Les producteurs et opérateurs économiques de l'arrondissement de Tanaff au Sud de Sedhiou ont choisi la rue, hier lundi, pour exprimer leur inquiétiude mêlée de colère. Les centaines de tonnes de graines d'arachide qu'ils soutiennent avoir collectée, seraient en souffrance pour défaut de pouvoir les convoyer vers les usines afin de rentrer dans leurs fonds, suivant les exigences du système carreaux-usine.
Une situation exacerbée par le refus catégorique des gros porteurs de s'aventurer dans la zone, en raison du piètre état des routes à l'origine des graves accidents. Aussi, dès les premières lueurs de la matinée ce lundi, une foule nombreuse essentiellement composée de personnes du troisième âge a pris d’assaut le point de départ de collecte de Mamadou Benteng, point de départ de la marche.
La maison communautaire était la première étape de la présentation des doléances. La foule s’est ensuite ébranlée vers le poste de police via le marché central pour enfin aboutir à la sous-préfecture. Le maître des lieux Massamba Mbodj, à qui ils ont remis un memorandum, promet de transmettre le document à qui de droit, non sans se féliciter du calme et de la discipline dont ont fait montre les marcheurs. Le contenu du document qui résume la situation, a été lu par Mamadou Diatta, le porte-parole des marcheurs. "C'est avec tristesse et pincement au cœur que nous interpellons directement le Chef de l'Etat sur nos conditions d'existence difficile. La route nationale n°6 qui relie Tanaff est en état de dégradation inacceptable, surtout la distance de Tanaff à Sampe longue de 33 km. À ce jour, cette route est abandonnée par les transporteurs et surtout les gros porteurs, ce qui nous plonge dans un profond désarroi car on ne peut plus convoyer nos graines d'arachide vers les usines. Présentement, ces graines sont stockées dans les seccos et avec le système carreaux-usine, il faut évacuer les graines pour prétendre être payé. Nous souffrons terriblement et ce que nous préconisons, c'est de boucher les nids de poule dans l'immédiat, en attendant la construction du tronçon qui date de 1973; à défaut, nous appuyer avec les gros porteurs ou tout simplement de demander à la Sonacos de payer au niveau des points de collecte. Sans vouloir faire de chantage, sans ces conditions vitales pour nous, nous allons boycotter les inscriptions sur les listes électorales."
D'autres voix manifestement en colère ne font pas dans la dentelle. Elles crient à qui veut l'entendre que "la Casamance est volontairement marginalisée par l'Etat car", demandent-elles, "comment expliquer l'enclavement tout azimut de cette région?".
Non loin de ces voix, une vieille dame déverse aussi sa bile sur les politiques en soutenant qu'"ils n'ont besoin de nous que pour solliciter nos suffrages mais désormais, cela ne passera pas, ici."
On relèvera tout de même que l'impraticabilité des routes est la principale doléance des populations de la zone. En 2005, pas moins de sept blocus avaient été imposés par les populations sur la route nationale n°6, pour exiger la construction du tronçon. Dans le même sillage, la boucle du Boudie annonce également des signes d'étouffement et promet de rééditer la longue marche de 2005 pour dire "Non" au pourrissement de leurs produits, lié à l'enclavement de la moyenne et haute Casamance.
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