise-t-elle, un brin fière, assurant qu’elle pourra tenir debout,
elle n’abandonnera jamais son jardin d’à 40m2.
A côté du jardin
de Maman Sophie, celui d’Emma Sagna. Divorcée, elle vit avec ses deux
filles dont la plus âgées à quatre ans. «Je n’ai pas le choix. N’ayant
pas de boulot, je suis obligée de m’investir dans le maraîchage qui est
la seule opportunité qui s’offre à moi», souligne Emma, s’affairant
autour de son puits creusé au milieu de la cours de la maison.
«Elle (Ema) qui dispose d’un puits est vraiment contente», lance la
maraîchère d’à côté. Marie Coly, elle, n’a pas de puits pour son jardin.
«Je puise chez mon cousin qui se trouve à trois cent mètre pour venir
arroser ma salade», confie cette ancienne vendeuse de bounouk (vin de
palme), la bassine sur la tête.
Le soleil commence à monter
petit à petit. Il est environ 10heures, lorsqu’un groupe de femmes se
dirige vers la sortie de Lydiane, vers le village de Brin. Ici, les
rizières sont transformées en jardins. Chaque femme à sa parcelle,
clôturée de paille ou de feuilles de palmier. «Celles qui n’ont pas de
parcelles libres dans la ville se retrouvent ici. Chacune peut avoir son
lopin de terre», souligne Fatou Bodian.
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