Les jeunes libéraux que Me Wade a rencontré le week-end dernier à Paris avaient vu juste. Ils ont raison quand ils disaient au président de la République, qu’il y a des Sénégalais qui préparent une manifestation pour l’accueillir à Montpellier. Hier, les Sénégalais de Montpellier sont descendus dans la rue pour accueillir leur président. Mais pas de la manière dont l’aurait souhaité le Pape du Sopi, venu recevoir son titre de Docteur Honoris causa de l’Université Montpellier 1 (Um1) en France. D’après des sources basées sur place, dès sa descente d’avion, des personnes l’attendaient à l’aéroport pour lui exprimer leur mécontentement. Il y en a eu à l’aéroport, mais surtout à l’entrée de l’Université Montpellier 1, où Me Abdoulaye Wade devait recevoir sa distinction. Là, il y a eu des hués ; des brassards rouges et des affiches ont aussi été brandies. Mais Wade est arrivé avec des personnes chargées de sa sécurité qui ont eu de violents affrontements avec ces manifestants. Certains des manifestants ont été tabassés. Des affiches ont été violemment arrachées et un tam-tam «djembé» gâté.
Joint au téléphone, M. Mohamed Ly, se réclamant porte-parole du collectif «nous disons non», nous a confirmé l’information. Non sans expliquer leur motivation. «Nous avons tenu à faire comprendre aux autorités de l’Um1 qu’elles n’ont pas le droit de donner des distinctions à des dirigeants africains qui ne le méritent pas. Depuis qu’il est au pouvoir, Abdoulaye Wade ne s’est jamais soucié des conditions de vie des Sénégalais. Il a fait régresser notre démocratie» a déclaré M. Ly. Il a ensuite déploré la réaction de ceux qu’il appelle les nervis de Me Wade, qui n’ont pas hésité à utiliser la force contre des femmes. Il précise, cependant, que ce sont des étudiants, des travailleurs et leurs amis sénégalais qui ont organisé cette manifestation. Et ils ont tenu à dénoncer le paradoxe qu’il y a entre la sanction que Me Wade a subi le 22 mars dernier au Sénégal, lors des élections locales, et la distinction qu’il a reçue hier à Montpellier. Pour M. Ly, le meilleur jury reste le peuple sénégalais et ce n’est pas à la Faculté de Droit de Montpellier 1, de juger le travail du Président sénégalais. Et c’est pour empêcher que de pareilles situations se reproduisent qu’ils ont tenu à le manifester. Et ils pensent avoir réussi leur entreprise, car la Police de Montpellier a été obligé de s’interposer pour éviter le pire entre les manifestants et les «nervis de Wade». Mais ils sont parvenus à se faire entendre.
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