Le Président Wade veut évincer la Somat de la gestion de la liaison maritime Dakar - Ziguinchor, avec le bateau Aline Sitoe Diatta. Mais il se heurte à l’hostilité des bailleurs qui ont financé le bateau. Ce qui fait qu’aujourd’hui, rien n’a été officiellement annoncé et le nouveau bateau est laissé à l’abandon au Port.
Les propos du Président Abdoulaye Wade, vendredi 14 décembre, lors de la réception officielle, au Môle 1 du Port autonome de Dakar (Pad), du bateau Aline Sitoé Diatta, ont plongé le monde de la navigation maritime nationale dans une zone de fortes turbulences. Me Wade avait déclaré que l’exploitation de ce bateau, destiné à assurer la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, allait être confiée à un consortium de Sénégalais d’activités maritimes. Le président a déclaré qu’il s’agissait d’un groupe de Sénégalais «sérieux, financièrement solides et je leur ai demandé d’associer des femmes de Ziguinchor et des femmes du Nord dans le capital et dans la gestion». Ces propos du chef de l’Etat battaient en brèche les déclarations de son ministre de l’Economie maritime.
M. Souleymane Ndéné Ndiaye, voulant porter la contradiction à une information du journal Le Quotidien, avait assuré que la Somat allait continuer l’exploitation de la desserte maritime Dakar-Ziguinchor, comme il avait été déjà décidé à l’origine. Or, le jour même de l’inauguration, c’est ce même ministre qui, avant l’arrivée de son chef, arrachait une banderole de la Somat, qui souhaitait la bienvenue au Président Abdoulaye Wade au Port de Dakar.
A ces nouveaux gestionnaires du bateau, le Président Wade affirmait le même jour : «Le Sénégal vous fait confiance pour la bonne gestion de ce bijou de 17 milliards de francs, sacrifice du Sénégal pour le désenclavement du Sud.» Toutes ces paroles ont plongé la Somat dans l’émoi, car elles confirmaient une information qui circulait déjà. (Voir Le Quotidien n°1482 du mardi 11 décembre 2007). Mais jusqu’à ce jour, la Société maritime de l’Atlantique (Somat), gestionnaire du Wilis assurant la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, déclare n’avoir reçu aucune notification officielle de cette nouvelle situation. Ses responsables affirment avoir appris la nouvelle au même moment que tous les Sénégalais, lors du discours du Président Wade au Môle 1 du Port.
«Le contrat n’a aucunement été dénoncé par l’Etat sénégalais. Et aucune condition légale n’est, pour le mo-ment, réunie pour le dénoncer. Mieux, la Somat n’a jamais fait l’objet d’une mise en demeure venant de l’Etat», soutient Abdou Salam Kane, le président du collectif des cadres de la Somat. C’est lui qui est monté au créneau, au moment où la direction de l’entreprise préfère garder le profil bas. M. Kane ajoute : «Aucune des conditions permettant de dénoncer le contrat, comme des manquements touchant à la continuité du service public, à l’intérêt général, à la sécurité, à la faillite de la société…, n’a été jusqu’ici soulevée.» Suffisant pour que la Somat considère pouvoir légitimement continuer à gérer la liaison maritime Dakar-Ziguinchor. Le cadre de l’entreprise va même plus loin et assure qu’en cas de rupture abusive du contrat, la Somat n’hésitera pas à saisir le tribunal d’arbitrage pour réparation des dommages subis.
Dans le cadre dudit contrat, l’Etat a confié à la Somat «la gestion technique et commerciale de la desserte maritime Dakar-Ziguinchor pour une période de 20 ans, renouvelable par tacite reconduction». En contrepartie, l’Etat verse une compensation financière à la Somat pour combler le déficit d’exploitation du service public.
Car, explique M. Kane, «les tarifs ont été fixés et homologués par l’Etat du Sénégal. Et ces tarifs ne tiennent pas compte du coût d’exploitation réel de la ligne. C’est ce qui explique le versement, par l’Etat, d’un montant cumulé de 2,9 milliards de francs Cfa, depuis le début de l’exploitation de la ligne par la Somat». C’est le retard dans le versement de cet argent qui a motivé l’envoi d’une correspondance aux autorités gouvernementales par la direction de l’entreprise maritime, dans laquelle, elle explique qu’elle ne pourrait plus poursuivre l’exploitation de la ligne, si elle ne recevait pas ses arriérés de paiement avant le 15 janvier. (Voir Le Quotidien d’hier).
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