Il faudra une bonne dose de patience pour que le Sénégal puisse avoir une aquaculture industrielle. Les projets qui ont été définis ces dernières années ont connu des échecs patents. D’autres encore ne produisent pas les résultats espérés. Le sous-secteur de l’aquaculture connaît d’énormes problèmes au niveau du financements des infrastructures, qui coûtent cher, et du suivi des programmes.
Le Directeur de la pêche continentale et de l’aquaculture (Dpca), M. Matar Diouf, soutient que l’aquaculture représente 30% des recettes d’exportation, 2,5% du Produit intérieur brut (Pib) et 70% de consommation de protéine animales, mais que ce sous-secteur de la pêche connaît une stagnation. «La production est inquiétante et limite les perspectives. Un déficit de 75 mille tonnes est prévu en 2010 par le Fonds des Nations-Unies pour l’agriculture (Fao) en matière d’aliments. Il est peu probable de combler le gap malgré les différents programmes proposés comme les aires maritimes protégées, ou le repos biologique.» Néanmoins, il ajoute que malgré cela, «l’Etat sénégalais ambitionne d’arriver à 100 mille tonnes en 2010. L’aquaculture commerciale devra être développé et l’Etat mettra les investissements nécessaires».
C’est pour cela que l’Etat du Sénégal a commandité, en novembre 2002, une étude avec le soutien de l’Union européenne, qui porte sur les potentialités en matière d’aquaculture marine industrielle au Sénégal. Avec pour objectif l’identification des sites susceptibles d’accueillir des fermes aquacoles de dimension semi-industrielle ou industrielle. Il s’agissait également, de préciser les espèces et les types de filières aquacoles qui s’adaptent aux impératifs de marchés ainsi qu’aux contraintes locales, d’intégrer les résultats des expériences passées ou en cours au Sénégal et dans la sous-région, et de proposer des modèles de production en phase avec les attentes des opérateurs potentiels, tout en étant en accord avec les propositions du plan de développement de l’aquaculture au Sénégal et les principes de l’aquaculture durable. Quatre régions, Saint-Louis, Sine Saloum, Ziguinchor et Kolda ont été identifiées et cartographiées sur la base d’analyses de photos satellites et aériennes et les surfaces appropriées pour chaque type d’élevage.
Le consultant, M. Jacques Tricheteau, qui a présenté l’étude, a souhaité «que le Sénégal tire les leçons des expériences passées qui ont marché. Il y a très peu de projets d’aquaculture au Sénégal. Il n’est pas difficile de produire, mais c’est la maîtrise des logistiques qui est difficile. Le Sénégal n’a pas de production aquacole significative. Il faut actualiser les contours et les différentes étapes, dégager des spécificités par rapport aux autres pays».
Pour le représentant de la Commission européenne, M. Schadek, «il serait important de voir au préalable le développement de la filière en aval et en amont, les coûts, l’alimentation, la gestion de la commercialisation, la qualité et les prix».
Même le ministre d’Etat, M. Djibo Kâ, a profité de cette rencontre d’évaluation du secteur acquacole, pour demander au secteur privé de financer ce sous-secteur. «Le financement du secteur privé doit mettre un terme au financement public. C’est bien un projet pilote, mais moi je m’en méfie, car les projets pilotes ne peuvent pas traduire une politique. Au Sénégal, les activités de type artisanale n’ont jamais atteint la phase industrielle. Nous avons besoin des chercheurs dans tous les domaines.»
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