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Economie

Christian Samra, directeur général de Sunéor « La fraude sur l’huile nous fait perdre 10% de notre chiffre d’affaires »

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Christian Samra, directeur général de Sunéor « La fraude sur l’huile nous fait perdre 10% de notre chiffre d’affaires »

Natif de la région de Thiès et Sénégalais d’origine libanaise, Christian Samra est le Directeur général de la Suneor. Une entreprise qui, selon lui, perd 10% de son chiffre d’affaires du fait de la fraude sur l’huile. 

Quel bilan  tirez-vous de l’actuelle campagne arachidière ?

Pour la campagne 2008-2009, nous avons acheté 100 000 tonnes de graines par rapport à la campagne précédente qui était de 50 000 tonnes. Donc, c’est une campagne qui est moyenne. Puisque la capacité de nos usines est de 300 000 tonnes. Et, pour que nos usines soient rentables, il faut absolument tourner entre 250 000 et 300 000 tonnes de graines achetées. Nous avons souffert car la graine coûte de plus en plus chère, puisque le prix est fixé cette année, sans subvention, par l’Etat et le Cnia. Alors que les années précédentes, nous achetions des graines avec subvention de l’Etat. Nous avons acheté cette graine à 165 Fcfa pour le kilo au producteur, alors que l’année dernière elle coûtait 150 Fcfa. Et c’est Suneor qui prend la différence à sa charge. Ce qui, vous l’imaginez, est très compliqué pour rentabiliser des industries.

Vu sous cet angle, est-ce que vous vous en sortez, financièrement ?  

Pour l’année 2008, nous avons obtenu un résultat qui n’est pas à la hauteur de celui qu’on souhaitait. Ce qui nous amène à avoir de l’huile chère. Puisque, forcément, le prix de l’huile est important pour nous retrouver économiquement. Il faut savoir aussi que la campagne ne s’est pas déroulée comme on le souhaitait. Parce que le prix au producteur a été fixé au mois de décembre 2008. Ce qui est déjà très tard.  Alors que certains opérateurs ont commencé à acheter la graine, au mois d’octobre, sans respecter le prix fixé au producteur. Ils allaient bord-de-champ, avec leur cash, et achetaient la graine moins chère. Comme nous sommes plutôt légalistes, nous attendons que l’Etat nous fixe le prix, pour que nous nous mettions à acheter. Et nous avons perdu deux mois sur l’achat des graines.

Cela dit, comment envisagez-vous la prochaine campagne ?

Pour la prochaine campagne, je vais la lier à celle des semences pour laquelle l’Etat fait un appel d’offres de 30.000 tonnes. La Suneor avait réservé 20 000 tonnes de ses meilleures graines pour cette nouvelle campagne arachidière. L’Etat ne nous a finalement accordé que 8000  tonnes. Ce qui fait que nous sommes obligés de remettre 12 000  tonnes en trituration. Vous imaginez une industrie comme la nôtre, dont l’arachide est importante pour le bon  fonctionnement, n’avoir que 8000 sur 20 000 tonnes. C’est quand même assez perturbant et plutôt pessimiste pour l’avenir de la prochaine collecte qui va commencer vers septembre-octobre. On espère que la collecte se passe bien. Mais, vous savez que c’est très compliqué pour nous d’être opérationnels et de pouvoir servir, du mieux que l’on peut, les paysans. Le dernier appel d’offres concernant ces semences s’est terminé en fin juin. L’Etat nous a avisés, fin juin, du tonnage final que l’on devait mettre à la disposition des paysans. De notre côté, nous avons mis le maximum de nos moyens pour permettre aux paysans d’avoir la graine à temps. Et nos 8000 tonnes son entièrement distribuées et semées.

Il semble que vos semences ont mis du temps à être acheminées. Certains ont même parlé de cafouillage vous concernant. Qu’en est-il exactement ?

En ce qui nous concerne, il n y a pas de cafouillage au niveau de nos équipes. Puisque nous avons les 20 000 tonnes qui étaient prêtes depuis le mois de mars. Le premier appel d’offres était fait depuis le mois de mars et nous avons répondu à l’Etat que nous avions  20 000 tonnes disponibles. L’Etat nous a répondus, fin juin, sur la quantité que l’on devait distribuer. Donc, cela fait un mois, que toutes nos graines ont été distribuées. Si l’Etat nous avait répondus courant avril, sur la disponibilité et la quantité de semences à mettre à la disposition des paysans, il est évident que les choses iraient beaucoup plus vite.

Avez-vous une politique de partenariat avec les paysans ? Si oui, quel type de partenariat entretenez-vous avec eux ?

Ce partenariat avec le monde paysan ne peut pas se faire. Parce qu’il a une profession qui s’est immiscée dans le système de la filière arachide : celle des intermédiaires. Des opérateurs qui ont la part belle dans le système, puisqu’ils servent d’intermédiaires. Il faut savoir que nous avons l’obligation d’acheter à 165 Fcfa le  kilo, pour le paysan. Mais, ce kilo d’arachide nous revient, rendu-usine, à 200 Fcfa. Donc, la différence, c’est l’intermédiaire qui la prend pour se payer et désintéresser les transporteurs qui livrent la graine. Si vous imaginez que le transport coûte entre 7 et 9 Fcfa le kilo, je vous laisse faire le calcul pour voir combien un opérateur se met dans la poche.

Malgré tout, l’impression qui se dégage est que vous ne pouvez pas vous passer de ces opérateurs. Est-ce le cas ?

Lors d’une rencontre, à la Présidence où il nous avait convoqués, pour nous présenter la révolution verte, le chef de l’Etat avait demandé à ce qu’il n’y ait plus d’intermédiaire dans la filière. Le seul problème est que nous sommes en fin juillet. Et qu’à partir de septembre, nous devons, tous, être en ordre de marche, pour avoir une belle campagne et procéder aux achats. Nous ne savons pas toujours, aujourd’hui, comment va se dérouler la prochaine collecte. Est-ce qu’elle va se faire par le canal des intermédiaires ou bord-de-champs, rendu-usine ou carreau-usine. Nous n’avons aucune information à ce niveau-là. Mais, il est évident que si ces éléments ne nous arrivent pas rapidement, et dans les délais, nous prendrons les mesures nécessaires  pour assurer le bon développement de notre entreprise. 

Quel est alors, à votre avis, l’avenir de la filière arachide au Sénégal ?

Il faut savoir, en termes de stratégie, que la Suneor appartient au groupe Advens et le président du Groupe, M. Abass Jaber, a deux axes importants pour le Groupe. Le premier axe, c’est la filière arachide avec la Suneor. Le second axe, c’est la filière coton en Afrique de l’Ouest. Donc, nous sommes très impliqués au niveau de la filière arachide, puisque c’est notre principal métier et nous concevons que l’avenir est autour de la filière arachidière. En 2008, nous avons investi plus de 2 milliards de Fcfa dans le renouvellement du capital semencier. Mais, il faut savoir que cette mission ne devait pas revenir uniquement à la Suneor. Nous avons pris la place des bailleurs de fonds et de l’Etat. Alors que ce n’est pas à nous de participer au renouvellement semencier. Si l’on veut envisager une filière arachidière hyper optimiste pour les années à venir, il est impératif que le ministère de l’Agriculture jette les bases d’un véritable renouvellement du capital semencier. Aujourd’hui, on se masque les yeux. Evidemment, l’agriculteur va dire que la semence que vous me donnez n’est pas de bonne qualité. Mais cette semence, elle vient d’où. Ce n’est que la collecte de l’arachide. Alors que la semence est déjà pauvre en qualité. Donc, on ne peut pas avoir de la bonne graine, puisqu’elle s’appauvrit tous les ans. En somme, il faut avoir un bon capital semencier qui permet de passer de 500 ou 600 kilos à l’hectare à 200 tonnes à l’hectare. Ce qui baissera le prix au producteur et augmenter son volume de production. Et augmenter ainsi ses gains. Il faut savoir que l’appauvrissement du capital semencier est très négatif parce que notre rendement en huile s’en ressent.       

On a noté, ces temps-ci, une augmentation du prix de l’huile. Quelles en sont les raisons ?

Depuis deux ans, nous n’avons pas augmenté le prix de l’huile. Nous avons même procédé, en décembre 2008, à une baisse de 2 à 3 % sur le prix. Jusqu’en juillet 2008, nous avions une taxe de sauvegarde que l’Etat a levée. Le prix de l’huile augmente sur le marché international. Alors que nous, depuis deux ans, nous n’avons pas augmenté le prix. Mais, comme l’Etat a enlevé toutes ses taxes de sauvegarde, nous avons été obligés, pour des raisons économiques, de répercuter cette hausse sur le prix de l’huile au consommateur. Toutefois, suite à des échanges avec les associations de consommateurs, nous avons limité cette hausse. Ainsi, nous avons décidé de ne pas répercuter complètement cette hausse sur le prix de l’huile.  

La concurrence ne vous cause-t-elle pas trop de problèmes ?

Nous avons, avec la concurrence, un gros problème. Surtout quand on sait qu’elle est déloyale dans la mesure où le principal concurrent est l’huile de palme en provenance de la Côte d’Ivoire. Il  faut savoir que cette huile est largement subventionnée par les autorités malaisiennes et indonésiennes. Qui produisent cette huile brute, la subventionnent  et la vendent pas chère en Côte d’Ivoire. Où elle est raffinée et rentre  dans le marché de l’Uemoa. Ce qui nous cause de très graves problèmes. L’autre phénomène, tout aussi inquiétant, c’est la fraude qui rentre massivement par les frontières mauritanienne et gambienne. Et là, ce sont des huiles qui ne paient ni taxes, ni droits de douane, encore moins Tva. Alors que la Suneor est une entreprise qui paie cher ses taxes qui participent à l’économie. Pis, ces huiles qui nous envahissent sont de très mauvaise qualité et ne participent pas à l’essor économique du pays. Alors que nous injectons, pour notre part,  plusieurs milliards de francs Cfa, par an, en taxes de toutes sortes. Sans parler des emplois à sauvegarder  

En termes de chiffre d’affaires, à combien évaluez-vous le préjudice causé par la fraude ? 

Il se chiffre à plusieurs milliards de francs Cfa. Parce que, c’est un pan de notre activité qui est affecté. Et c’est 10% de notre chiffre d’affaires qui est tenu par la fraude. C’est colossal.  Mais, malgré tout, nous avons décidé de maintenir les emplois. Et cela, en dépit de la crise financière que l’on ressent au Sénégal et ailleurs. La preuve, deux de nos industries sont à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Néanmoins, nous n’avons mis personne, parmi nos permanents, en chômage technique.      



4 Commentaires

  1. Auteur

    Baobuzz

    En Décembre, 2015 (17:57 PM)
    Je suis étonné de voir encore des infos concernant Christian SAMRA. Je le connais pour l'affaire ou plutôt les affaires de détournement qui le concernent.

    C'est un imposteur qui prétend savoir faire alors qu'il est dramatiquement incompétent. Il a eu la chance de rencontrer des personnes qui ont cru en lui à leur dépend, il s'est servi de ces personnes pour à chaque fois cacher ses insuffisances.

    Christian SAMRA est à fuir
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  2. Auteur

    Gwenaelle

    En Décembre, 2015 (18:00 PM)
    Je suis daccord !!!

    Christian SAMRA un "fake" !!!! :emoshoot: 
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    Auteur

    Charles Samra

    En Décembre, 2015 (18:01 PM)
    oui je dois admettre qu'on en a bavé avec lui.  :fbhang: 
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    Auteur

    Babou Dia

    En Mars, 2016 (17:57 PM)
    Je tombe avec surprise sur un article de cet individu : Christian Samra.

    Je vous confirme qu'il est bien un imposteur. Un individu chez qui tout est posture, rien derrière. Il est mauvais et traîne derrière lui des dossiers. Déjà chez Boulanger, entreprise française, il s'est fait sortir suite à un dossier délicat le concernant.

    Donc si vous croisez Christian Samra faites attention à sa superficialité qui masque un grand vide et une mauvaise personne.

    Bon. Dia
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