Cinq morts par noyade, c’est le bilan macabre que le fleuve Casamance vient d’infliger aux habitants de Thiéracounda dans la communauté rurale de Sakar. Ces victimes sont toutes des élèves au Collège d’enseignement moyen de Mancononmba, situé à 52 kilomètre de Kolda.
Ce jeudi, après les cours du matin, et sur le chemin du retour à Thiéracounda, la pirogue qui avait à son bord sept personnes dont six élèves, a chaviré en plein fleuve : deux rescapés et cinq morts dont deux garçons et trois filles. Toutes ces victimes sont originaires du village de Thiéracounda séparé de Manconomba par ce fleuve. Alertés par les femmes qui récoltent le riz aux abords du cours d’eau, les habitants de Manconomba, hommes, femmes, enfants et vieillards, enseignants et élèves, tous se sont rués vers le lieu du drame sous un soleil en plomb. De l’autre coté du fleuve, se trouvait un nombre impressionnant de personnes originaires de Thiéracounda et autres villages limitrophes.
Un spectacle triste et désolant. Ce ne sont que cris et pleurs qui animaient les deux rives du fleuve. Les corps sans vie des cinq collégiens et collégiennes sont repêchés par les pêcheurs et autres bonnes volontés, au bout de trois heures de recherche dans les eaux qui roulaient à grands flots sous l’effet du vent, avec des moyens purement traditionnels que sont des filets de pêche, des pirogues, des éperviers et des cordes solides.
La brigade de Gendarmerie de Sédhiou, accompagnée de l’infirmière-chef de poste de Sakar, était sur les lieux pour constater le drame.
La caserne des sapeurs-pompiers de Kolda qui, dit-on aurait été alertée, n’a pas effectué le déplacement sur les lieux pour des raisons que personne au bord du fleuve ne maîtrisait. Face à l’absence de secours du côté des soldats du feu, les populations de la contrée ont manifesté leur indignation, réclamant avec force l’implantation d’une caserne des sapeurs-pompiers à Sédhiou, qui polarise toute cette zone où a eu lieu le sinistre.
De l’avis du président du conseil rural de Sakar, «il est temps que Sédhiou ait un camp de sapeurs pour sauver des vies humaines dans ces genres de situation». Et M. Cissé de renseigner que l’année dernière, précisément à la même date du 08 novembre, et sur les mêmes lieux, trois personnes dont une femme, tous de Thiéracounda, avaient péri dans les eaux, lors d’une traversée sur Manconomba pour prendre les véhicules à destination de Dakar. Une situation que les populations locales déplorent à qui veut l’entendre du fait que les soldats du feu n’avaient pas effectué le déplacement sur les lieux, et que les corps sans vie des victimes ont été récupérés des eaux par les populations.
Une goutte de trop pour les habitants de la contrée, les incitant à réclamer une caserne des sapeurs-pompiers afin d’éviter de dépendre toujours de Kolda, chef-lieu de région.
Evoquant les solutions transitoires, le président du conseil rural plaide pour la modernisation des pirogues destinées à la pêche et à la traversée des populations englouties par l’enclavement total de la zone.
Dans tous les cas, Manconomba pleure ses élèves et Thiéracounda ses enfants dans un drame difficile à expliquer, selon certains habitants qui parlent de situation mystique. Car, à la même période, au même lieu, le fleuve avale des vies humanes.
Pour l’heure, c’est l’émoi et la consternation totale à Manconomba et à Thiéracounda d’où sont originaires les cinq apprenants, qui viennent de rendre l’âme dans les eaux troubles du fleuve Casamance.
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