Me Wade au Forum régional contre la corruption « Je vais mettre en place un tribunal économique pour juger les crimes et délits économiques »

Hier, au Méridien Président s’est tenu le forum régional sur la mise en œuvre de la convention des Nations Unies contre la corruption et le renforcement de capacité des institutions nationales de lutte contre ce fléau en Afrique de l’Ouest. Une occasion pour le président de République, Me Abdoulaye Wade, de réaffirmer son rejet de cette image d’Etats corrompus que l’on cherche à coller aux pays africains.

Le président de la République Me Abdoulaye Wade, n’a pas manqué l’occasion de dire ce qu’il pense concernant la corruption. Sans prendre de gants, le chef de l’Etat a réfuté l’idée que tentent de véhiculer certains, faisant de l’Afrique un continent où règne la corruption. « Il faut qu’on se décomplexe, face à ceux qui nous font penser que nos pays sont corrompus. Je refuse cela et je ne peux pas l’accepter », a-t-il notamment indiqué, hier, lors de la cérémonie d’ouverture du forum régional sur la mise en œuvre de la convention des Nations Unies contre la corruption.

Me Wade a ainsi invité les africains à rejeter le qualificatif de « corrompus » que certains tentent de leur coller au motif qu’il a été noté ici ou là, dans leurs pays, des cas de corruption. « S’il y a un corrompu en Amérique pourquoi on ne dit pas que l’administration d’Obama est corrompue », s’est-il, en effet, interrogé ? Sous ce rapport, a-t-il ajouté, « s’il y a des corrompus en Afrique, il ne faut pas dire que les Africains sont corrompus ». Car, a poursuivi Me Wade, il est très dangereux de partir de cas isolés pour interpréter une situation. « Ce n’est pas parce qu’il y a un magistrat malhonnête, qu’on va dire que tous les magistrats sont malhonnêtes », a-t-il justifié devant un parterre d’autorités africaines. Et Wade d’avertir : « à chaque fois que j’entendrai de telles affirmations je me dresserai contre ». Certes, l’Afrique est composée de petits pays avec de faibles ressources, mais cela n’en fait pas le réceptacle de tous les maux, a encore soutenu le chef de l’Etat. Poussant la réflexion au sein de son propre gouvernement, le président de la République s’est demandé comment, dans un système de gouvernance aussi bien maîtrisé comme celui du Sénégal, des membres du gouvernement puissent s’enrichir. « J’ai des ministres vertueux, je me trompe peut-être, parce que je ne comprends pas comment un ministre peut s’enrichir. Peut- être je suis un naïf, c’est possible », a-t-il dit, rappelant que les problèmes notés au Sénégal étaient liés à des dépenses de budgets dont les contreparties financières n’étaient pas disponibles. A ce sujet, il a expliqué que les dispositifs que le Sénégal a adoptés sur le Code des marchés publics ne laissent pas la place à cela, avant d’annoncer : « Je vais mettre en place un tribunal économique pour juger les crimes et délits économiques ». Concernant la convention en vigueur, et qui semble être le seul instrument international juridiquement contraignant contre la corruption, les Etats vont élaborer à l’issue de cette rencontre un plan d’actions. Ce, pour mieux coordonner les efforts des pays membres et renforcer le partenariat avec les institutions internationales et sous-régionales. Mais aussi, pour une mise en œuvre effective des conventions des Nations Unies et de l’Union Africaine contre la corruption et du protocole de la Cdeao. Reste à espérer que cette rencontre qui va durer trois jours permettra d’atteindre les objectifs communs, adaptés au contexte sous-régional.