*Le président Wade : « Je ne m'exprimerais plus sur cette question tant que la justice n'aura pas tranché ! »
*Y a-t-il quelque part des hommes qui tentent d'influer sur les décisions à prendre en se prévalant de leur proximité avec le pouvoir ?
* Certains des protagonistes se réfugient derrière le bouclier de leurs engagements et la nécessité de préserver les employés
Nos sources sont formelles. Lorsqu'il a été interpellé il y a quelques jours par des proches sur le dossier des chantiers
de Thiès qui vient, après une instruction de plusieurs mois d'atterrir sur le bureau du Procureur de la République , le président Wade serait entré dans tous ses états. « Qu'on ne me demande pas mon avis sur des affaires qui sont en cours de traitement par la justice, je n'ai pas d'avis, que la justice fasse son travail ! J'ai déjà pris des engagements fermes devant la nation, j'ai dit que c'est l'affaire de la justice, que celle-ci prenne ses responsabilités. S'il y a des coupables qu'ils soient punis et que l'argent empoché indûment soit restitué aux Sénégalais. Je ne m'exprimerais plus sur cette question tant que la justice n'aura pas tranché » . C'est clair, c'est net, c'est précis. Le président veut la vérité, la justice est en train de la rechercher avec toute la lenteur qui la caractérise, certes, mais avec une redoutable efficacité, et le peuple sénégalais attend avec impatience que justice soit faite. Il existe d'ailleurs dans cette affaire une question gênante : Pourquoi doit-on attendre le feu vert du président de la République pour appliquer la justice ? Y a-t-il quelque part des hommes qui tentent d'influer sur les décisions à prendre en se prévalant de leur proximité avec le pouvoir ? Quoi qu'il en soit les dès sont jetés. Le chef de l'Etat, s'il avait un avis à donner, vient de le faire en mettant le pouvoir judiciaire face à ses responsabilités. Désormais, il n'est plus question de parler de politisation de l'affaire des chantiers de Thiès. Le dossier qui se trouve sur le bureau du procureur ne concerne plus que des justiciables dont certains sont accusés d'avoir lourdement fauté. Ils sont tous passibles, s'ils sont reconnus coupables, de condamnations de droit commun. Au même titre que les voleurs de poule et les escrocs au visa, ils seront jugés par un tribunal de droit commun nonobstant leur statut social. Il en a été ainsi de hauts fonctionnaires, par exemple ces inspecteurs du trésor accusés d'avoir détourné quelques millions de francs et qui sont restés sept ans en prison pour payer une faute moins lourde que celles qui ont été relevées sur les chantiers de Thiès. Il n' y a pas de raison donc que d'autres Sénégalais, impliqués à hauteur de plusieurs milliards puissent bénéficier de la mansuétude des juges parce qu'ils ont encore des contrats de l'Etat à honorer. Cet artifice qui veut que certains des protagonistes se réfugient derrière le bouclier de leurs engagements et la nécessité de préserver les employés de leurs entreprises ne pourrait prospérer, de même que les propositions de remboursement qui auraient pour conséquence l'arrêt des poursuites passeraient forcément aux yeux des Sénégalais et de l'opinion internationale comme un simple « deal » et non pas comme un élément de bonne justice et de bonne gouvernance. Avec la mondialisation de l'économie, les bailleurs de fonds restent très regardants sur les questions d'attribution de marchés publics, la corruption, les pots de vin. Or c'est bien ce qui s'est passé dans l'affaire des chantiers de Thiès comme le précise le rapport de l'Ige qui parle de « concussion », « prévarication », « surfacturations », « sous-traitance » etc. Et d'après des sources proches de l'instruction, tous ces éléments ont été confirmés par l'enquête judiciaire. Reste que les mis en cause ne baissent pas encore les bras car ils continuent à faire du dilatoire, s'ils ne profèrent pas tout simplement des menaces, du genre : « Je ne tomberais pas seul ». Qui vivra verra.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion