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THIERNO LO, MINISTRE DU TOURISME et DE L’ARTISANAT : Substituer au tourisme sac-au-dos un tourisme haut de gamme

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THIERNO LO, MINISTRE DU TOURISME et DE L’ARTISANAT : Substituer au tourisme sac-au-dos un tourisme haut de gamme

Nommé ministre du Tourisme juste à la veille du déclenchement de la crise économique mondiale, mais fort du fait que le secteur touristique a mieux résisté en Afrique qu’ailleurs, Thierno Lô a tenu en haleine, la rédaction du Soleil dont il était l’invité. Reçu par le Directeur général Cheikh Thiam, il était accompagné d’une délégation composée de grands cadres de son département. Avec passion, il décline les mesures entamées pour concrétiser les orientations du Président Abdoulaye Wade et ses ambitions pour un secteur où le Sénégal avait longtemps fait illusion. La vision est généreuse, les chantiers immenses. Mais le ministre et ses collaborateurs réunis au grand complet ont du cœur à l’ouvrage, ayant déjà inscrit dans l’agenda un Salon international du tourisme pour le mois de mai à Dakar. Sans compter un riche calendrier d’activités de promotion vers les pays émetteurs.

Monsieur le ministre, quel diagnostic avez-vous fait du secteur du tourisme après votre nomination ?

Quand le président de la République nous a confié le ministère de l’Artisanat, du Tourisme des relations avec les secteurs privés et informels, nous avions compris qu’il y avait une bonne articulation. Nous avions aussi compris que nous ne sommes pas là pour réinventer la roue, mais pour assurer la continuité de l’Etat en innovant et en essayant d’apporter d’autres touches pour beaucoup plus de performances. Le Sénégal a fait des avancées significatives dans le cadre du tourisme balnéaire. Mais toujours est-il que le Sénégal a connu un piétinement parfois. Notre pays a refusé des réformes et s’est fait dépasser par d’autres pays. S’y ajoutent les difficultés d’implication des privés sénégalais à l’investissement touristique. Parce que depuis la disparition de la Soficédit, le privé sénégalais n’avait plus de moyens pour pouvoir réhabiliter l’existant et faire de l’investissement parce que les banques traditionnelles ne s’activent pas trop dans le financement de l’hôtellerie qu’elles considèrent comme un secteur à risques. En plus de cela, il y a la concurrence déloyale due au manque de contrôle avec une prolifération des résidences. Cela fait partie des facteurs qui empêchent l’investissement. Il y a aussi les problèmes liés à la sécurité et à la protection du touriste. Ces difficultés décourageaient les touristes à revenir. A cela s’ajoutent le manque d’infrastructures, la formation au rabais et le problème de promotion du tourisme sénégalais. Des efforts ont été faits pour régler ces écueils. Mais ce n’est pas suffisant. Nous avons fait ce diagnostic et nous nous sommes également intéressés à l’environnement à savoir les problèmes d’insalubrité dans les centres hôteliers et la dotation de la police touristique dotée en moyens pour sécuriser le touriste. Nous avons également invité la Direction de la réglementation à jouer pleinement son rôle de contrôle en luttant contre les résidences clandestines. Il faut, par ailleurs, mettre maintenant l’accent sur la formation. Il est inacceptable, au moment où des pays tels que la Tunisie et le Maroc disposent de six à huit écoles de formations hôtelières, que le Sénégal n’en ait qu’une. Pire, vous avez des écoles privées qui prolifèrent sans aucune harmonisation des curricula pour que nous puissions relever la qualité de services. Il ne faut pas mettre les charrues avant les bœufs. Il fallait d’abord des infrastructures, des hôtels de qualité, une compagnie d’aviation et des hôtels capables de recevoir des touristes. Il fallait aménager des zones pour se pencher par la suite sur la promotion et la vente de la destination Sénégal. La promotion du Sénégal ne peut se limiter dans les foires. Elle ne peut non plus se résumer en un bureau de promotion où on trouve deux personnes qui gèrent 52 Etats pour le cas des Etats-Unis. Il fallait donc une autre lecture de la promotion du tourisme sénégalais. Et chaque Sénégalais vivant à l’étranger peut être un élément de promotion avec son carnet d’adresses, son expertise et son lieu de travail.

Nous sommes en train d’utiliser ces carnets d’adresse pour atteindre le développement de trois types de clientèles : le tourisme de croisière, le tourisme de congrès et le tourisme d’affaires. Il faut faire ces genres de lobbying dans tous les secteurs. Pourquoi ne pas dissuader un Diagna Ndiaye à organiser son anniversaire aux Etats-Unis, alors qu’il peut le faire au Sénégal et y accueillir des vedettes internationales. Pourquoi ne pas aussi, aujourd’hui, faire de l’événementiel dans les autres pays, par exemple, une « Semaine du Sénégal », dans les autres pays, quatre jours aux Etats unis, trois à Berlin, etc., avec tout ce qu’on a comme potentiel touristique et culturel pour mieux vendre la « Destination Sénégal » dans toute sa diversité (...). C’est faisable. Il suffit d’avoir des business plans bien conçus et d’avoir des sponsors à l’extérieur pour vendre la Téranga sénégalaise, la Casamance, le site de Dindifelo, etc. Mais il ne faut pas négliger le tourisme intérieur. C’est-à-dire permettre le Sénégalais de connaître son pays. Et permettre aussi à la presse sénégalaise de connaître son pays et de pousser cette dernière à utiliser une diplomatie touristique. Il faut comprendre parfois que certains éléments peuvent tuer définitivement une destination touristique. Il y a aussi des gens qui fustigent des directions touristiques pour détourner les regards vers d’autres. Dans le cadre de la guerre via Internet, il y a des mercenaires qui détruisent des sites pour détourner les regards vers d’autres. Il y a un combat collectif qu’on doit mener pour préserver notre patrimoine. C’est cela qui justifie la bonne articulation entre l’artisanat, le tourisme et les industries culturelles qui sont gérés dans la même grappe de la Stratégie de la croissance accélérée (Sca). Nous devons faire un link entre l’artisanat et le tourisme pour en faire des éléments de promotion de la destination Sénégal. Nous devons régler le problème de financement à savoir : la mise en place d’un crédit hôtelier qui va se substituer à la Soficédit pour permettre aux Sénégalais de rénover et d’investir, puisqu’il y a de nouveaux aménagements, avec la collaboration de la Sapco, dans la zone de Joal Finion où les terres sont déjà immatriculées et ont une valeur juridique. Nous avons signé avec un groupe espagnol, une convention pour la recherche de 275 milliards de francs Cfa pour l’aménagement de cette zone. Nous sommes en train d’en aménager d’autres. Et nous avons une politique agressive envers les investisseurs, après avoir réglé un problème socioculturel, à savoir la vision que le Sénégalais avait du tourisme : celui du sac à dos, porteur de tares, pédophilie, vice, sexe, etc. Cela n’incitait pas les gens à investir leur argent dans le secteur touristique. Nous reconnaissons toutefois que nous avons perdu des choses. Car, nous n’avons pas fait la promotion touristique de tout le potentiel culturel historique du pays (...) Tout ce que j’ai dit vous le trouverez dans les conclusions des journées de tourisme qui ont lieu en 2000, mais il n’y a pas eu aucune application à cet effet. Toutes les réformes qui ont été proposées n’ont pas fait l’objet d’une mise en application jusqu’à présent. On ne peut pas développer un pays sans incitations et sans réformes. On est obligé de réformer et d’innover, sinon nous marquerons le pas. C’est cela qui explique notre volonté d’organiser un salon international du tourisme à Dakar pour couper avec cette longue tradition d’hésitations, de peurs et de manque d’inactions.

Parlant de ce salon, quels sont les objectifs poursuivis et les mesures prises jusqu’ici ?

Un salon international du tourisme se tient du 28 au 31 mai au Cices. Les objectifs attendus sont d’augmenter de la force touristique du Sénégal, de permettre à nos agences de voyages et à nos professionnels de tourisme d’avoir des contacts avec l’extérieur, notamment avec les étrangers qui y participeront sur le tourisme de découverte. Le thème de ce salon est « le tourisme durable » et la France en sera la marraine. Nous avons déjà ouvert un site pour ce salon, réalisé et distribué des milliers de prospectus, notamment à Washington, à Berlin et en Allemagne. L’organisation mondiale du tourisme a inscrit le salon dans son site et nous avons le listing de l’ensemble des ministères du tourisme du monde à qui nous avons adressé une invitation. Les acteurs privés sénégalais ont aussi décidé d’inviter les membres de leur fédération pour qu’ils participent au salon. Certaines agences et associations nationales et internationales ont décidé de prendre en charge la promotion du salon pour qu’il soit une réussite. Nous avons aussi demandé à nos services régionaux de se mettre autour des autorités administratives pour la vulgarisation du salon qui est l’affaire de tous les Sénégalais. Nous avons déjà convié l’ensemble de la presse nationale afin de mettre à leur disposition l’ensemble des éléments informatifs pour une large diffusion. Le budget est estimé à 596 millions de francs Cfa pour l’organisation de ce salon international. En plus, il y a l’implication de tous les acteurs parce que nous avons mis en place un comité et les gens sont venus s’inscrire pour faire partie des commissions scientifiques, financières et communication, en vue de mettre en place un document, des slogans et des logos qui sont sur la maquette du salon international du tourisme de Dakar.

Vous avez parlé d’aménagements et de diversification, c’est-à-dire le lien avec le patrimoine matériel et immatériel. Qu’est-ce qui est prévu pour amener le touriste à venir voir les mosquées omariennes, ou rencontrer des cultures diola, sérère, etc. ?

Je disais tantôt qu’on n’a pas voulu mettre la charrue avant les bœufs. Il fallait donc qu’on s’attaque à ce patrimoine pour non seulement organiser un salon international du tourisme, mais aussi faire la promotion touristique du Sénégal. Nous avons une équipe qui s’occupe de l’ensemble des sites. Nous avons commencé par une caravane des merveilles du Sénégal pour ressortir tout ce que le Sénégal renferme comme patrimoine culturel et touristique capable de susciter la curiosité chez l’autre. Nous avons une banque de données que nous allons essayer de mettre sur des supports et les vulgariser lors de ce salon international. Il va nous permettre de montrer ces visages du Sénégal, comme le Monument de la Renaissance. Nous comptons aussi projeter le film (sur le développement touristique sous Abdoulaye Wade-Ndlr) qui a été tourné au Sénégal et visionné aux Etats-unis, à l’ouverture du salon. Nous voulons le faire pour que tout le monde sache qu’aucune facette du Sénégal n’a pas été laissée en rade.

La sécurité, l’environnement, la mobilité et même le marketing. Est-ce qu’il y a un véritable dispositif pour fédérer tout cela pour booster le secteur touristique ?

Le touriste veut être dans un cadre sain. Au-delà de ce que fait le ministère de l’environnement, nous sommes en train de nous battre contre le phénomène de l’érosion côtière au niveau des zones touristiques. Ce problème tient au fait que les gens ne respectent pas le Code de l’environnement. Les structures hôtelières font fi de l’étude d’impact environnemental. Nous sommes en train d’attirer l’attention des autorités pour que les gens portent beaucoup plus d’attention au Code de l’Environnement. La Sapco a utilisé une partie de ses ressources pour aider les hôtels de la Petite Côte qui ont été attaqués par la mer. Parce que la théorie consistant à dire que la mer avance de deux centimètres par an est fausse. On peut constater qu’elle avance plus vite encore. Aujourd’hui, il y a un problème sérieux de protection des investissements. Pour ce qu’est de la sécurité, la police touristique est là, avec ses faibles moyens et la Sapco est venue en appoint avec 200 jeunes pour la sécurisation des touristes. Il y a aussi l’assainissement du secteur par le respect des procédures. C’est-à-dire qu’il faut veiller à ce que les hôtels aient leur agrément et lutter contre les résidences clandestines qui constituent une concurrence déloyale pour ceux qui répondent aux normes.

La diversification des marchés émetteurs n’a pas permis d’attirer le touriste Américain... ?

Nous avons une forte volonté de pénétration dans le marché américain. Il suffit d’organiser les Sénégalais pour qu’ils puissent avoir une possibilité de répondre à l’offre. Parce que le premier problème des Sénégalais dans le cadre de la pénétration dans l’Agoa, est de répondre à la demande. Il faut outiller les artisans sénégalais et parfaire leur formation pour que nous puissions attaquer les marchés extérieurs. Nous sommes en train de faire le maximum et de véhiculer les messages de sécurité, d’assainissement et de protection de l’environnement et du cadre de l’investissement. S’agissant du marketing, nous allons redynamiser l’Agence nationale de promotion touristique. Faire la promotion de l’artisanat sénégalais ne se limite pas à participer à des foires pour y vendre quelques produits et revenir. Il faut équiper les ateliers, parfaire la promotion et avoir des produits labellisés. Il faut également qu’on arrive à ouvrir des galeries à l’extérieur pour exposer les produits des créateurs sénégalais. Dans le cadre de la promotion, nous travaillons avec la presse locale et celle spécialisée. Parce qu’aujourd’hui, la presse locale est dans le Net. Même nos télévisions sont suivies à l’extérieur. Nous allons utiliser les médias sénégalais pour amener les tours opératoires et les agences de voyage à s’intéresser à nos circuits.

Est-ce que vous avez prévu des actions pour « fidéliser » la clientèle ?

Pour le problème de flux, il faudrait reconnaître que nous sommes confrontés à un problème de statistiques. Et cela concerne presque tous les secteurs. Tant que nous ne réglerons pas les problèmes de la statistique, il nous sera très difficile de faire une bonne planification et d’avoir des résultats. Il faut prendre les chiffres qu’on vous donne au ministère du Tourisme avec des pincettes. Parce que, nous avons des entrées à partir des frontières et à partir de l’aéroport. Même là, les registres ne sont pas tenus comme il le faut. Or, pour l’exploitation des chiffres, sans l’outil fondamental qu’est la statistique, nous ne pouvons pas avoir une économie fiable. Le Sénégal gagnerait à s’activer pour que nous puissions régler ce problème pour la visibilité économique. Quand on ne l’a pas, l’investissement est obstrué, on ne sait pas où aller.

La mendicité et l’environnement ne sont-ils pas autant de problèmes qui entravent le secteur ?

Le ministère du Tourisme a déploré ces phénomènes qui entravent l’activité touristique. Mais pour ce qui concerne la mendicité, c’est bien sûr un problème du gouvernement, mais aussi et surtout de l’éclatement de la cellule familiale et une démission de certains parents. A mon avis, c’est une approche de la solidarité qu’il faut mettre en place, car c’est devenu un problème de société qu’il faut régler si l’on veut développer le tourisme au Sénégal. Pour ce qui est de l’environnement, je pense que c’est un problème de comportement personnel, car les sénégalais dans leur grande majorité ne savent pas que les ordures sont produites chaque jour. Et qu’il faut avoir un comportement de gestion de ces ordures chez soi avant de les sortir dans la rue. Au Sénégal, les populations refusent l’assainissement alors que nous devons nous battre pour que nos villes soient très propres parce qu’elles sont très salles et c’est un problème qui handicape le volet touristique.

Ne faut-il pas également une compagnie aérienne nationale pour développer le tourisme ?

Vous avez parfaitement raison parce qu’un pays qui n’a pas de routes d’accès aux sites touristiques et qui n’a pas d’avions pour amener les voyageurs, ne peut pas être un pays touristique. Le transport est un drame chez nous et le problème concerne tous les pays africains où, pour aller d’un pays à un autre, le voyageur est obligé, des fois, de passer par la France. Parfois, le trajet vous coûte trois jours de voyage. Le problème de la destination sur la Casamance est réglé depuis que des compagnies aériennes ont décidé d’y aller et que le Club Med a repris ses vols au mois de février. Pour le reste ce sont des charters qui sont dans l’aéroport et qui font la navette entre les différents pays du monde. Mais le problème ne sera vraiment réglé que le jour où le Sénégal aura sa propre compagnie pour assurer les désertes vers les marchés émetteurs. Nous souhaitons que le montage de Sénégal Airlines soit réussi, aujourd’hui que son capital a été bouclé et son Conseil d’administration mis en place. Une consultation a même été faite pour choisir le directeur et nous pensons que la compagnie sera opérationnelle dans les mois à venir. Nous allons également terminer l’aéroport Blaise Diagne qui devrait renforcer la promotion touristique parce qu’il contribuera à lutter contre les encombrements et à la mise aux normes internationales. Avec la TVA qui va passer de 18% à 10%, ce sont autant de mesures incitatives qui vont aider le secteur du tourisme.

A Mbour comme sur d’autres sites, les installations hôtelières sont vétustes ou n’ont plus été renouvelées. Avez-vous envisagé de remettre à niveau les stations ?

Vous avez raison de parler de Mbour. Nous avons entrepris une requalification de la zone parce que le site a fait objet d’un détournement de destination du temps de l’ancien régime. Des gens sont venus dans ce pays sans aucun franc ; on leur a donné des attestations d’exonérations qui leur ont permis de construire leurs maisons sans dépenser aucun sou. A la fin du règne des socialistes, ils ont donné ces maisons aux agences immobilières qui les ont mises à location sous forme d’auberges et de résidences. Ce qui a tué l’hôtellerie sénégalaise et a créé tout le désordre que vous avez vu aujourd’hui. Mbour n’est plus la zone touristique que nous avions souhaitée, parce que cette para-hôtellerie ne répond en rien aux normes touristiques. Nous sommes donc en train de requalifier les sites avec la Sapco qui a maintenant une vocation nationale, dépassant la Petite Côte. Elle est même en train de travailler au niveau de la Grande Côte qui fait partie des zones d’avenir. Nous avons envisagé d’organiser une caravane des merveilles pour traverser toute cette côte avec les journalistes et d’autres Sénégalais, pour montrer qu’il y a certaines zones où ils peuvent investir une fois les aménagements en place. En plus, des études sont en cours pour élever le niveau des standings hôteliers. Personne ne pourra dorénavant venir au Sénégal construire un hôtel n’importe comment. Nous avons besoin d’hôtels de quatre ou cinq étoiles comme en Ile Maurice. Savez-vous que pour un hôtel de cinq étoiles, il y a 124 critères et que la France n’y arrive même pas. Il faut donner des moyens à ceux qui construisent les hôtels pour qu’ils puissent aller chercher les connaissances ailleurs. Tout cela entre dans le cadre de la bonne formation et de la gestion d’un secteur que nous voulons sortir du misérabilisme. C’est possible et si l’Ile Maurice est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, c’est parce que les gens ont osé. Le secteur du tourisme peut régler le problème des inondations de la banlieue. En Egypte, les gens sont allés acheter des périmètres au bord de la mer et ont demandé aux sociétés immobilières de faire des résistances hôtelières. Parce que l’Egypte est un pays peuplé et c’est le tourisme qui a réglé cette question d’habitation. Nous pouvons faire la même chose au Sénégal parce que nous avons des plages et des architectes. Il suffit seulement d’innover pour satisfaire ceux qui veulent habiter à côté de la mer à moindres coûts et dans la sécurité. Nous avons de l’ambition mais il faudrait que les gens nous accompagnent et qu’ils disent que nous avons la possibilité un jour de faire accoster un bateau de croisière au port de Dakar, que nous pouvons faire venir une star mondiale à Dakar pour célébrer ses nuits de noces et avoir l’envie de revenir. C’est comme ça que tous les pays se sont développés.

Pour l’aménagement des nouveaux sites, ne craignez-vous pas que les populations empiètent sur le domaine maritime ou d’autres conflits fonciers ?

Le domaine public maritime est une question déjà réglée par le président de la République et aujourd’hui, il n’est pas permis aux présidents de communautés rurales de donner ces terres n’importe comment. De plus, l’Etat a des moyens pour exproprier les gens en cas de besoin. Le jour où il décidera d’aménager, nous ferons sauter les occupations irrégulières. L’Etat trouvera une solution à la question parce que la Grande Côte par exemple fait partie des programmes d’aménagement de la Sapco et nous ferons tout pour en faire un véritable pôle touristique.

En dépit des ambitions affichées, le tourisme intérieur ne fait pas recettes. Comment s’organise sa promotion ?

Nous organisons une caravane des merveilles dont l’objectif est d’abord de favoriser le tourisme intérieur, parce que les Sénégalais ne connaissent pas assez leur pays et qu’en le découvrant, ils seront surpris. Ignorant ces merveilles, des Sénégalais prennent l’avion pour aller dans les pays européens en d’hiver où ils restent cloîtrés dans des chambres. Alors qu’ici même à Saly, à quelques kilomètres de Dakar, ils économiseraient le prix du voyage qui leur permettrait de se payer un séjour. C’est pourquoi dans nos tournées, nous emmenons des opérateurs économiques, des artisans et de simples citoyens qui, après avoir vu et découvert, vont expliquer autour d’eux que l’on peut passer ses vacances au Sénégal dans d’excellentes conditions. Nous allons aussi organiser des caravanes pour les enfants afin qu’ils découvrent les hôtels. Mais il y a un effort que les hôteliers doivent faire parce qu’un fonctionnaire n’a pas cette capacité d’épargne lui permettant de bénéficier du loisir. Les hôteliers doivent se dire que durant les périodes basses, ils ont encore des charges fixes comme les salaires, l’électricité et l’eau qu’ils peuvent payer en hébergeant des Sénégalais avec des rabais. A ce niveau, nous sommes en train d’être écoutés mais toujours est-t-il que, il faut que les Sénégalais aient la volonté de connaître leur pays et d’y dépenser leurs ressources au lieu de prendre nos divises pour les amener ailleurs. Je pense que c’est un acte patriotique et citoyen qui nécessite un débat dans d’autres plateaux. Toujours pour développer le tourisme intérieur, nous avons été au Mali et nous envisageons de mettre en place un train touristique entre Dakar et Bamako. Un investisseur allemand nous propose aussi de mettre en circulation entre Dakar et Saint-Louis, un train touristique qui permettrait de visiter la région Nord. Nous tenons au développement du tourisme intérieur parce qu’il joue sur les pourcentages d’entrées touristiques. Dans d’autres pays qui l’ont valorisé, le retour des vacanciers de la diaspora est compté dans les chiffres des entrées touristiques.

Qu’en est-il du produit sport de masse, en particulier la lutte ?

Nous considérons la lutte comme un élément de promotion touristique, parce qu’elle fait partie de notre patrimoine culturel, traditionnel. J’ai aussi assisté au défilé de mode de Sira vision où j’ai vu que les créateurs sénégalais sont en train de faire des « nguemb » -cuissards (ndlr)- pour les lutteurs. Nous pensons qu’il y a de bonnes choses et le jour nous aurons à faire de l’événementiel à l’extérieur, nous allons amener avec nous nos lutteurs, nos chanteurs, nos différentes modes, nos jeunes créateurs dans différents domaines, notamment dans l’art, l’habillement, la coiffure et la musique ainsi que d’autres aspects qui seront explorés.

Nous considérons aussi que la pêche sportive est un élément touristique qu’il faut bien vendre. Le tir ou la chasse sont des activités touristiques qu’il faut valoriser pour attirer des amateurs qui viennent des autres pays comme des touristes. Nous avons reçu les chasseurs et des lutteurs. Je dois même présider une séance de lutte, parce que nous sommes en train de faire une jonction entre ces différentes activités sportives et le tourisme, afin d’élargir l’animation touristique.

En matière de sécurité, il reste encore beaucoup à faire en dépit de la mise en place d’une police touristique ?

La police touristique est là, mais elle n’a pas assez de moyens, ni l’effectif qu’il faut. Nous sommes quand même en train de faire avec ce que nous avons. Nous avons recruté 200 jeunes en plus des forces de l’ordre. Mais nous ne pouvons assurer à 100 % la sécurité des citoyens, y compris des touristes. C’est un problème que nous devons prendre au sérieux, parce que si les touristes sont importunés ou s’ils continuent d’avoir des difficultés pour sortir de l’aéroport, ils ne reviendront pas. Nous avons proposé une rencontre interministérielle pour poser ce problème de l’aéroport et nous avons listé l’ensemble des routes qui mènent vers les sites touristiques pour en faciliter l’accès. Pour régler plusieurs problèmes qui freinent l’activité touristique, nous avons fermé 50 circuits hôteliers et décentraliser l’activité partout au Sénégal. Parce que nous pensons que sans le développement de l’artisanat et du tourisme, le Sénégal ne connaîtra jamais l’émergence et tout le monde se prépare en conséquence. Or, le budget du ministère du Tourisme est inférieur à celui de la promotion du tourisme en Tunisie. Cela pose problème. Nous nous battons pour essayer d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Mais il faut que les populations participent au développement en donnant leurs points de vue.

Vous avez tantôt parlé du déficit en matière de formation. Qu’avez-vous entrepris dans ce sens ?

Nous avions pensé à la décentralisation de la formation, mais à cause des contraintes budgétaires, des arbitrages ont été fait et tous ces projets ont été éliminés. Or, dans ces conditions, nous ne pourrons avoir un service de qualité, ni répondre aux standards internationaux. Nous continuerons à nous battre pour trouver des partenaires qui nous financeraient des centres de formation.

D’ailleurs, le président de la République a compris nos messages et nous a demandé de formuler des requêtes pour que nous puissions équiper nos centres de formations et outiller nos artisans.

Propos recueillis par Eugène Kaly et Souleymane Diam Sy (avec la rédaction)



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