La campagne agricole tarde à démarrer au Fouladou, au grand dam des producteurs. Inquiets de ce retard, ces derniers font recours aux marchés hebdomadaires pour écouler leurs graines d’arachides à des prix dérisoires.
La campagne de commercialisation de l’arachide a démarré dans plusieurs localités du pays. Mais, dans le département de Kolda, la mise en place des financements bloque le système qui tarde encore à commencer sur le terrain. A en croire M. Ibrahima Sarr, le chef du service régional du commerce, «certains opérateurs privés n’ont pas encore les financements nécessaires leur permettant d’acheter les graines». A côté de ce facteur limitant, s’ajoute le matériel de pesage et d’équilibrage dont la réfection n’est pas encore assurée. Deux handicaps majeurs qui empêchent le démarrage de la campagne de commercialisation de l’arachide dans la capitale du Fouladou.
Face à ce blocage, les producteurs ne savent plus à quel saint se vouer. Et pour faire face à leurs besoins alimentaires et pouvoir remplir certaines obligations financières en cette veille de Tabaski, les paysans font recours aux marchés hebdomadaires où ils écoulent une partie de leur production à des prix en dessous de 150 francs le kilogramme. De Saré Yoba à Diaobé, en passant par Témento Djidé, des sacs d’arachides sont toujours exposés à chaque rendez-vous hebdomadaire par des paysans acculés par leurs besoins d’argent.
Malgré tout, Ibrahima Sarr signale que ce blocage sera bientôt levé car, lance-t-il, «les techniciens seront là pour réfectionner tout ce matériel et les fonds seront disponibles auprès des opérateurs privés pour acheter la production». Du côté du Conseil régional de concertation des ruraux (Crcr), on se pose des questions sur la subvention de l’Etat. Pour Mohamed Cissé, son président, l’Etat doit subventionner 200 000 tonnes alors qu’on attend une estimation de 800 000 tonnes.» Et M. Cissé de s’interroger sur la clé de répartition de ces 200 000 tonnes au niveau des différentes régions. Car, ajoute le président du Crcr, «à Kaolack, la campagne démarre très vite, contrairement à Kolda». Une idée qui laisse penser que la région de Kolda risque de ne pas avoir de subventions.
C’est pourquoi le Conseil régional de concertation des ruraux demande à l’Etat du Sénégal de veiller à la clé de répartition des subventions dans le but d’en faire bénéficier chaque région. Cette inquiétude n’a pas atténué celle des paysans, comme le souligne Mohamed Cissé. «La récolte est bien terminée et les graines sont encore stockées dans les concessions des maisons, pour défaut d’ouverture des points de collecte.» Dans tous les cas, c’est la colère et la grogne chez les différents producteurs qui déjà s’interrogent sur le devenir de leurs récoltes.
Certes l’approche de la fête de Tabaski est à l’origine de ce dépôt de graines dans les marchés hebdomadaires. Mais aussi s’y ajoute l’inquiétude des encadreurs sur la clé de répartition des subventions. D’ailleurs la semaine dernière, les partis politiques membres du Cpc, du G10 et de la Ld/Mpt s’étaient réunis pour diagnostiquer entre autres la situation socio-économique dans la localité. Et la campagne de commercialisation de l’arachide de cette année est largement décriée. Les leaders de parti rassemblés à Kolda ont affirmé que les producteurs et leurs familles sont plongés dans l’inquiétude et le désarroi.
Rappelant la manifestation organisée dernièrement par les ruraux, l’opposition déclare que la campagne agricole connaît la plus grave crise de son histoire. Pourtant, lors des précédentes campagnes, les producteurs de Kolda, précisément ceux de l’arrondissement de Médina Yoro Foulah s’étaient bien distingués dans la production en quantité et en qualité. Une distinction qui avait valu la descente au Fouladou du directeur général de la Sonacos pour primer, féliciter et encourager ces paysans dont la ressource principale provient du travail de la terre. Auront-ils encore ces honneurs avec ce grand blocage dans le démarrage de la campagne qui du reste a fini de semer le doute et le scepticisme ?
Pour l’heure, les graines d’arachides se trouvent à foison dans les marchés hebdomadaires de la place où de nombreux ressortissants des pays limitrophes viennent s’approvisionner à bon prix.
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