Le diagnostic sans complaisance de la revue annuelle du cadre de coopération entre le Sénégal et les Etats-Unis allant de 2006 à 2010 recommande une continuité de la coopération. C’est ainsi que l’Usaid a décidé d’injecter la somme de 134 millions de dollars en appui aux programmes sur l’éducation, la santé, la croissance économique et le processus de paix en Casamance jusqu’en 2010.
La satisfaction est mutuelle entre les Etats-Unis et le gouvernement du Sénégal. En passant hier à la loupe la « revue annuelle » de leur coopération bilatérale, les deux parties ont affiché le sourire. C’est la raison pour laquelle « l’esprit de continuité » a été prôné par le ministre du Budget, Cheikh Aguibou Soumaré, représentant la partie sénégalaise. Encore une fois, les objectifs stratégiques comme l’éducation, la santé et le programme Wula nafa seront poursuivis dans l’exécution de cette nouvelle coopération entre le Sénégal et l’Agence américaine pour le développement international (Usaid). Étalée sur les quatre prochaines années, cette nouvelle coopération sera exécutée à hauteur de 134 millions de dollars, budget consacré à quatre secteurs à savoir la santé, l’éducation, la croissance économique et l’appui au processus de paix de la Casamance.
Prenant donc en compte les secteurs prioritaires du gouvernement sénégalais (éducation, santé etc), la nouvelle coopération entre les deux pays débute sous de bons auspices. Car, selon Cheikh Aguibou Soumaré, le ministre du Budget, « le taux de décaissement de l’année 2006 estimé à 73 % est l’un des plus élevés enregistrés dans notre coopération bilatérale ». Dans la clé de répartition de ce budget, c’est encore la santé qui se taille la part du lion avec 73 millions de dollars, soit 54 % en valeur relative. La croissance économique vient en seconde position avec 38,5 millions de dollars. L’éducation et la Casamance suivent chacune avec 16,8millions de dollars et 5,5 millions. Ce qui correspond à 13 % au premier secteur et 4 % pour le second. Cet appui des Etats-Unis au gouvernement sénégalais connaît tout de même une nette diminution, relève Lisa Franchett, directeur par intérim de l’Usaid. Diminution qu’elle explique par l’appui des autres partenaires comme la Banque mondiale qui ont accepté d’autres projets du gouvernement sénégalais. Les besoins spécifiques seront consacrés à cette manne financière que l’Etat américain va injecter au trésor public sénégalais. Pour ce qui est de la santé, la lutte contre des maladies, comme le Sida et la tuberculose sera davantage soutenue avec la mise sur pied des programmes de santé pour les collectivités locales. En matière de croissance économique, les résultats à mi-chemin sont satisfaisants avec une augmentation, selon le directeur par intérim de l’Usaid des revenus du pain de singe à hauteur de 500 mille francs Cfa au producteur. Le programme mangue connaît aussi une nette amélioration. À terme, l’exécution de ce programme permettra de réduire de 10 % les dégâts occasionnés par la mouche du fruit. Aujourd’hui, note Lisa Franchett, plus de 100 000 sénégalais sont impliqués dans la filière mangue. Dans le domaine de l’éducation, la nouvelle coopération sera axée sur la construction des classes et des collèges de proximité, un volet jadis dévolu aux Ong américaines qui recevra, cette fois une contrepartie de l’Etat Sénégalais.
Aussi cette coopération, s’il a le mérite d’être renouvelé, est toutefois caractérisée par un certain nombre de « difficultés pouvant entraver la bonne exécution des programmes, relève Aguibou Soumaré. C’est ainsi qu’un diagnostic sans complaisance des différents axes de cette coopération a permis d’identifier dans la croissance économique une « dualité » entre deux systèmes (quota de charbon) et un système de gestion basé sur les plans de forêts aménagés. Des difficultés ont été signalées dans les programmes de santé et sur le programme Casamance. À ce niveau, des recommandations ont été faites pour la mise en place d’un cadre formel de concertation et de coordination des différents secteurs. Pour autant les difficultés les plus criantes sont localisées au niveau de l’éducation. Là, il est noté une « absence de formation initiale » des professeurs vacataires dans les collèges de proximité, et surtout du personnel enseignant féminin « inexistant » dans ces collèges.
En dépit de ce diagnostic sans complaisance, le directeur par intérim de l’Usaid n’hésite pas à qualifier cette revue annuelle de « meilleure revue » tenue jusque-là. Les raisons ? « Il y a eu une fréquence dans la tenue des réunions et une bonne préparation des rencontres des différents services en charge de ces objectifs stratégiques », commente Lisa Franchett.
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