Disette dans le monde rural : Le ministre de l'Agriculture passe aux aveux

Amath Sall le reconnaît après que les acteurs ont sonné l’alerte plusieurs fois : la soudure sera plus précoce et plus longue que d'habitude. Mais, rassure-t-il, les dispositions ont été prises pour y faire face. C’est ainsi que, révèle le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage en visite à Thiès, un premier stock d’urgence est entrain d'être constitué et le dispositif d’alerte, de signalisation et d’information est déjà opérationnel.

(Correspondance) - ‘Le gouvernement a pris la bonne mesure et dispose de tous les éléments pour prévenir toutes les difficultés alimentaires que pourraient rencontrer les Sénégalais sur le territoire national’. Cette assurance est du ministre de l'Agriculture et de l'Elevage qui réagissait en marge de la cérémonie d'ouverture du séminaire de formation en gestion, destiné à quinze femmes du Directoire des femmes en élevage (Dirfel) de Thiès. Pour Amath Sall qui reconnaît que, cette année, la soudure sera plus précoce et plus longue que d'habitude, toutes les dispositions ont été prises en toute responsabilité et en toute sérénité en dehors de toute volonté de minimiser ou d'exagérer le problème, l'essentiel étant de prendre la mesure objective du problème et d'apporter des réponses concrètes. Aussi fera-t-il savoir que d’ores et déjà, des dispositions ont été prises pour entamer l'acquisition d'un premier stock d'urgence, mais aussi que le dispositif d'alerte, de signalisation et d'information est déjà opérationnel.

Au-delà, le ministre de l'Agriculture et de l'Elevage s'est dit d'avis que la leçon qu'il faut tirer de la situation actuelle sur le plan stratégique reste celle de la maîtrise de l'eau. Car, dira-t-il, si on regarde bien les chiffres, on se rend compte que, depuis trente ans, la question de la pluviométrie est la question clé qui détermine le profil de la campagne agricole en termes de résultat et de performance, même quand les semences sont d'excellente qualité. Par conséquent, il déclinera la ferme volonté du gouvernement d'aller vers la maîtrise de l'eau, seule voie pour sécuriser la production agricole et les revenus des producteurs. ‘Nous allons, dès la prochaine campagne agricole, mettre en place, à titre expérimental, des dispositifs d'irrigation d'appoint pour les cultures basses comme l'arachide qui permettront d’intervenir quand il y a déficit pluviométrique. Nous avons identifié les dispositifs techniques adéquats et allons en acquérir six à sept qui seront placés dans les différentes régions écologiques pour une phase test’.

Toujours dans sa volonté de maîtrise de l'eau, le gouvernement va, selon Amath Sall, s'investir dans la vallée du fleuve et du bassin de l'Anambé en ce qui concerne les eaux de surface. ‘Nous avons un programme prioritaire de récupération de 35 000 hectares aménagés dans la vallée du fleuve Sénégal qui ont été abandonnés soit parce qu'ils n'ont pas été correctement entretenus, soit parce qu'ils ont été aménagés de façon précaire’. Ces trente-cinq mille hectares vont, à l'en croire, constituer le premier volet prioritaire d'aménagement qui permettra d'augmenter de 25 à 60 000 hectares la superficie rizicole sous maîtrise de l'eau avec comme objectif de doubler la production de riz au Sénégal. D'ailleurs, précise-t-il, la Saed a entamé, il y a trois jours, la réhabilitation de 37 000 hectares. Le relais devrait être pris pour 11 300 autres ha, de façon à ce que 15 000 ha de terre soient réhabilités en 2008 et 20 000 en 2009. Ceci pour dire, selon le ministre, que le gouvernement est conscient que la question de la maîtrise de l'eau est au cœur de la problématique du développement et de la modernisation de l'agriculture. ‘Certes, la maîtrise de l'eau au Sénégal nécessite des travaux gigantesques, mais il faut le faire car nous avons vu qu'il y a des pays moins dotés que le Sénégal en ressources hydriques, qui sont parvenus à maîtriser l'eau et qui sont devenus des puissances agricoles’, fait-il remarquer.

S'agissant de la culture de l'arachide et de l'absence notoire de semences de qualité qui hypothèque la production de cette spéculation, Amath Sall se donne comme délai l'horizon 2011-2012 pour doter les paysans sénégalais de semences certifiées. ‘Le capital semencier est en cours de reconstitution, mais nous n'avons pas encore atteint la quantité qui nous permettrait de couvrir l'intégralité des besoins’, fera savoir le ministre qui souligne que le chronogramme qu'ils ont établi, leur permet de dire que le capital semencier sera intégralement reconstitué à l'horizon 2011-2012. Et, ajoute-t-il, cela ne veut point dire qu'entre temps, ils ne donneront pas des semences aux producteurs. ‘Nous leur donnerons les semences certifiées pour une partie - ce qui sera issu du processus de multiplication de semence - et pour une autre partie, ce seront des semences sélectionnées à partir des résultats de la récolte de la campagne en cours’, dira-t-il.