Le Sénégal vit un contexte de « crise » qu’Alioune Tine, Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), qui était en conférence de presse hier, stigmatise par les « relations entre Me Wade et Idrissa Seck, dont la dégradation depuis quelques années ne cesse d’empoisonner la vie politique sénégalaise ». « Le contentieux du couple infernal Wade/Idy fait l’actualité avec les fonds politiques, fonds diplomatiques et autres cadeaux présidentiels. On a ouvert les égouts de la République et ça pue », se désole Alioune Tine. Et s’agissant de ces différents fonds, le Secrétaire général de la Raddho se veut catégorique : « Force est de constater que nous sommes dans une zone de non-droit (...). De Senghor à nos jours, ces fonds sont la chose du président de la République, qui en dispose comme bon lui semble. La marque de l’alternance étant l’immodération : immodération dans l’usage des fonds politiques et immodération dans l’usage privé ».
Comparer les chantiers de Thiès à ceux de l’Anoci, de Fatick et de l’Apix Quant aux travaux d’embellissement de la capitale du Rail, l’autre contentieux qui oppose le « couple infernal Wade/Idy », Alioune Tine estime que « tout a été dit et redit sur les Chantiers de Thiès (...) mais personne ne peut dire s’il s’agit d’un gros canular ou d’un véritable détournement de fonds ». Selon le droit-de-l’hommiste, il serait bon, sur cette question, de procéder à une « comparaison des barèmes entre les chantiers de Thiès, ceux de l’Anoci, de Fatick et de l’Apix ». En tout cas, M. Tine est convaincu que « dans cette relation de couple infernal (ndlr : Me Wade/I.Seck), il faut catégoriquement éviter l’emballement par la diabolisation excessive de Idrissa Seck et sa transformation en bouc émissaire. Il faut que Wade et Idrissa Seck rétablissent le dialogue ». Selon M. Tine, il faut aussi que l’on vide les questions du passeport diplomatique de l’ex-Premier ministre, de la légalisation de Rewmi et du véhicule saisi, tout en trouvant une « solution juste et équitable à l’affaire Ito ». C’est finalement parce que le « Sénégal donne aujourd’hui l’impression d’un Etat fonctionnant beaucoup plus sur le mode arbitraire » qu’il urge de « restaurer la dignité, l’indépendance et l’impartialité de la Justice, seule garante de l’existence d’un Etat de droit ». Et pour cela, Alioune Tine estime que le Sénégal est dans la bonne voie, avec le dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Le Secrétaire général de la Raddho y voit, au moins, deux aspects positifs : « le dégrossissement du contentieux préélectoral et la restauration de la confiance des acteurs politiques par rapport à un processus électoral redevenu crédible ». Il salue par ailleurs la mise en ligne du fichier électoral et l’acceptation de son audit permanent. Toutefois, le Sg de la Raddho insiste sur les limites du dialogue politique actuel. « La non-invitation de certains leaders politiques comme Idrissa Seck, Talla Sylla, ou le refus d’autres d’y participer ». Ce sont ces limites ajoutées aux « décisions unilatérales du pouvoir sur le processus électoral » qui font dire à M. Tine que le « Sénégal va vers des élections difficiles ». « Dans les couloirs des Nations-Unies, de l’Union africaine, de la Cedeao, mais aussi ici au Sénégal, beaucoup de diplomates et d’experts s’interrogent sur les capacités réelles à achever sans heurts, ni conflits, ni contestations, un processus électoral qui jusqu’ici a suscité beaucoup de controverse et de tension ». Le Parlement a eu également droit aux mots de la Raddho, qui a lancé un « appel au sursaut aux parlementaires à placer l’intérêt supérieur de la nation au dessus des intérêts partisans ».
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