BANCARISATION DES POPULATIONS - Ecobank déploie les grands moyens

Banque à réseau Ouest-africain, Ecobank déploie une nouvelle stratégie "agressive" dont le caractère plutôt original vise une "bancarisation massive" des populations. Outre les grandes entreprises, les Etats, ainsi que les Petites et moyennes entreprises, la cible de la banque grossit avec les fonctionnaires, étudiants, commerçants et autres agriculteurs.

Au départ, elle n'était pas un établissement tous publics. La donne a changé et, outre les grandes entreprises et récemment les Petites et moyennes entreprises, les fonctionnaires, étudiants, commerçants et autres agriculteurs devraient figurer dans le portefeuille de Ecobank.

Dans les six prochains mois, le groupe qui a son siège à Lomé (Togo) et qui est présente dans 13 pays en Afrique, compte "offrir une gamme de différents produits financiers et bancaires en direction de la population la moins bancarisée et l'amener chez nous", a déclaré, hier au cours d'une rencontre avec la presse, Mme Evelyne Tall, tout fraîchement nommée directeur régional de la Banque pour la zone de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et précédemment directeur général de Ecobank Sénégal.

Pour la période de juillet-décembre 2006, la stratégie déclinée sur deux axes et qui vise à continuer à servir les grandes entreprises, d'une part, et d'autre part, à accélérer l'intervention au niveau des Pme/Pmi, mais aussi attirer la clientèle non encore bancarisée, l'objectif étant de profiter du potentiel existant pour accroître le taux des populations bancarisées. À ce niveau, les statistiques les plus récentes donnent un nombre de comptes dans l'Uemoa de 2,5 millions de comptes. Pour une population de 78 millions d'habitants soit un taux de bancarisation de seulement 3%. En considérant que 50% de cette population est active, le taux est porté à 6% et alors que 40% seulement de cette population active a la capacité d'avoir des revenus pouvant les amener en banque, cela donnerait toujours moins de 10%. Un taux très bas, "inacceptable", selon Mme Tall, "quand vous le comparez à des pays comme le Ghana, ou encore la Tunisie qui, il y a trente ans, avaient des économies comparables aux nôtres", dit-elle.

Aussi, pour la catégorie hors circuit, la banque au niveau de l'Uemoa, est descendue sur le terrain en lançant des "kiosques". Une nouveauté qui vise à permettre à ces populations qui n'osent pas, ou n'ont pas le réflexe de pousser la porte d'une banque, de prendre de l'information à proximité.

Il est important de noter et Madame Tall le souligne, qu'"il ne s'agit pas point de transactions financières, pour des raisons évidentes de sécurité", dit-elle, mais de kiosques d'information sur la banque, tout en ayant la possibilité au niveau de ces mêmes kiosques, d'ouvrir un compte en toute connaissance de cause.

À Dakar, la banque a déjà installé deux de ces kiosques et en plus de cette action, il s'agit pour la banque d'envoyer sur le terrain des jeunes agents commerciaux diplômés au chômage, sélectionnés et formés par la banque, pour aller vers les populations.
Dans la sous-région, 110 "kiosques" vont être déployés dans les différents Etats, employant 220 jeunes agents commerciaux qui se déplaceront dans les domiciles pour proposer les produits de la banque, informer et conseiller les clients. Autrement dit, "si les populations ne viennent pas à la banque, la banque va vers les populations".

La cible apparaît ainsi très clairement identifiée. Et si aujourd'hui il faut innover pour se maintenir sur le marché, au-delà du fait que la banque a une démarche de proximité, " nous voulons nous acheminer vers une banque panafricaine et de domicile", souligne en substance le directeur de Ecobank Sénégal, Ehouman Kassi.