PREMIÈRE GRANDE SORTIE D'AMADOU MAKHTAR MBOW SUR LA SITUATION NATIONALE " JE CRAINS QU'IL Y AIT EXPLOSION "

Amadou Makhtar Mbow, ancien ministre sous Senghor et ancien Directeur général de l’Unesco, s’est prononcé, hier, sur la chaîne de télévision franco-allemande «Arte» sur l’immigration clandestine des jeunes Sénégalais. Selon lui, les jeunes Sénégalais n’ont plus d’espoir chez eux car «les pouvoirs publics passent leur temps à leur servir des banalités». Et que les tensions ont atteint un tel niveau qu’il craint une explosion.

L’ancien directeur général de l’Unesco ne met pas de gants quand il évoque la question de l’immigration clandestine des jeunes. Invité de la chaîne de télévision franco-allemande «Arte», Amadou Makhtar Mbow indique que «les jeunes Sénégalais tentent l'émigration sauvage parce que les pouvoirs publics ne leur offrent aucune alternative et passent leur temps à énoncer des banalités et des généralités au lieu de prendre les problèmes à bras le corps». Et de poursuivre : «Moi, j’ai toujours une crainte d’explosion. Les tensions, les contradictions atteignent un tel niveau que les gens explosent presque. Ils veulent casser ce qui existe, non pas par plaisir, mais parce qu’il sont arrivés à un ras-le-bol tel qu’ils ne peuvent plus continuer. Surtout la jeunesse. La jeunesse est sans espoir. Nous ne lui proposons aucune alternative. Nous passons notre temps à croire qu’en énonçant des généralités, des banalités, ou en énonçant des intentions, nous avons résolu les problèmes. Non, il faut prendre les problèmes à bras le corps». S'exprimant toujours lors de cette émission sur Arte, il a déclaré que «les jeunes partent parce qu'ils ont perdu tout espoir». «S'ils avaient de l'espoir chez eux, ils ne partiraient pas : « Ces jeunes en masse émigrent. Qui acceptent de braver la mer, de braver le désert, de risquer leur vie. Parce qu’ils pensent qu’il y a l’Eldorado de l’autre côté. Donc, il faut donner de l’espoir à ces jeunes chez eux. Car ces jeunes, s’ils avaient de l’espoir chez eux, ils ne quitteraient pas leur pays», a regretté l’ancien directeur général de l’Unesco et par ailleurs président du comité de pilotage des Assises nationales du front «Siggil Sénégal».