Affaire de corruption de magistrats : Le barreau prêt à réactiver d'autres cas

Selon les avocats qui réagissaient, hier, à l'affaire de corruption des magistrats, cette dernière n'est pas la première. Loin de là ! Et ils se disent prêts à réactiver d'autres dossiers de corruption qui ont eu à maculer le visage de Dame Justice.

L'affaire de la corruption de magistrats qui défraie la chronique dans le milieu judiciaire n'est pas unique, ni la première. Si l'on en croit, en effet, Me Moussa Félix Sow, bâtonnier de l'ordre des avocats, ‘il y en a eu d'autres par le passé’, même si l'avocat regrette que ceux-ci n'ont pas connu les suites escomptées. Suite à la rencontre tenue hier par l'ordre des avocats pour réagir sur ce qu'il est convenu d'appeler le scandale judiciaire, Me Sow se désole qu'on veuille ‘présenter ce fait comme une affaire unique comme si cela ne s'est jamais posé. Même dans le Cd (l'enregistrement balancé depuis quelque temps par certains journaux, Ndlr), la magistrate a confié qu'ils ont l'habitude de voir de tels faits’. Face à la gravité de la situation, le bâtonnier dit avoir sonné l'alerte par le passé en dénonçant le fait que la corruption commençait à gangrener le service public de la justice. Et cela, dit-il, avait à l'époque créé un tollé et au lieu de creuser cette affaire, le ministère de la Justice avait exigé des preuves. Et Me Félix Sow, sans citer les concernés, de donner le cas de cette corruption avérée ayant eu lieu dans le bureau d'un juge d'instruction où le magistrat a été payé pour accorder la liberté provisoire à une personne.

La gravité de la présente affaire de corruption survenue dans la justice, exige, aux yeux de l'ordre des avocats, que toute la lumière soit faite. Aussi, le barreau demande-t-il aux autorités de mener l'enquête avec la plus grande diligence et la plus grande impartialité pour, disent-ils, ‘que l'on sente une réelle volonté de combattre ce fléau’. Mieux, les ‘robes noires’ suggèrent la tenue des états généraux de la justice pour mettre la lumière sur tous les dossiers qui éclaboussent la justice, en vue d'assainir le secteur. Eux, en tout cas, sont dans cette optique et promettent de tout mettre en œuvre pour mettre à nu toutes les impuretés de leur maison afin de la rendre propre. D'ailleurs, confie Me Félix Sow, une commission a été mise sur pied depuis 2OO5 au sein du barreau pour veiller au grain. Et en fonction des éléments probants que cette commission aura à trouver, l'ordre des avocats se dit prêt à réactiver des cas de corruptions avérées. Car, soutient Me Félix Sow, ‘ces affaires de corruption font beaucoup plus mal aux avocats’. Elles révèlent, selon le bâtonnier, que les avocats sont les dindons de la farce. ‘Souvent des clients nous confient qu'ils ont été obligés de nous constituer mais qu'ils avaient déjà réglé leur problème avec le juge’, explique Me Sow. A en croire d'ailleurs ce dernier, cela risque de conduire à l'appauvrissement du corps parce qu'actuellement, soutient-il, ‘beaucoup de jeunes avocats éprouvent d'énormes difficultés à exercer leur métier’. Et l'avocat de poursuivre, ‘on parle de quinze millions remis à un magistrat, est-ce-que dans cette affaire l'avocat cité a même reçu ses honoraires ?’.

Revenant justement sur l'affaire dite de la corruption de magistrats notamment sur l'implication d'un des leurs, le bâtonnier a fait savoir qu'en l'état actuel de la procédure aucune sanction ne peut être envisagée à l'encontre de leur collègue. Refusant catégoriquement de citer la personne concernée, Me Félix Sow rassure cependant en disant qu'une ‘information a été ouverte pour voir son degré d'implication’. En tout état de cause, si toutefois, une procédure pénale est engagée, l'ordre des avocats se réserve le droit de se ‘constituer partie civile pour défendre ses intérêts’, selon le bâtonnier.