Assises Kaolack :Pour 25 francs, il tue son frère et écope de trois ans de travaux forcés

(APS) - La Cour d'assises de Kaolack a condamné mardi l'accusé Karfa Niakhasso à trois ans de travaux forcés, reconnu coupable du meurtre de son frère Ibrahima.

L'affaire oppose deux frères pour une banale histoire de 25 francs. Les faits remontent au 27 octobre 2003 au village de Marougou (Kédougou, est) où Yati Niakahasso s'était rendu pour présenter ses condoléances. L'aîné Karfa Niakhasso, qui avait reçu l'argent des condoléances (100 francs CFA), avait proposé à ses frères revenus des champs, d'acheter de la cola pour la partager. Ibrahima, qui n'en croque pas, réclame sa part de l'argent qui s'élève à 100 francs. Ainsi, Karfa décide d'acheter 75 francs de cola et de lui remettre les 25 francs restants. Mais Karfa Niakhasso s'oppose à ce que son frère germain ait sa part en espèces. Il reprend l'argent à l'enfant qu'il avait envoyé et achète lui-même 100 F de cola. A son retour, une vive altercation l'oppose Ibrahima, avant venir aux mains avec lui. Vers 22h, Karfa sort de sa chambre, armé d'un bâton et assène deux coups à Ibrahima, sur la tête. Grièvement blessé, il tombe dans le coma et finit par succomber à ses blessures dans la nuit vers 4 heures du matin. Le certificat de genre de mort indique que la victime a succombé le 28 octobre 2003 à un traumatisme crânien fermé avec un hématome fronto-partial gauche. Inculpé pour meurtre et en détention depuis le 31 octobre 2003, Karfa Niakhasso, 53 ans, qui comparaissait devant la cour d'assises en l'absence de ses frères, seuls témoins, a reconnu avoir frappé une seule fois avec un bâton ‘'sans vouloir donner la mort''. Il a déclaré que son frère l'avait insulté et frappé le premier d'un coup de poing, estimant que ‘'sa mort relève de la volonté de Dieu''. Pour l'avocat général, Me Alioune Sarr, dans ce dossier tous les éléments constitutifs du crime sont réunis. Il a souligné ‘'le caractère impulsif et arrogant'' de l'accusé même devant la barre, estimant ‘'qu'on ne saurait lui plaider la légitime défense, ni l'excuse de provocation encore moins de circonstances atténuantes mais plutôt aggravantes''. Alioune Sarr a requis, contre l'accusé, 10 ans de travaux forcés. Mais Me Léocadie Samade, l'avocat de la défense, a indiqué qu'il n'y a ‘'ni préméditation ni volonté de tuer mais seulement des coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner''. ‘'L'intention n'est pas établie et il n'a frappé qu'une fois comme l'attestent la gendarmerie et le certificat de genre de mort'', a-t-il ajouté, estimant le dossier devait ‘'être correctionnalisé. Me Samade a en outre demandé la disqualification des faits en coups et blessures volontaires ayant donné la mort sans intention de la donner, plaidant l'excuse de provocation et des circonstances atténuantes pour l'accusé. La Cour a reconnu Karfa Niakasso coupable de meurtre et l'a condamné à trois ans de travaux forcés. En détention provisoire depuis 2003, Karfa Niakhasso devra encore passer trois mois en prison avant de recouvrer la liberté.