Surliquidité : Le capital cherche profit en Afrique (économiste)

Le monde, les pays développés et émergents en particulier, ne continuent à déverser de l’argent en Afrique que pour en tirer des bénéfices et éviter « la baisse tendancielle du taux de profit» dans un contexte de surliquidité, a analysé l’économiste sénégalais Ely Madiodio Fall.

A la faveur de ces flux de capitaux vers l’Afrique, il est rentré au Sénégal, par exemple, une masse importante d’argent les 10 dernières années, a rappelé le professeur Fall dans un entretien accordé à Kanal 150.

«Depuis l’alternance (politique en 2000), il est entré au Sénégal 100 fois plus d’argent que le régime Abdou Diouf/Senghor » qui s’est étalé sur 40 ans, a-précisé l’ancien doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.

Pour lui, «c’est l’évolution du monde» qui explique cette situation. «Le monde entier sait qu’en laissant la vache (l’Afrique) mourir », il n’y aura « plus de lait. Donc il faut subventionner pour qu’elle tienne, reste debout», a argumenté M. Fall, docteur d’Etat en économie générale et gestion.

Plus que l’évolution du monde, poursuit-il, c’est la surliquidité qui est à la base du déversement de capitaux sur l Afrique. «Nous sommes dans une période de surliquidité qui fait que l’argent, les gens ne savent plus quoi en faire. Il faut déverser ça en Afrique pour que ca puisse rapporter quelque chose.»

Cela est d’autant plus nécessaire que la surliquidité ne « permet plus de tirer des profits du capital ». Or, a expliqué l’économiste, le capital non utilisé ne rapporte rien, de sorte que ce que produit le capital qui travaille, par rapport a l’ensemble du capital dont une partie importante ne travaille pas, le taux de profit est minime», selon la théorie de Karl Marx.

Le penseur allemand, a-t-il rappelé, était l`un des premiers à évoquer la « baisse tendancielle du taux de profit.» C’est pour éviter cette éventualité qu’ils déversent « le capital en Afrique ».




Ely Madiodo Fall sur la convertibilité du franc CFA : «Les Africains ne risquent rien à s’affranchir de l’euro» 


L’idée que les pays africains s’exposeraient à des difficultés s’ils venaient à décider de sortir de la coupe de l’euro et d’en finir avec la convertibilité du franc CFA relève de «faux problèmes» et correspond à une « illusion monétaire», a déclaré à Kanal150 l’économiste sénégalais Ely Madiodio Fall.

Selon lui, il est «dangereux» de faire croire aux Africains qu’ils vont trinquer, une fois sortis de la coupe de l’euro qui garantit, à travers le Trésor français, la convertibilité du francs CFA, monnaie commune à certains pays francophones du continent, anciennement colonisés par la France.

Ely Madiodio Fall a donné l’exemple de la Mauritanie et du Maroc dont les monnaies ne sont pas convertibles, pour relever que ces pays ne font pas face à des difficultés particulières. Idem pour la Russie dont «la monnaie n’est pas convertible extérieurement.»

«Ce sont des faux problèmes qu’on agite aux yeux des Africains pour leur donner l’illusion monétaire. Et c’est dangereux», a conclu l’ancien doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.

Selon lui, c’est parce que le chef de l’Etat sénégalais Abdoulaye Wade, est à l’image de ses pairs qu’il n’a pas voulu ou su régler le problème de l’indépendance monétaire. Or il en a les moyens, a-t-il assuré.

«Wade comprend ça depuis longtemps, seulement comme (il) est comme les autres, alors il n’a jamais rien dit.»

«Je le connais très bien. Tout ce dont il se plaint, il est capable de le faire lui-même et ensuite se retirer et prendre la distance et de critiquer ça comme s’il ne l’avait pas fait, comme s’il ne l’avait pas voulu», a-t-il insisté.

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