Avec plusieurs leaders à sa tête, la Cpa rappelle l'hydre de Lerne, ce serpent multicéphale. Au surplus, tenter d'écarter de la course à la présidentielle, ainsi qu'on lui en prête l'intention avec l'exhumation des dossiers des accords de pêche et des passeports diplomatiques, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, pourrait avoir l'effet d'un retour de manivelle pour Me Wade.
L'idée de faire la lumière sur les dossiers, pour le moins nébuleux, dits des accords de pêche et des passeports diplomatiques est louable. Mais, il est tout aussi légitime de se demander, pourquoi maintenant ? A huit mois des élections couplées (présidentielle et législatives) et, comme par hasard, les principaux mis en cause, hormis l'ancien Premier ministre, Habib Thiam, vont briguer les suffrages des Sénégalais. Seul ou dans la large coalition de la Cpa. Il s'agit de Moustapha Niasse et d'Ousmane Tanor Dieng. Le Premier était ministre des Affaires étrangères et il est mis à l'index dans l'affaire des passeports diplomatiques, le second était ministre d'Etat chargé des Services et affaires présidentielles et il est pointé du doigt dans le dossier des licences de pêche. Les deux ont ceci de commun : ils étaient des caciques du régime socialiste à l'époque des faits incriminés.
Me Wade voudrait-il éliminer des adversaires politiques en sortant ces deux affaires des poubelles de la République ? D'aucuns, débonnaires, tel César, n'ont pas hésité à franchir le Rubicon. Mais le chef de l'Etat, si telle était son intention, pourra-t-il décapiter l'opposition ? L'exercice n'est pas sans risque pour Me Wade. En effet, écarter de la course à la présidentielle deux de ses principaux adversaires pourrait avoir l'effet d'un retour de manivelle pour Me Wade. L'opinion sénégalaise, et même internationale, pourrait avoir du mal à avaler la couleuvre et le chef de l'Etat serait vu comme un mauvais joueur qui, de peur de perdre les élections, chercherait à éliminer ses protagonistes. Et Moustapha Niasse tout comme Ousmane Tanor Dieng pourrait sortir de cette épreuve avec un capital sympathie considérable. Lequel pourrait être reporté sur les autres leaders de la Cpa, s'ils venaient à perdre leur éligibilité.
C'est, d'ailleurs, pourquoi l'unité de la Cpa, dont l'Afp et le Ps sont membres fondateurs, est plus que salutaire. Parce qu'en cas de disqualification de Moustapha Niasse et d'Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Madior Diouf et les autres seraient les portes étandard de cette coalition.
Tel l'hydre de Lerne, la Cpa se présente comme un serpent à plusieurs têtes. Elle n'a pas un seul leader, mais plusieurs. C'est le côté positif de cette collégialité qui, mal gérée, déboucherait inéluctablement sur une querelle de leadership. Mais, il faudra un jour ou l'autre régler la question de chef de l'opposition. Huit mois encore pour y réfléchir... Pour le moment, le flou qui entoure cette question est bénéfique à la Cpa. Me Wade ne sait pas sur qui taper pour anéantir cette coalition. Et la solution consistant à éliminer Niasse et Tanor ne semble pas être la bonne.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion