Entre les cartonneries, les fabricants de sacs en papier et de plastique, l'industrie de l'emballage au Sénégal est surdimensionnée par rapport à une demande locale extravertie. Les options et choix stratégiques contenues dans l'étude menée sur la branche et restituée hier sur une initiative du Bureau de mise à niveau(Bmn) au Sénégal, présagent d'une augmentation de 37 milliards de FCfa sur les 5 prochaines années, de l'activité de l'emballage, sous réserve de la concrétisation des recommandations.
Le diagnostic est clair : d'un côté des industries productrices d'emballages sur-équipées avec un niveau organisationnel très proches des standards européens, de l'autre des industries utilisatrices qui se tournent de plus en plus vers l'importation d'emballages, ou vers des solutions d'intégration verticale. Entre les deux, un marché anarchique de l'emballage, pourtant premier maillon de la chaîne de fabrication d'un produit notamment alimentaire, et qui se déclinent surtout en formats micro-dosés et cependant adaptés au pouvoir d'achat de la population ciblée et présentant toutefois, bien souvent, des problèmes importants d'hygiène poussant les acteurs à réclamer de l'Etat une "mise à niveau réglementaire". Résultat, à la lumière d'une étude commanditée par le Bureau sénégalais de mise à niveau et restituée hier aux différents acteurs du secteur privé, les industries modernes d'emballage dont les trois grosses pointures (emballages métalliques, en carton et plastiques) se retrouvent avec un niveau d'activité largement insuffisant par rapport aux capacités installées soit à 60% de leur capacité de production, se faisant ainsi rogner des parts de marché par les importations de produits mieux adaptés aux besoins spécifiques des utilisateurs qui se rabattent également sur des produits de substitution comme les emballages plastiques.
Dans ces conditions, notent les auteurs de l'étude, il s'avère difficile pour les industriels de l'emballage de proposer à leurs clients industriels locaux qui se plaindraient de la qualité irrégulière des emballages fournis par les entreprises sénégalaises, des prix compétitifs et un réel service de recherche et développement. Ce manque de compétitivité des fabricants industriels d'emballage s'étend dans le micro-conditionnement de leurs produits, suscité par la concurrence du re-conditionnement artisanal (Mbouss), mais le coût est jugé prohibitif.
Il se trouverait que les productions étant limitées en quantité du fait de l'ampleur du marché, les clients industriels généralement de petite taille et producteurs de biens de consommation, ne commandent pas des quantités suffisantes d'emballages pour pouvoir bénéficier de tarifs intéressants et ne peuvent ainsi se permettre de s'approvisionner en emballages originaux, empêchant du coup la différenciation, selon les auteurs de l'étude.
Aussi, le diagnostic général fait par ces derniers fait ressortir que le taux de croissance de l'industrie de l'emballage reste sous la barre des 7%, et la principale difficulté pour ces entreprises provient du trop faible volume de la demande, tandis que l'information économique sectorielle reste inaccessible et que les groupements professionnels n'ont pas réussi à jouer leur rôle d'encadrement.
Aux normes
Aux yeux des auteurs de l'étude, ces données prennent tout leur sens en comparant avec la situation internationale notamment en Europe et au Maghreb. Le constat est qu'au plan technique notamment, les différences significatives se situent essentiellement au niveau des variétés des matériaux et emballages disponibles, de la qualité et la technicité de ces matériaux, de la recherche et développement, de la sécurité et l'hygiène liées aux processus de fabrication des emballages, de conditionnement, de stockage et de transport. Même si, note l'étude, les produits exportés du Sénégal et du Maghreb satisfont aux normes européennes.
Question prix, il apparaît cependant que l'approvisionnement en emballages en verre est très coûteux pour les entreprises sénégalaises, tandis que pour les emballages métalliques et en carton, la légère différence de prix en faveur de l'UE ne justifierait généralement pas l'importation. À ce sujet, on apprend que les couvercles métalliques à ouverture facile sont nettement moins chers en UE, justifiant ainsi que le Sénégal les importe.
653 Milliards
À la lumière du Diagnostic fait par l'étude sur l'industrie de l'emballage, des recommandations stratégiques touchent à l'environnement professionnel et institutionnel, à la mise à niveau des entreprises et une meilleure prise en compte des créneaux porteurs. C'est ainsi qu'il y a nécessité de renforcer le rôle fédérateur et moteur des organisations professionnelles, de généraliser des analyses et des formations à la sécurité alimentaire, d'améliorer la réglementation sur les informations légales du packaging, entre autres.
Mais en raison du taux moyen d'utilisation des capacités (60%) et du niveau relativement appréciable des technologies, il convient, selon l'étude d'augmenter les volumes de production des secteurs utilisateurs de l'emballage.
Aussi, en termes d'actions, l'étude recommande-t-il sous forme de fiches de projets, la mise en place d'un système de traçabilité, la conception de nouveaux produits, la maîtrise du risque alimentaire et autres créations de label au niveau des entreprises, tandis qu'au niveau de l'environnement, il est question de la création d'un institut de marketing, ainsi qu'un autre de conditionnement et d'emballage.
La mise en œuvre de ces différentes actions devrait permettre de rendre possible une substitution des importations de produits agroalimentaires par la production nationale, sachant que la progression cumulée de la production nationale serait de 195 milliards de FCfa sur les 5 prochaines années.
Il s'en suivrait une croissance des exportations de produits agroalimentaires et une croissance supplémentaire de la consommation nationale, mais surtout, une augmentation du chiffre d'affaires de l'industrie de l'emballage qui est envisagée à 37 milliards de FCfa sur les 5 prochaines années.
Dans cette dynamique, l'étude met en évidence le retour sur investissement de ces actions stratégiques, signalant que pour 1,5 milliards de FCfa investis, on parviendra à augmenter la production nationale de 653 milliards de FCfa, représentant une augmentation moyenne annuelle du chiffre d'affaires des entreprises productrices d'emballages de 18%. Plutôt ambitieux.
2 Commentaires
Dembele Founé
En Octobre, 2014 (14:26 PM)Anonyme
En Décembre, 2018 (20:20 PM)Pour des raisons de confidentialité je ne peux divulguer le nom ici, mais sachez que c'est désormais possible et nous sommes intéressés par le marché sénégalais des emballages.
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