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COUMBA GAWLO SECK : « Je suis une grande passionnée »

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COUMBA GAWLO SECK : « Je suis une grande passionnée »

Album de la maturité ! C’est le qualificatif que Coumba Gawlo Seck a trouvé pour le quinzième opus de sa carrière. « Dieureudieuf », titre éponyme de cette cassette, traite ainsi de thèmes relatifs au vécu des populations ici et ailleurs. Que ce soient les conflits, la pauvreté, la situation des femmes et des enfants, entre autres, l’auteur de « Seytané », son premier album sorti dans les années 80, s’engage et dénonce certaines attitudes et pratiques pas du tout conformes aux idéaux de paix, de progrès et de justice.

C’est une Coumba Gawlo relaxe, détendue, toujours pleine de passion qui parle de sa nouvelle production différente des autres à tous points de vue (textes, composition, mélodies). Simplement parce que beaucoup plus de temps a été consacré à cet album qui donne entière satisfaction à son auteur. En attendant l’appréciation d’un public auquel il rend hommage à travers « Dieureudieuf ».

« Dieureudieuf » est dans les bacs ce lundi (Ndlr : hier). Quelle est l’orientation thématique et musicale de cet album ?

Cet album est très différent de ce que j’ai fait jusque-là. Musicalement, je pense que c’est l’album de la maturité. Un album multidimensionnel assez différent de ce que j’ai eu à faire jusque-là du point de vue des textes, de la composition, des mélodies en parlant du fond musical tout simplement parce que j’ai pris beaucoup de temps pour le mûrir. Pour cette raison, c’est un album qui me donne beaucoup de fierté, car il est très en paroles, en musique et en harmonie.

Vous avez dit que l’album vous a pris beaucoup de temps. Peut-on en savoir la durée, et pouvez-vous être plus précise par rapport aux mélodies et aux thèmes développés dans cet album ?

Cela a pris beaucoup de temps parce que c’est un album que j’ai écrit entre plusieurs avions et dans plusieurs pays (Burkina Faso, Niger, Mali, France, Angleterre, États-Unis...). À chaque fois que j’étais en tournée, j’avais toujours mon dictaphone, mon cahier, mon crayon et ma gomme pour écrire les chansons. Et il fallait bien que je trouve le temps de le faire ! Tout cela m’a pris un an ou plus. Quand on regarde l’album, il y a aussi des chansons que j’ai écrites depuis deux ou trois ans et que je n’avais pas pu chanter dans mes albums précédents.

Est-ce la première fois que vous travaillez de cette façon ?

Non ! J’ai la chance d’écrire moi-même mes chansons et de les composer. Donc, ce n’est pas la première fois. Seulement, c’est très prenant d’écrire des chansons et surtout quand on cherche la perfection et qu’on veut écrire des textes très forts qui interpellent les populations.

Vous avez parlé d’album de la maturité. Maturité dans quel sens ?

Mais, dans un sens musical, dans le sens de la composition des textes si on sait qu’il y a des textes forts, philosophiques, parfois très profonds, avec des mélodies simples et très harmonieuses, mais très techniques aussi dans la façon de chanter. Ce qui n’est pas toujours évident, et je pense que c’est cela le but recherché. C’est pourquoi, quand j’ai écouté la cassette, je me suis dit que j’ai fait beaucoup de pas en avant, ce qui explique cette maturité.

Doudou Ndiaye Rose a participé à cet album. Cela démontre que vous passez allègrement du traditionnel au moderne. Quel est votre secret ?

Oui, Doudou Ndiaye Rose est un tambour-major mythique ! Il est un père et un ami pour qui j’ai beaucoup de respect et autant d’estime pour son travail. Et j’ai eu l’immense plaisir de l’inviter à chanter avec moi, de battre les tam-tams sur une de mes chansons de cet album intitulé “ Cool ”. « Cool », pour dire relaxe. Car il faut se calmer quel que soit ce qui se passe, rester serein, relaxe malgré les problèmes de la vie, les soucis quotidiens, les difficultés, etc. Rester “ Cool ” nous permet de pendre la meilleure décision, le bon chemin une fois l’esprit bien reposé. C’est une chanson assez philosophique avec des harmonies fluides, et j’avais envie de jouer avec les percussions de Doudou Ndiaye Rose pour créer une sorte d’hymne à la paix, à la sérénité en quelque sorte.

Doudou Ndiaye Rose vous a rendu hommage pour votre originalité en disant que vous êtes une artiste qui ne copie sur personne. Quelle est votre réaction ?

Écoutez, je me sens très flattée d’avoir joué avec Doudou Ndiaye Rose dans mon disque ! C’est un grand honneur qu’il m’a fait et les mots prononcés envers moi me vont directement au cœur. Je le remercie pour son témoignage.

En dehors de Doudou Ndiaye Rose, d’autres artistes ont-ils participé à cet album ?

Sur cet album, j’ai beaucoup d’invités en plus des musiciens de mon orchestre qui m’accompagnent à chaque fois sur scène. Mais, comme on dit, en matière de musique, il est toujours important d’élargir le champ, de faire venir de nouvelles forces et d’avoir de nouvelles idées et les partager, car la musique est universelle. C’est pour cette raison que j’ai fait appel, sur deux titres, « Cool » et « Magal bess », à Fallou Galass Niang, batteur. Au-delà de ces titres que j’ai entièrement écrits et composés, il y a des chansons sur lesquelles j’ai travaillé avec Abou Guèye. Le reste, je l’ai fait avec les musiciens de mon orchestre.

Il y a quelque temps, on vous a vue sur scène avec une guitare. Quelle suite avez-vous réservé à l’option acoustique ?

J’aime bien l’option acoustique, parce que je pense que, de nos jours, c’est une musique qui prend de l’ampleur et qui peut bien marcher sur le plan international, d’autant que maintenant, on utilise sur scène moins de musiciens, ce qui est peut-être moins coûteux pour les organisateurs de spectacles. L’objectif recherché, c’est que le style acoustique en tant que genre musical ouvert et assez relaxe, peut remplacer les musiques douces que nous commençons à perdre. Et le retour de la musique acoustique ne peut être qu’une bonne chose, et moi je compte continuer cette musique.

Votre style embrasse facilement plusieurs autres styles, particulièrement en Afrique. Cela vous a-t-il apporté un plus ?

Beaucoup d’expérience, beaucoup d’ouverture ! Je pense que c’est toujours important de chercher à savoir ce qui se passe ailleurs, d’écouter les autres chanteurs et les autres musiques, de partager ou de faire un mélange de genres. C’est très important.

Comment arrivez-vous à vous surpasser sur scène ?

(Rires) Écoutez ! Je fais beaucoup de sport et c’est un avantage. En plus, je suis passionnée de ce que je fais. Et je pense que tout ce qui me donne la force, c’est la passion de ce que je fais. Je suis une grande passionnée et je pense que quand on est passionné et qu’on a des ambitions et une envie de bien faire, on peut arriver à tout. Mais, surtout l’amour de mon public. J’aime beaucoup ce public et, à chaque fois que je suis sur scène, j’ai envie de lui donner le meilleur de moi-même et le maximum de mon savoir-faire.

Vous disiez que vous avez beaucoup voyagé pour bien préparer cet album. Qu’est-ce qui est vraiment nouveau dans « Dieureudieuf » ?

J’ai ramené de très belles chansons, car de ces pays-là, j’ai appris beaucoup de choses. J’ai appris qu’il fallait partager. J’ai aussi appris que le monde est parfois injuste. Ce qui m’a amenée à me poser la question de savoir : le monde devient-il fou ? D’ailleurs, c’est l’un des titres intitulé “ Dof ”. Donc, je suis en train de me poser la question de savoir est-ce que c’est le monde qui est fou ou c’est moi qui suis folle, parce que tout simplement j’ai vu des injustices par-ci et par-là. Quand j’étais au Burkina Faso, j’ai visité un centre qui accueille de vieilles mamans accusées à tort ou à raison de sorcellerie. Ces vieilles femmes se retrouvent ainsi seules, la tête toujours baissée. C’est une injustice ! Et je me suis demandée dans quel monde nous sommes ! Surtout en Afrique où la famille est sacrée et que l’union représente beaucoup.

J’ai ramené aussi beaucoup d’autres chansons de ces voyages, à travers ce que je vois tous les jours dans nos sociétés, sur la vision que les gens ont des femmes et le rôle que ces dernières doivent jouer et que je trouve encore insuffisant. Car la femme peut aller au-delà de ce rôle qu’on lui a donné et qui m’a poussé, après observation, à écrire la chanson “ Femme-objet ”. Nous ne sommes pas des femmes objets, et les femmes doivent le refuser ! Donc moi, j’ai envie que cette chanson soit l’hymne de toutes les femmes qui croient en elles et qui pensent qu’elles peuvent faire avancer les choses. Mais, qui, forcément, ne cherchent pas à concurrencer les hommes ni à vouloir jouer à l’héroïne ou la féministe. Elles croient tout simplement en elles, sont de bonnes mères de familles, des femmes courageuses, et surtout de bonnes épouses qui prétendent ou peuvent être de bons chefs d’entreprises capables de prendre des décisions pour la bonne marche de leur pays.

Cette chanson est la leur, de même que d’autres chansons comme “ Cool », « Mbeuguela niouy dioylo » (l’amour nous fait pleurer). Vous voyez donc, mes différents voyages m’ont permis d’avoir des inspirations sur tous ces différents thèmes. Quand on aime, c’est tellement beau, mais c’est aussi très douloureux. Malgré tout, on ne peut s’en passer et j’ai développé ce thème dans cet album.

“ Dieureudieuf ”, titre éponyme de cet album, rend hommage au Bon Dieu, à ma famille et à tous mes fans. Raison pour laquelle j’ai personnalisé cette chanson en citant des prénoms, pas forcément de personnes que je connais, mais aussi des membres de ma famille, des amis, des gens qui croient en moi et qui m’aiment. C’est à mon tour de leur dire « merci » d’avoir cru en moi pendant toutes ces années, malgré les difficultés. Je dédie “ Dieureudieuf ” à tout ce beau monde.

Les différents voyages m’ont permis d’avoir toutes ces idées, à chaque fois que j’ai terminé un concert. Il y a aussi une autre chanson qui s’appelle « Khèle », comme pour dire que « mon esprit, mon conseiller ». Ce qui me permet de bien réfléchir pour prendre les meilleures décisions.

Vous prônez la générosité en tant qu’ambassadeur de bonne volonté du Pnud. Quel regard jetez-vous sur l’enfance, la pauvreté, les conflits ?

Je trouve aujourd’hui que c’est triste tout ce qui se passe partout. C’est ce qui m’a amenée à me poser des questions sur une de mes chansons “ Dof ”. Avec tout ce qui se passe tous les jours en Irak, par exemple, je me suis posé la question : est-ce que cette guerre en valait la peine ? Même si Sadam Hussein est responsable de toutes les choses dont on l’accuse à tort ou à raison, cela en valait-il la peine de maltraiter les gens ? Je pense que l’Irak était meilleur avant qu’aujourd’hui. Je le pense bien, parce qu’il n’y a jamais eu tant de meurtres maintenant qu’avant. Quand je vois ce qui se passe entre la Palestine et Israël, ce qui s’est passé récemment au Liban et les autres conflits que se passent actuellement dans le monde, j’ai le même sentiment.

Ce qui se passe dans certaines villes d’Afrique m’attriste beaucoup également. Les gens sont très pauvres, ils dorment dans les rues où il y a beaucoup de mendiants. Je souhaite que Dieu puisse nous aider pour que les choses changent et que nos États puissent faire bouger les choses pour une Afrique meilleure.

Pourquoi on ne vous a jamais entendue vous engager dans le combat contre certaines maladies qui font des ravages dans le monde ?

Au contraire ! Je pense que plus engagé que moi, il n’y a en pas ! C’est parce que je suis engagée pour ces causes que le Pnud m’a nommée ambassadeur pour la lutte contre la pauvreté. Car, ils ont vu mon engagement avant que je joue le rôle d’ambassadeur. Ils se sont dit : c’est l’artiste, la personne qu’il nous faut. J’en suis flattée.

Mon engagement m’a poussé à créer l’association « Lumière pour l’Enfance » au sein de laquelle nous travaillons beaucoup pour l’amélioration de la condition des enfants (éducation, santé, lutte contre les mariages forcés et précoces, mutilations génitales féminines...) Cela nous a amenés à travailler avec l’Unicef et les autres organismes des Nations Unies. Je pense que je suis très engagée dans ces causes. Mais, ce n’est jamais suffisant !

Concrètement, qu’est-ce que vous faites pour la lutte contre certaines maladies ?

Je profite de l’occasion pour remercier votre organe de presse. « Le Soleil » me soutient toujours et m’a soutenue récemment dans notre concept “ Sabar, développement, ville et loisir ”. Un concept qui nous a emmenés au-delà des frontières pour parler du Sida, de la drogue et d’autres fléaux touchant surtout les jeunes. Cela, avec le soutien de partenaires. C’est pour vous dire combien je suis engagée dans ces causes ! J’étais jusqu’à chanter les enfants avec la chanson (khalé you ndawyi). Et je vais continuer dans ce sens pour aider les enfants à jouir de tous leurs droits.



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