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Politique

AMATH DANSOKHO : « Wade était l'allié du Mfdc, il leur a promis l'indépendance»

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AMATH DANSOKHO : « Wade était l'allié du Mfdc, il leur a promis l'indépendance»

Le président Wade «ne veut pas la fin de la guerre en Casamance». C'est la conviction de Amath Dansokho, Secrétaire général du Parti de l'indépendance et du travail (Pit). «Si la guerre finit, nous saurons comment cette machine infernale (ndlr : le Mfdc) a été construite. Les responsabilités seront identifiées», argumente M. Dansokho. Qui souligne que Me Wade était «l'allié» du Mfdc à qui «il a promis l'indépendance». Le leader du Pit aborde également, dans l'entretien qu'il nous a accordé, hier, d'autres sujets brûlants de l'actualité comme le dialogue politique.  

Comment expliquez-vous le fait que le président Wade peine toujours à régler le conflit casamançais ?

Il faut dire les choses telles qu'elles sont. César Atoute Badiate a dit que le Mfdc veut la paix. En réalité, il ne veut pas négocier. Entre Wade et le Mfdc, c'est un véritable roman. Wade ne veut pas la fin de la guerre. Parce que, si la guerre finit, nous saurons comment cette machine infernale a été construite. Les responsabilités seront identifiées. Wade a une très grande part de responsabilité dans la détérioration de la situation en Casamance. Il était leur allié. Il leur a promis l'indépendance. Nous étions en Conseil national de sécurité du Sénégal, tous les généraux étaient là. C'est Habib Thiam qui présidait la réunion. Wade a demandé la parole pour pointer Bassène qui était nommé comme médiateur, pour lui dire : «Tu échoueras, parce que ce sont nos camarades qui sont là-bas. Tu ne réussiras jamais ta mission». C'était une machine de guerre contre Abdou Diouf. Si la paix intervient, je vous assure que les gens parleront et diront comment la machine s'est construite. Et dans ce cadre-là, on verra la responsabilité de chacun. Wade a joué un rôle néfaste dans l'évolution du Mfdc. C'est pourquoi il ne veut pas négocier.      

Que vous inspire l'inauguration du Monument de la Renaissance africaine prévue le 3 avril prochain ?

Il faut dire qu'il y a une clameur nationale contre ce Monument. Parce que, si c'est un Monument de la Renaissance africaine, il aurait fallu que cela soit décidé par les instances habilitées de l'Union africaine. Wade ne peut exhiber aucun document qui atteste que cette question a été débattue quelque part et que toute l'Afrique était d'avis pour faire une statue à Dakar. Il a procédé à des subterfuges. Un jour, des chefs d'État étaient ici, je pense que c'était lors de la Conférence de la Cedeao, il a embarqué les gens, soi-disant pour leur montrer la statue de la Renaissance. Elle n'existait que dans sa tête. Il leur a fait gravir les collines, et jusqu'à présent, il y a des chefs d'Etat qui se demandent pourquoi il les a soumis à ce supplice. Il n'y avait aucune statue et il y avait une chaleur ardente. Ce sont des amalgames que Wade fait. L'idée de Renaissance africaine a été relancée par Thabo Mbeki, Boutéflika et un autre président, en tout cas, il n'y avait pas plus de quatre personnes. Ils se sont appuyés sur un programme de développement élaboré par les spécialistes de la Commission économique africaine. Ils ont voulu porter l'affaire à Davos. Wade a été commandité pour contrecarrer ce programme. Il a lancé contre le programme de la Renaissance africaine son propre programme, le Plan Omega. C'est-à-dire, pour lui, c'était la fin. Parce que, eux, ils étaient à Alpha, lui, il était à Omega. Et ça était commandité par des secteurs du monde développé, des grandes puissances financières. C'est pour ça que Wade était parti à Davos. Mais les promoteurs de la Renaissance africaine n'ont pas voulu ouvrir un débat là-bas pour éviter que l'Afrique ne s'offre en spectacle. Ils ont demandé que les deux programmes fusionnent. Si les gens refusent de s'identifier à cette statue, c'est tout à fait normal. Parce qu'elle n'est pas une priorité. 

La marche que Bennoo compte organiser le jour même de l'inauguration du Monument de la Renaissance africaine pour exprimer sa désapprobation risque de ne pas être autorisée pour risques de troubles à l'ordre public...

Pour la marche, nous n'avons pas d'autorisation à demander. C'est dans la Constitution. Au Sénégal, les citoyens ont le droit de marcher. Je rappelle que lui (ndlr : Wade), le 4 avril 1989, il a organisé une marche qui était interdite, avec la volonté d'aller prendre d'assaut le Palais. S'il en a été autrement, c'est parce que nous étions là. Je lui ai dit : «Le pouvoir a le droit d'organiser sa manifestation. Nous aussi, nous avons le droit de manifester notre fête de l'indépendance». Nous devions partir de Malick Sy vers le siège du Pds. Et l'on sait comment ça s'est terminé. Combien de marches il a tentées ? Je me souviens de ce jour où Abdou Diouf était parti en Inde avant de passer par Tripoli, il avait dit qu'il allait organiser une manifestation pour empêcher à ce dernier d'aller au Palais par la route. Une sévère bagarre allait en résulter. C'est par miracle que nous avons été sauvés de massacre réciproque. Il avait organisé des hommes troubles qui devaient faire des choses horribles. Et Lobatt Fall avait mobilisé des troupes à l'entrée de l'autoroute pour s'opposer physiquement. Je me souviens que Boubacar Sall lui-même avait dit que ce n'était pas possible. Wade a éclaté en disant : «Vous êtes des vauriens». C'est comme ça que l'affaire s'est éteinte. Alors comment ce gars-là peut-il nous empêcher de marcher ? Il veut des troubles ? Nous n'avons jamais fait des troubles. Nous ne sommes pas des vandales. Nous n'avons pas de vandales parmi nous. Nous défilons, même les vendeuses d'arachides restent en place. Nous voulons dans notre pays une vie politique civilisée. Que des confrontations se fassent, mais avec des méthodes absolument civilisées. Si Wade viole la Constitution, nous n'allons pas obtempérer. Nos droits inscrits dans la Constitution, nous tenons à ce qu'on les respecte. 

Qu'est-ce qui selon vous plombe toujours le dialogue politique, malgré la médiation entamée par Abdoul Aziz Sy Junior ?

Dès qu'il est venu au pouvoir, Wade s'est appliqué à déstructurer le Code électoral. Le fichier électoral voyage entre le ministère de l'Intérieur et la Présidence. Il a manipulé le fichier électoral. C'est ce qui lui a permis d'être réélu en 2007. Ce que nous demandons, c'est que le fichier soit audité avec l'appui de l'Union européenne. Il s'est levé un beau jour pour dire que tous les gens qui sont sur le territoire sénégalais peuvent avoir une carte nationale d'identité, sans la nationalité. Il a mis la charrue avant les boeufs. Il en avait besoin pour truquer les élections. C'est un fichier clandestin qui est entre leurs mains. Ce fichier-là, il faut qu'il le sorte. Les gens qui n'ont pas acquis la nationalité sénégalaise par les procédures légales, on doit les exclure du vote. Il vient de désigner le président de la Céna comme modérateur. Pourquoi cette insistance sur Doudou Ndir ? Ça doit faire l'objet d'une concertation. Il ne faut pas qu'il oublie que le contentieux, c'est entre lui et nous. Le problème, c'est que tout est organisé autour de son projet d'installer par tous les moyens son fils au pouvoir. Maintenant, il a dit qu'il est d'avis pour qu'on examine toutes les questions, nous avons proposé le professeur Babacar Guèye qui est compétent et qui n'est attaché à aucun parti. Nous sommes prêts à discuter dans un esprit positif, mais très clair. 

Il paraît que l'audience que le président Wade vous a récemment accordée n'a pas plus au sein de Bennoo. Qu'est-ce qu'il en est réellement ?  

Le Pit est indépendant. Nous avons toujours travaillé comme ça. Nous ne sommes pas dans une prison. Dans le cas d'espèce, ce n'est même pas le Pit. J'ai été consulté par l'émissaire du Khalife général des Tidianes.Il m'a appelé à Tivaouane et je suis allé le voir. On a discuté et il m'a supplié pour qu'on aille voir le président pour faire bouger les choses. Nous sommes partis. Nous n'avons pas discuté d'autre chose. Tout le monde sait que ne je suis pas intéressé par un poste dans le gouvernement. C'était la dixième fois ce jour-là qu'il me demandait de rentrer dans le gouvernement. Ceux qui parlent de ça sont des ignorants ou alors ce sont des gens de mauvaise foi ou des gens qui projettent leur propre vision des choses, leurs ambitions, sur ma personne. Moi, tout ce je fais, c'est clair. Il a parlé des autres qui ont participé à l'Alternance. Mais, je lui ai dit que je ne peux pas me prononcer à la place de ces personnes. Il y a des gens, ils ont tellement fait de l'accaparement de pouvoirs, qu'ils pensent que tout le monde est comme eux. C'est ça la réalité. Je n'ai pas de comptes à rendre au Bennoo sous ce rapport. Je n'ai pas parlé de Bennoo là-bas. J'ai dit à Wade les mesures de confiance qu'il doit prendre pour la facilitation du dialogue.       

Pourquoi avez-vous traité Mbaye-Jacques Diop d'usurpateur à propos de l'histoire des porteurs de pancartes ?

Ce que j'ai dit à Mbaye-Jacques Diop, c'est très clair. Il le sait parfaitement. Moi, je bois de l'alcool, je ne m'en cache pas. Je l'ai dit à la télévision. Je n'ai peur que du bon Dieu. Et il sait tout ce que je fais. Pourquoi me cacher ? Lui (ndlr : Mbaye-Jacques Diop), il se cache. Il en buvait tellement. Depuis Kédougou, quand il était jeune. Je le vois encore sur la clairière, dans la maison du commandant de cercle, il luttait avec son vélo et il n'arrivait pas à le pousser, ni à monter dessus. Parce qu'il était complètement ivre. Demandez à ceux qui étaient là-bas, ils sont encore vivants. Il n'était pas là, il n'a porté aucune pancarte. Ce jour-là, il n'y avait que des jeunes de l'Ups, du Pra/Sénégal et nous. C'était deux mots d'ordre pour le Pra/Sénégal : «Moom sa reew» et «Jott sa reew». Qu'il nous dise pourquoi Senghor l'avait démis et chassé de l'Ups. Ça n'a rien à voir avec son absence à la Place Protêt. C'est un homme d'une moralité abjecte. Tout le monde l'a vu, en 1988, en treillis le jour des élections, à la tête de groupes d'action qui rentraient dans les bureaux de vote, qui s'emparaient des urnes pour disparaître avec. Ils étaient armés jusqu'aux dents.



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