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’’ Dakar… rue publique’’ ou le regard révolté de Ben Diogaye Bèye sur une ville ruralisée

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’’ Dakar… rue publique’’ ou le regard révolté de Ben Diogaye Bèye sur une ville ruralisée

Dakar, 14 août (APS) – ‘’Dakar…rue publique’’, docu-fiction d’une cinquantaine de minutes, projeté jeudi à l’Institut français (ex-CCF), est le cri de cœur d’un nostalgique révolté par les changements intervenus à Dakar, devenue, au fil des ans, une ville ‘’rurale’’, où ‘‘tout le monde fait ce qu’il veut, où il veut, comme il veut’’.

Le cinéaste Ben Diogaye Bèye pose le débat dans ce documentaire, allant au-delà des souvenirs d’une époque où ‘’il faisait bon vivre’’, pour se plaindre et s’indigner du fait que le laisser-aller a fait de la capitale sénégalaise une ‘’rue publique’’.

L’exode rural et la pauvreté accentués par les politiques d’ajustement structurel ayant transformé radicalement, à partir de la fin des années 1970, le visage de Dakar, la question de l’espace est devenue un enjeu à la fois social, économique et politique.

Dès lors, les bouchons interminables dans la circulation, le casse-tête du transport, le contournement des règles, l’occupation anarchique de la rue rythment le quotidien des Dakarois.

Pendant ce temps, les nombreux immeubles construits, souvent au mépris du Code l’uranisme, observent, impuissants, le spectacle qu’offre cette cité, jadis propre et ordonnée, mais prise au piège de la course à la ‘’modernité’’.

Ben Diogaye Bèye interroge des architectes, des officiels, des économistes. Chacun y va de son commentaire, de son regard, de sa vision des choses. Ils ont tous en commun la dénonciation du laisser-aller qui a entraîné une vraie ‘’cantinisation’’ de la capitale.

L’architecte Pierre Goudiaby Atepa déplore la ‘’ruralisation’’ de Dakar et tente d’expliquer ‘’comment les jeunes, qui ne savent pas ce qu’est une ville, ont +tué+ la ville. Ils ne se rendent pas service parce qu’ayant +tué+ la ville, ils empêchent les gens d’y venir’’ parce que ne trouvant plus ce qu’ils sont censés y trouver.

L’employé de bureau, le porteur de bagages, le marchand ambulant, la mendiante et ses enfants et les nombreux passants – autant de figurants dans le film – sont des acteurs de ce documentaire.

Leurs propos, complaintes, faits et gestes, ajoutés aux railleries pleines d’humour du narrateur, suggèrent plus qu’ils ne disent clairement. Toute la part de fiction de ce film se trouve là. Intéressant, parce que c’est surtout là que le film interpelle et pousse à prendre conscience.

Le mérite du réalisateur est d’avoir pu se détacher de la pesanteur sociale dont lui-même est un sujet, pour offrir un regard lucide et critique sur le Dakar d’aujourd’hui. Il appelle à une prise de conscience du détournement d’objectif dont la rue, chose publique, a fait l’objet, au nom d’une conception réductrice de la liberté et de la démocratie.

En réalité on ne voit plus de ville : pas de chaussées, pas de trottoirs, pas d’espaces pour laisser ‘’respirer’’ Dakar qui se retrouve ainsi sans âme. Tout se fait dans la rue : dormir, manger, prendre le thé, faire du commerce, prier, mendier, organiser des cérémonies religieuses et autres événements à caractère social. On est tellement habitué au spectacle que ça n’indigne presque plus personne.

Vendeurs de tableaux créent des musées à ciel ouvert, des revendeurs de médicaments de toutes sortes font que les démunis n’ont plus besoin d’aller à l’hôpital ou à la pharmacie pour trouver…le remède aux maux physiques, psychiques et…sociaux de leurs concitoyens.

Une ville dans laquelle le contournement des lois et règlements se ‘’négocie’’ entre occupants anarchiques et les agents de sécurité qui sont chargés de faire respecter les règles. Le problème c’est que tout le monde, les pouvoirs publics en tête, sait ce qu’il faut faire pour sortir de ce traquenard.

Après la révolte, Ben Diogaye Bèye exprime, à la fin du film sa nostalgie et rappelle cette ‘’vieille vision’’ de Dakar, ‘’une ville radieuse, toute vêtue de maisons basses couvertes de tuiles’’. Toutefois le jeune cinéphile qui voit le film peut rester sur sa faim parce qu’il n’aura pas beaucoup vu les images de ce Dakar que le réalisateur regrette.



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