Dans le dossier à charge, le parquet général a omis de communiquer les procès-verbaux de l'interrogatoire à la Dic de Mes Nafissatou Diop et Pape Sambaré Diop. Une erreur qui n'a pas échappé à la vigilance des avocats de la notaire d'Idrissa Seck qui ont saisi l'occasion pour demander le report de son audition par la commission de discipline. Me Nafissatou Diop garde sa charge de notaire pour... une semaine encore. La commission de discipline n'a pas pu statuer sur son cas, hier, alors que l'on craignait le pire pour la notaire d'Idrissa Seck. Grâce à la vigilance de ses avocats sous la férule du bâtonnier Moussa Félix Sow, son ‘procès’ a été reporté jusqu'au jeudi 22 mars. C'est que le parquet général a commis l'incurie de ne pas joindre au dossier à charge les procès-verbaux de l'interrogatoire à la Brigade des affaires générales (Bag) de la Division des investigations criminelles (Dic) des notaires Mes Nafissatou Diop et Pape Sambaré Diop. La charge de ce dernier aurait authentifié, selon le président Wade, l'attestation dans laquelle Idrissa Seck se serait engagé à rembourser un acompte de 7 milliards sur les fonds politiques. Les avocats se sont engouffrés dans la brèche et ont demandé le renvoi de l'audition de leur cliente pour absence de communication de ces pièces de la procédure pourtant bien visées dans le dossier.
Mais, les procès-verbaux ne devraient pas tarder à atterrir sur la table des conseils de Me Nafissatou Diop. Parce que, souligne une source judiciaire, le parquet général a pris des mesures pour faire parvenir à la défense les documents en question.
L'absence de communication à la défense des procès-verbaux de la Dic a été décelée, vendredi dernier, dès réception par Me Nafissatou Diop et ses avocats du dossier à charge. Mais, par stratégie, ces derniers n'ont pas voulu tout de suite réclamer les pièces manquantes. Les conseils de Me Nafissatou Diop voulaient, à la vérité, profiter de cette faille pour demander le report afin de mieux asseoir leur stratégie. En effet, si les conseils de la notaire d'Idrissa Seck ont tenu à demander le report, c'est pour au moins deux choses, révèle notre source. D'abord, les avocats qui se sont constitués spontanément n'ont pas eu le temps nécessaire de s'imprégner du dossier. A preuve, souligne notre interlocuteur, une réunion de mise à niveau a été organisée de manière impromptue, hier, une heure avant le passage de la notaire devant les membres de la commission de discipline. Désormais, ils disposent d'une semaine pour étudier, dans le fond, le dossier de leur cliente et asseoir de manière collégiale un bon plan de défense.
Ensuite, les procès-verbaux de l'interrogatoire de la notaire d'Idrissa Seck et de Me Pape Sambaré Diop à la Dic sont des pièces importantes pour la défense. En ce sens que les déclarations de Me Nafissatou Diop devant les limiers n'ont pas été démenties par celles du notaire Me Pape Sambaré Diop face aux mêmes enquêteurs. La notaire d'Idrissa Seck avait soutenu, mordicus, que le document brandi par Me Wade était un faux et qu'elle ne l'avait jamais paraphé. Pour sa part, Me Pape Sambaré Diop avait déclaré qu'il n'avait jamais authentifié un tel document et que son acte, dans cette affaire, s'était limité à ranger au rang de ses minutes la délégation de pouvoir d'Idrissa Seck en faveur de sa notaire Me Nafissatou Diop.
Ces arguments suffiront-ils pour tirer Me Nafissatou Diop du bourbier ? Le parquet général a demandé sa radiation du corps des notaires pour ‘manque de délicatesse’ à l'endroit du chef de l'Etat et pour ‘rupture du devoir de réserve’. Le ministère de la Justice ne semble pas s'embarrasser du fait que la notaire ait dit la vérité ou pas. Que le chef de l'Etat ait pu être abusé ou pas. Il faut faire taire Me Nafissatou Diop à tout prix pour faire sortir Idrissa Seck de son mutisme sur ce dossier.
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