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Politique

Aminata Tall: "Le Pds ne va pas bien, il faut qu’on le dise avec courage"

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Aminata Tall: "Le Pds ne va pas bien, il faut qu’on le dise avec courage"
Les retrouvailles entre le président Wade et son ancien homme de confiance Idrissa Seck sont dans le domaine du possible. C’est l’avis du ministre d’Etat auprès du président de la République, Aminata Tall. Dans l’entretien qu’elle nous accordée hier, la maire de Diourbel, égale à elle-même dit ses quatre vérités sur la gestion de sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (Pds), qui, selon elle, souffre de “déchirements”, ses détracteurs et se solidarise de Modou Diagne Fada. source : Le Populaire

Pouvez-vous revenir sur la réunion préparatoire de la Conférence nationale des femmes du Pds tenue hier (ndlr : avant-hier) ?

Cette Conférence est prévue par les statuts du parti. Mais elle ne s’est pas tenue depuis 1998. Nous avons estimé qu’à la veille des élections, il fallait qu’on se retrouve entre femmes pour apporter notre soutien au président de la République qui est notre candidat. C’est dans ce sens qu’en prévision de son organisation, le 09 décembre prochain, nous avons estimé qu’il fallait rencontrer les responsables pour harmoniser nos points de vue et faire en sorte que cette rencontre qui va se tenir constitue un moment d’échanges, de partage, de retrouvailles et surtout de réarmement moral des femmes en direction des élections présidentielle et législatives. Le socle devant être un socle d’unité, de solidarité, pour que tout se passe dans le calme et la stabilité et que les manifestations d’intérêts égoïstes ne priment pas sur l’essentiel qui nous anime, c’est-à-dire la réélection du Président Wade. Il est clair, bien entendu, que nous avons eu d’excellents moments de retrouvailles pour appeler les troupes à se remobiliser et à venir, dans la discipline, manifester leur solidarité entre elles, d’abord, et leur solidarité et leur soutien en direction du Secrétaire général national, le Président Abdoulaye Wade.

Est-ce que l’unité est possible entre les femmes libérales, si l’on sait qu’il y a beaucoup de divergences entre elles ?

Moi, je bannis l’impossible dans mon vocabulaire. A fortiori en politique. Et nous sommes en politique. Si nous sommes mues par le même objectif, l’unité doit être la préoccupation fondamentale et essentielle de toutes les femmes. Parce que dans la diversité des opinions des libérales, que nous respectons, car nous sommes des démocrates, jaillit une lumière. Mais diversité des options et des positions ou des vues ne signifie pas nécessairement adversité. Et c’est là où il faut situer le débat. Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a beaucoup d’adversité entre frères et sœurs, entre sœurs du même parti, entre frères du même parti. Je pense que ça n’œuvre pas à la consolidation de notre parti. Ça ne contribue pas à la visibilité de tout ce que nous réalisons aujourd’hui depuis l’alternance et ça ne construit pas un parti fort, qui doit être aujourd’hui en ordre de bataille pour gagner encore des victoires. Comme nous l’avons déjà fait dans les moments plus difficiles. Donc, cette unité, elle est parfaitement possible. Il suffit d’avoir des acteurs qui le veulent et des acteurs qui, quasi-quotidiennement, se préoccupent de cette unité et de cette solidarité. En faisant quoi ? En faisant en sorte qu’il n’y ait pas de frustrations à l’interne, que les frustrés puissent retrouver leur sérénité et leur assurance, qu’il n’y ait pas de tentatives d’isolement des uns et des autres. En faisant montre de générosité de cœur et que, dans le domaine des compétences, par exemple, chacun occupe la place qui lui sied, en tenant compte de la légitimité et de bon nombre de critères, mais sans jamais perdre de vue l’objectif principal que le Pds s’était fixé dès les périodes chaudes de l’opposition jusqu’à la gloire.

A quoi voulez-vous faire allusion, lorsque vous parlez de tentatives d’isolement ?

Ecoutez, de l’extérieur, on peut penser que je suis isolée. Je peux moi-même dire que je sens tous les jours une tentative d’isolement. Mais ce ne sont pas des tentatives d’isolement qui peuvent, moi, m’installer dans une situation d’isolée. Je me considère comme un acteur au cœur du dispositif, un acteur principal qui s’est fixé un objectif et un miroir, qui s’est engagé pour quelque chose et qui travaille, et rien ne pourra me détourner de cet objectif.

Qui sont ces gens qui sont derrière ces tentatives d’isolement ?

Vous savez, quand on est en politique, on peut considérer deux choses. L’essentiel, c’est d’être lucide à tout moment et faire preuve de discernement, de persévérance et d’intelligence. Dans un parti, quand on jouit d’une certaine légitimité, d’une certaine notoriété et d’une certaine expérience dans l’exercice du pouvoir, quand on a une certaine vision des choses, quand on a une expérience du tissu politique, du point de vue de la lecture, je pense qu’on ne peut pas manquer d’adversaires qui tentent adroitement ou maladroitement de vous déstabiliser. Il en existe, je ne saurais les citer. Il y en a tellement, des plus insoupçonnés aux plus visibles. Il y en a, c’est clair, mais je me réjouis qu’il y ait des acteurs, des frères ou des sœurs, qui tentent de me déstabiliser. Parce que ça me conforte davantage et me permet de me mesurer en tant qu’acteur politique et femme d’Etat, capable de résister à des assauts de toutes parts. Je dois pouvoir faire face à tous les cas de figure possibles et imaginables, parce qu’évoluant au sein d’un appareil politique. On n’arrive pas à des positions politiques et institutionnelles d’un certain niveau sans passer par l’escalier de la politique. Donc, il faut qu’on en maîtrise les données à chaque moment et qu’on joue bien l’équilibriste, pour ne pas rater une marche et se retrouver par terre ou sur le dos.

Depuis quand avez-vous senti qu’on est en train de vous combattre ?

La politique va avec ça, à tous les niveaux. On ne peut pas être unanimement reconnu ou unanimement aimé par les militants de son parti. Alors, il faut se féliciter qu’on considère que l’on jouit quand même d’une certaine considération et de beaucoup d’affection de la part de beaucoup de militants et militantes, mais les adversaires potentiels sont là et depuis le départ. Vous avez suivi mon cursus, je pense que rien ne vous a échappé de mon parcours politique. Donc, c’est un combat quotidien. Un exercice auquel on se soumet volontairement. Il faut faire preuve de persévérance et de courage pour affronter cette adversité. L’essentiel étant toujours d’avoir une certaine ligne.

Est-ce qu’on peut savoir où sont tapis vos détracteurs ?

Ils sont tapis partout. Ils sont dans le parti, peut-être au Palais aussi et certainement ils sont à tous les niveaux. Mais quand on parle d’adversité de parti, on les situe naturellement dans le parti. Même s’ils occupent des positions institutionnelles. C’est lié à la nature même de l’activité que nous menons.

Ne pensez-vous pas que c’est le Premier ministre Macky Sall qui parraine vos pourfendeurs, surtout après votre brouille consécutive à la gestion du Pndl ?

Ecoutez, je ne dirais pas que Macky Sall est derrière. Je sais qu’il y a des gens qui travaillent à contre-courant de Aminata Tall. Ça c’est clair, c’est établi. Peut-être certainement autour du Président qui en est l’instigateur. Il faut y réfléchir, avoir une certaine lecture. Mais enfin, l’essentiel pour moi, c’est que quel que soit le niveau d’agressivité, quelles que soient les cabales qui sont montées, quels que soient les lobbyings organisés autour du président de la République pour me déstabiliser, la seule chose, moi, que je retiens, c’est la confiance du président de la République. Je pense que c’est le fondamental qui nous donne la motivation de nous battre.

Quelles sont vos relations actuelles avec Macky Sall ?

Macky Sall est un frère de parti, il est Secrétaire général national adjoint, moi, je suis Secrétaire générale nationale des femmes du parti. Macky Sall est Premier ministre, il est chef du gouvernement. Moi, je ne suis pas du gouvernement. Je suis ministre d’Etat auprès du président de la République. Donc, je pense que vraiment les rôles sont clairement définis. Chacun joue sa partition. Le mot relation comporte beaucoup de choses. Il faut savoir distinguer le relationnel affectif du relationnel professionnel. Et c’est important. Moi, je me veux professionnel. Donc, de ce point de vue, nous n’avons pas de problèmes.

Ne pensez-vous pas que vous vivez la même chose que Modou Diagne Fada ?

Je ne sais pas si je dois me comparer à lui. Modou Diagne est un frère. Je le considère également comme un fils. Nous avons d’excellents rapports. Il a ses amis, comme il a ses adversaires. J’ai mes amis, comme j’ai mes adversaires. Est-ce que nous avons des adversaires communs ? C’est peut-être la question qu’il faut se poser. Mais, de toute façon, le résultat est le même. Ceux-là mêmes qui montent des cabales contre Modou Diagne Fada, je suppose que ce sont les mêmes qui les montent contre Aminata Tall.

Quelle lecture faites-vous de l’isolement dont Modou Diagne Fada est victime au sein du Pds ?

Les tentatives d’isolement de Modou Diagne Fada ou de Aminata Tall relèvent d’une politique et d’une pratique bien précise, quand on bénéficie d’une certaine légitimité dans le parti, et c’est important. Parce que Modou Diagne Fada, tout le monde le connaît dans le combat politique. Etant très jeune, il s’est battu auprès de Me Wade. Moi, j’étais là, quand ils faisaient leur grève de la faim, quand je les voyais couchés sur des lits, enveloppés d’un drap blanc, ça je ne pourrais jamais l’oublier, quoi qu’il advienne. Je pense que ce sont des adversaires qui, se sentant affaiblis par un certain niveau de légitimité, travaillent à l’écartement, à l’isolement, pour mieux se placer, puisqu’ils n’ont pas d’autres arguments que cela. C’est aussi simple que cela.

On vous accuse souvent d’entretenir le flou au sujet d’Idrissa Seck. Qu’en est-il exactement ?

Vous savez, moi, je suis très attachée, en tant que femme de principe, à ce que j’appelle ma relation avec ma conscience. Tant que suis claire avec ma conscience, je considère que je n’ai de comptes à rendre à personne. Je rends compte à ma seule conscience. Donc, se justifier d’être un pro-Idy ou d’être un anti-Idy, je l’ai déjà dit, je ne suis ni pro, ni anti-Idy. Nous avons eu des relations très poussées au départ dans le parti, du point de vue de la complicité, dans le cadre du travail politique. Nous sommes arrivés à un moment où la relation s’est détériorée, parce que tout simplement y a eu des intérêts manifestement qui ne se retrouvent que dans une situation conflictuelle et qui ont donc créé des conflits. Nous nous sommes par la suite retrouvés, lui, dans le gouvernement, moi, hors gouvernement. Ensuite, nous nous sommes retrouvés à nouveau, lui, hors gouvernement, moi, à l’intérieur du gouvernement. Mais, cela ne veut pas dire, malgré toute l’adversité qui avait été développée en ma direction, que je lui en ai tenu rigueur. Vous savez, moi, je ne suis pas quelqu’un de rancunier. Ce qui me motive dans une relation, surtout quand il s’agit d’un frère ou d’une sœur de parti, c’est que nous puissions nous retrouver autour d’une ligne qui se confond avec l’intérêt strict et général du parti et en conséquence, celui du Président Wade. Il faut avoir de la hauteur sur certaines choses et pouvoir ne pas tenir rigueur à quelqu’un d’avoir cherché à vous faire mal. Ce qu’on peut me faire et qui puisse m’atteindre ne peut venir que de la volonté divine. Parce que quelqu’un a beau vous vouloir du mal, cela ne vous atteindra pas tant qu’il n’y a pas la main de Dieu. Je suis une croyante. Concernant l’affaire des “Chantiers de Thiès”, moi, je me suis référée, par respect aux institutions, strictement, à la décision judiciaire. C’est un dossier en justice et je n’ai pas le droit, en tant que citoyen respectueux des institutions, de me mêler ou de donner une quelconque appréciation sur cette question. L’appréciation que j’en attends et à laquelle je me réfère, c’est celle qui est donnée par la Justice.

Est-ce à dire que des retrouvailles entre Wade et Idy sont toujours possibles ?

C’est dans le domaine du possible. Et je pense que ce serait à l’avantage de tout le monde. Surtout le Pds, qui est aujourd’hui déchiré, qui souffre de ses déchirures. Vous voyez tout ce qui se passe à l’intérieur, les frustrations internes. Nous n’avons pas besoin de cela. Je pense qu’il y a des moments qu’il faut absolument dépasser et avancer.

Nous sommes à moins de trois mois des élections. Quelle appréciation faites-vous de la gestion de votre parti, le Pds ?

J’ai une appréciation de la gestion du parti, je pense, qui est aujourd’hui partagée par beaucoup. Vous savez, j’ai marqué un certain moment de silence pour observer, pour méditer, pour m’interroger, pour lire et relire et avoir une bonne lecture de tout ce que je suis en train de vivre activement, comme tout aussi bien pendant la période de recul de ma convalescence. Et ça m’a permis de voir se développer plusieurs pôles d’intervention, aussi bien au niveau de l’appareil que nous partageons, le Pds, qu’en externe, avec l’intervention des différents acteurs politiques, notamment de l’opposition, comme de nos alliés. Et ça m’a conforté dans l’idée que le seul salut ne pouvait découler que d’une famille unie, solidaire, qui a encore en mémoire ce que nous avons cherché à bâtir hier, pendant qu’on était dans l’opposition, que nous avons réussi en partie, en ayant pu réaliser ce qu’on appelle l’alternance. Nous avons aujourd’hui tous ces chantiers qui pullulent et qui ont besoin d’être montrés à la face du monde, qui ont besoin d’être appréciés, mais qui sont totalement étouffés par des querelles intestines, par des bagarres vénielles, pour des intérêts exclusivement personnels et qui sont entretenus. Je pense qu’il est plus juste, vis-à-vis des Sénégalais et des Sénégalaises, une fois qu’on est investi de leur confiance, de s’oublier un peu, même si on n’a pas toujours la nature de s’oublier, de se sacrifier au profit des autres. Il faut que nous apprenions, chacun de nous, à taire ces ambitions ou ces prétentions personnelles pour se tourner vers l’intérêt général, l’intérêt de la République, l’intérêt des populations, l’intérêt du Sénégal, au sein d’un creuset, aujourd’hui, que nous appelons l’Afrique, avec toutes ses belles projections qui font rêver. Je pense que nous avons plus besoin de nous focaliser sur l’essentiel, au lieu que chacun cherche, par des manœuvres totalement indignes, à détruire l’autre, alors que c’est une construction collective où chacun à sa place.

Donc le Pds va mal ?

En tout cas, le Pds ne va pas bien. Ça, il faut qu’on le dise avec courage. Mais je pense que rien n’est perdu. Il suffit tout simplement qu’on n’ait une bonne reprise et que les choses se fassent de manière plus subtile pour effacer totalement les frustrations à l’interne, pour faire en sorte que les frères et sœurs se regardent en face et se considèrent comme de véritables frères et comme de véritables sœurs et non pas comme des adversaires, en respectant ce que chacun de nous est capable d’apporter.

 

 



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