Si les choses ne s’améliorent pas rapidement, c’est bientôt l’image d’un pays en panne sèche que le Sénégal va offrir, au grand dam du ministre de l’énergie, qui veut se doper de communiqués incantatoires.
Le ministre de l’Energie et des mines, Me Madické Niang, a jugé utile, en cherchant à rassurer les consommateurs, à nier l’évidence. Ramant à contre-courant de la réalité, il a publié hier un communiqué de presse pour assurer «qu’il n’existe pas de pénurie de gasoil et que les stocks de produits présents dans le pays sont suffisants pour satisfaire les besoins normaux de consommation.». Au moment où la majorité de stations-services de Total sont à l’arrêt, faute de pouvoir être approvisionnées, que les embouteillages ont fortement diminué sur nombre d’artères de Dakar, le ministre considère qu’il «n’est pas nécessaire que les automobilistes constituent des réserves». Cynique, il considère même que ce sont les cohues vers les station-services qui «rendent difficile la gestion de l’approvisionnement des stations-services.».
Quand le ministre de l’énergie déclare que la société Shell décharge 30 000 tonnes de gasoil, les stations de la compagnie Shell à travers la ville assuraient hier qu’elles n’avaient pas été approvisionnées, et qu’elles risquaient de ne pas pouvoir distribuer du carburant aujourd’hui. Pour ce qui est du bateau que Total attend pour le 17 septembre prochain (Voir Le Quotidien d’hier), des personnes proches de la direction de la compagnie assurent que la compagne n’est pas disposée à remplir ses fûts dans les conditions actuelles.
Elles assurent que «Total fait de la rétention de carburant. Cette société aurait encore au moins 10.000 tonnes de gasoil dans ses réserves, mais elle ne veut pas les mettre en vente, parce que l’Etat lui doit encore de l’argent. Et même, il paraît qu’un bateau-citerne de Total mouille déjà dans les eaux internationales, mais les dirigeants de la société ne veulent pas qu’il débarque». Les mêmes personnes assurent que le Garonne, dont le communiqué du ministre confirme la venue pour le 17 prochain, risque de ne pas pointer le bout de son étrave dans le port de Dakar. «D’abord, ils ne veulent pas que le gouvernement les réquisitionne une fois de plus, sans qu’ils sachent quand ils pourraient être dédommagés. En plus, et c’est la véritable raison, les dirigeants de Total, tout comme ceux des autres compagnies pétrolières, veulent négocier avec l’Etat en position de force, et pouvoir lui imposer leurs conditions.». Les jours prochains seront décisifs, d’autant plus qu’ à la Sar, on assure que le conditionnement du gaz butane n’est pas à l’ordre du jour. Les dernières bonbonnes en stock ont été épuisées avant-hier, et à partir de demain, des scènes de foules cherchant à se procurer du gaz risque de reprendre, comme il n’y a pas longtemps.
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